Une découverte majeure dans la lutte contre le cancer

Pour la première fois, des chercheurs de l’ULB identifient les fonctions de « FAT1 », l’un des gènes les plus fréquents mutés dans le cancer.

Ils ont découvert que les mutations de FAT1 favorisaient les caractéristiques invasives, les métastases et la résistance à certains traitements anticancéreux couramment employés et ont mis au jour une nouvelle stratégie thérapie pour les cancers mutés au niveau de FAT1.

Cette mutation du gène FAT1 est présente dans 30% des cancers « tête et cou », poumons, cavité buccale et cancers invasifs de la peau. On la retrouve aussi chez des patientes qui ont des cancers du sein et résistent aux traitements médicaux.

« On ne s’attendait pas du tout à cet aspect invasif et métastatique. C’était une surprise, explique le professeur Cédric Blanpain. Nous avions découvert ce côté super-métastatique dans une autre étude de la même co-auteure, la Docteure Ievgenia Pastushenko, il y a deux ans, mais nous n’avions jamais trouvé le gène qui était responsable de cela.« 

Mais les avancées ne s’arrêtent pas là: les chercheurs ont découvert que les cancers mutés pour FAT1, qui sont résistants à certains traitements existants, sont aussi particulièrement sensibles à d’autres médicaments, parmi lesquels l’inhibiteur Src, actuellement utilisés pour traiter les patients atteints de cancer du sang. «Ces résultats auront des implications très importantes et immédiates pour la thérapie personnalisée chez les patients atteints de cancers présentant des mutations dans FAT1», souligne le directeur de l’étude, Cedric Blanpain.

Une recherche qui a été soutenue par le Télévie

Le communiqué de presse complet : ICI

Un Promoteur Télévie récompensé par Sa Majesté le Roi

Le 16 décembre prochain, Sa Majesté le Roi remettra le Prix Francqui-Collen 2020 en science biologique et médicale au Professeur Cédric Blanpain de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et au professeur Bart Loeys de l’Université Antwerpen. La cérémonie se déroulera au Palais des Académies à Bruxelles.

Le Professeur Blanpain se voit décerner cet illustre prix, parfois même appelé le « Nobel belge », pour sa recherche fondamentale dans les domaines du cancer et de la biologie des cellules souches.

Un chercheur de renommée mondiale

Considéré comme l’une des références internationales dans le domaine des cellules souches, Cédric Blanpain fait partie des chercheurs les plus primés de sa génération. Son leitmotiv ? Toujours aller plus loin !

L’année avait déjà été excellente pour le Professeur ; quatre articles scientifiques publiés dans des revues prestigieuses, l’attribution d’une troisième bourse de l’ERC (Conseil Européen de la Recherche), et maintenant l’attribution du Prix Francqui-Collen, indéniablement, la plus importante récompense scientifique en Belgique.

Il est le seul chercheur belge à avoir décroché à ce jour trois bourses de l’ERC depuis sa création en 2007.

À la tête d’une équipe d’une quarantaine de personnes, à Erasme (Faculté de Médecine de l’ULB à Anderlecht), ce médecin de formation initiale, chercheur Welbio et lauréat en 2015 d’un des Prix Quinquennaux du FNRS, a engrangé les découvertes en matière de cancer et de cellules souches.

Pour Cédric Blanpain, « La recherche contribue à mieux comprendre les cancers certes, mais également à mieux pronostiquer les récidives » et d’ajouter « Le Télévie est un complément indispensable pour la recherche en cancérologie en Fédération Wallonie-Bruxelles. Sans cet argent, toutes les avancées que nos chercheurs font chaque année ne seraient qu’illusions. C’est quelque chose qui me tient tout particulièrement à cœur. Il ne s’agit pas d’un impôt sur la population mais d’une contribution individuelle et volontaire. C’est toujours très touchant. »

Retrouvez son interview complète dans le Daily Science ICI

Revoir son portrait FNRS.tv: ICI

Pour que la science progresse, le Télévie a besoin de vous!

Pour aider à financer la recherche, faites un don <3

Quand je travaille… je ne travaille pas. Tellement j’aime ça »

« Branle-bas de combat. » C’est la sensation qui revient à Chloé quand elle fouille sa mémoire et remonte le fil de ses souvenirs jusqu’à ceux de ses six ans : « Le monde de ma mère qui s’écroule sous ses pieds. Ma vie qui, peu après Noël, s’apprête à basculer. » Une tension, des changements en cascade. Chloé part vivre chez ses grands-parents et doit s’inscrire dans une nouvelle école. C’est la deuxième rentrée des classes de sa première primaire. Bousculée, Chloé n’a pas peur pour autant. « Je ne réalisais absolument pas la gravité de la situation », confie-t-elle. « J’étais trop petite pour imaginer que ma sœur pouvait mourir. »
La famille vient en effet d’apprendre que la petite Manon souffre d’une leucémie myéloblastique aigüe, la forme la plus agressive de la maladie. La sœur de Chloé a trois ans quand elle rejoint l’hôpital pour les six mois à venir, soit « une éternité
». « Mes parents devaient se concentrer sur elle. Mais mes grands-parents ont été merveilleux
: ils m’emmenaient tous les jours à l’hôpital de Liège pour que je puisse les voir au moins une heure. Je jouais avec Manon derrière la vitre de sa chambre stérile, on discutait via le parlophone.
» Il n’existe pas de combinaison stérile taille enfant mais la maladie ne mettra aucune distance entre les deux sœurs. Au contraire.


Est-ce que j’ai le choix ?

Pour sauver Manon, une seule solution : la greffe de moelle osseuse. Chloé est sa meilleure chance – elles ont en commun les gênes de leurs parents. « Ma mère aime le raconter : puisque j’étais compatible à 99,99%, elle m’a demandé si j’acceptais de donner de la moelle à ma soeur ; je l’ai regardée d’un air blasé : “est-ce que j’ai le choix ?” ». La petite râleuse (c’est elle qui le dit) se soumet aux consignes : elle avale de « très mauvais » compléments en fer, elle rate un mois d’école, ne voit plus ses nouveaux amis, est placée sous anesthésie générale, ponctionnée à l’arrière des genoux, dans les avant-bras et les deux aines. « Au réveil, je ne savais plus marcher, on m’avait vidée. » Mais l’objectif est atteint : le corps de Manon, préparé par une intense chimiothérapie et une radiothérapie générale, accepte le greffon. À l’été, la petite fille est guérie. Et entre les deux soeurs, marquées à vie dans leur chair, le lien est devenu indéfectible.

La recherche médicale comme évidence 20 ans plus tard, quelques traces de cette expérience sont toujours perceptibles. Les meilleures. Manon a gardé un irrésistible penchant pour l’insouciance, qui la préserve des angoisses de la récidive et des suites des traitements (stérilité, dépistages, risques de cancers secondaires, etc.). Chloé, de son côté, a transformé son don en vocation ; la grande sœur est devenue chercheuse.

« Depuis la maladie de Manon, m’investir dans la recherche médicale est une évidence. J’ai toujours demandé des kits de chimistes ou des microscopes comme cadeaux ! ». Son doctorat de quatre ans, financé par une bourse Télévie, Chloé le consacre à l’analyse de l’obésité comme facteur de risque pour le développement de certains cancers. Attachée à l’ULiège, elle tente de comprendre comment l’obésité altère l’immunité des patients pour esquisser de nouvelles pistes thérapeutiques. « J’ai profondément envie d’aider les patients qui souffrent. La recherche peut avoir un impact sur des centaines de vies », explique Chloé, fière d’avoir revêtu le tablier Télévie. « Être passionnée est une véritable chance : quand je travaille… je ne travaille pas. Tellement j’aime ça ».
Céline Rase

Arsène Burny, l’homme derrière le chercheur

Et ça, c’est un vrai challenge. Car Arsène et la recherche ne font qu’un. Quand on le
contacte un lundi matin d’été, il est justement occupé à travailler sur les dossiers des chercheurs Télévie. 86 ans, et toujours autant de temps consacré chaque jour à la lutte contre le cancer. Même pensionné, Arsène Burny passe plus d’heures dans son bureau, à la Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, que chez lui.
« C’est d’ailleurs là que nous l’avons rencontré », précise Sandrine Dans. « Arsène Burny, c’est le Télévie et inversement », résume l’animatrice de RTL TVI, « c’était évident : nous
devions lui consacrer une émission pour retracer son parcours scientifique et comprendre l’homme qui se cache derrière le chercheur
». Et lui, Arsène, ça ne l’ennuie pas qu’on remonte ainsi le fil de sa vie ? « Pas du tout, c’est le jeu », répond-il. « Allons-y ! »

Des graines aux tumeurs

C’est alors lui qui raconte comment ses premières interrogations d’enfant l’ont amené vers la science. « Mes parents avaient une ferme et quatre enfants : la vie n’était pas facile. Surtout quand la rudesse de l’hiver puis le gel de mars mettaient en péril la récolte de céréales. Dès ce moment, j’ai voulu comprendre : pourquoi certaines céréales résistent au gel et d’autres pas ? »

Cette question de « pression osmotique » le mène à prendre son vélo et s’inscrire à Gembloux. Et pourtant, il n’exploitera jamais ce domaine de la physiologie végétale : d’emblée, Arsène se tourne en effet vers la physiologie animale, là où fusionnent ses intérêts pour la médecine vétérinaire et la chimie. Il enchaîne avec un doctorat en sciences zoologiques à l’ULB puis, débauché par un professeur américain alors réputé, Sol Spiegelman, il s’envole pour New York et l’Institut de recherche sur le cancer de l’Université de Columbia. Là, il étudie la leucémie des animaux et c’est tout naturellement qu’à son retour en Belgique, il poursuit dans cette voie et s’attaque à la leucémie bovine. Observant des similitudes avec le virus du sida identifié en ce début des années 80, il s’impose peu à peu comme un des spécialistes mondiaux dans ce domaine également.

De la recherche au Télévie

Entre-temps, Arsène a eu deux enfants avec son épouse et c’est pour eux qu’il est revenu à Gembloux, dans son port d’attache. Un jour, il se retrouve à un déjeuner avec Jean-Charles De Keyser, nouveau Directeur général de RTL Belgium, et le comte Jean-Pierre de Launoit, président du groupe. On est en 1988 et la chaîne privée cherche à se doter d’une émission « populaire et intelligente ». Arsène, alors vice-Président de la Commission scientifique de cancérologie du FNRS, propose la leucémie des enfants comme terrain de solidarité et d’investigation. Ainsi naît le Télévie, et personne alors ne pouvait imaginer le succès fou qu’il aurait », s’émeut Arsène en se rappelant ce moment charnière, dans sa vie et dans celle, depuis, de milliers de chercheurs et de patients.


Communication scientifique et grand public

Car l’importance du Télévie n’est pas à sous-estimer, rappelle-t-il. Les millions d’euros récoltés depuis plus de 30 ans ont véritablement fait avancer la connaissance dans le domaine des leucémies puis, petit à petit, des cancers en général, et ont permis d’inverser les courbes de mortalité et de guérison. Concrètement, le Télévie a financé la recherche, c’’est certain, mais aussi « mis en réseau » les intellectuels. « Les chercheurs doivent se mettre ensemble pour arriver à bout de la maladie. Les projets de recherche sont parfois très spécifiques, terriblement pointus, et c’est en échangeant entre disciplines, en décloisonnant la recherche, que les scientifiques avancent le mieux », explique Arsène Burny en pensant, entre autres, au séminaire Télévie qui se tient annuellement.
C’est une affaire de communication donc, entre experts, mais aussi vers le grand public. Et là encore, Arsène est l’homme de la situation. « C’est un scientifique qui est sorti de son labo », analyse Sandrine Dans, « et qui a appris, au fur et à mesure des années Télévie, à traduire le jargon médical en une langue accessible. Et il ne s’agit pas seulement de faire comprendre les enjeux scientifiques, son talent est aussi de comprendre lui-même l’angoisse des familles touchées par le cancer. »
Aura-t-on découvert l’homme derrière le chercheur, à la fin de cette émission, alors qu’Arsène résume : « Ma passion, c’est la recherche ! » ? Ce qui est sûr, c’est que « quand on passe du temps avec Arsène, on apprend plein de choses… », promet Sandrine Dans.
Pour voir le reportage du Arsène Burny c’est ICI

Protonthérapie : des rayons de pointe

Environ 40 à 50 % des patients atteints d’un cancer bénéficient d’un traitement par radiothérapie (irradiation), soit seul, soit en combinaison avec d’autres traitements comme la chimiothérapie. Malgré les progrès, la radiothérapie classique (conventionnelle) ne permet pas toujours d’épargner les tissus sains qui entourent la tumeur.
La protonthérapie, qui utilise des faisceaux de protons et non des rayons X, permet de cibler de manière plus précise les cellules cancéreuses. « La particularité des protons est qu’ils parviennent à déposer la dose à une profondeur donnée : ils s’arrêtent au niveau de la tumeur et ne vont pas au-delà », détaille Xavier Geets, Chef de service de radiothérapie oncologique aux Cliniques universitaires Saint- Luc et promoteur Télévie.

Tumeurs pédiatriques et qualité de vie

Un des avantages majeurs de la protonthérapie est qu’elle diminue le risque de cancers qui se développent parfois 20 ou 30 ans après le traitement. « Les rayons X abîment les cellules sur leur passage et risquent d’occasionner des mutations.
Avec la protonthérapie, on diminue grandement la probabilité de développer ces cancers secondaires
», explique Carine Michiels, biologiste au sein de l’Unité de Recherche en Biologie cellulaire (URBC) de l’UNamur et promotrice Télévie.

La protonthérapie est ainsi particulièrement indiquée pour les tumeurs pédiatriques puisque les enfants ont par définition plus d’années d’espérance de vie devant eux et donc plus de risques de développer des cancers secondaires.

Les effets secondaires de la radiothérapie sont aussi généralement plus sévères chez les enfants car les organes qu’on irradie sont en croissance », ajoute Xavier Geets.
« Les conséquences fonctionnelles ou esthétiques peuvent alors être importantes. » Une irradiation au niveau du cerveau d’un enfant en bas âge peut par exemple entraîner un retard mental. De même, l’irradiation d’une jambe ou d’un bras peut provoquer un arrêt de la croissance de l’os et créer une asymétrie, des problèmes de marche, etc. Là encore, la protonthérapie, par sa précision, limite ces effets secondaires. « On guérit aujourd’hui énormément de cancers pédiatriques. Préserver la qualité de vie après le traitement est donc primordial », souligne Xavier Geets.
Actuellement, en Belgique, la liste d’indications standards établie par l’INAMI pour la protonthérapie inclut la plupart des tumeurs de l’enfant mais aussi certaines tumeurs de l’adulte. « La protonthérapie est indiquée pour les tumeurs qui se trouvent à proximité d’un organe très précieux, comme le nerf optique, la moelle épinière, le cerveau ou le cœur », commente Carine Michiels.

Bientôt en Belgique

Si la protonthérapie existe depuis plusieurs décennies, elle connaît depuis quelques années un véritable essor. Cet été, un premier centre de protonthérapie a ouvert ses portes en Belgique, à Louvain. « Jusqu’à aujourd’hui, pour bénéficier de la protonthérapie, les patients belges devaient se rendre en France, en Suisse ou en Allemagne », précise Xavier Geets. « Ces patients étaient alors isolés de leur environnement social et familial pendant un temps assez long puisqu’un traitement par protonthérapie s’effectue généralement sur six semaines. »
Ce nouveau centre de traitement et de recherche est issu du projet ParTICLe, une collaboration entre l’UZ Leuven/KU Leuven et les Cliniques universitaires Saint-Luc/
UCLouvain, avec le soutien de l’UZ Gent, l’UZA, l’UZ Brussel et du CHU UCLouvain Namur. « C’est un exemple assez unique de collaboration par-delà la frontière linguistique.
Elle a permis de regrouper les meilleurs experts, notamment au niveau pédiatrique
», souligne Xavier Geets. Un deuxième centre de recherche et de traitement devrait par ailleurs voir le jour dans les prochaines années à Charleroi, sur le site de l’hôpital Marie Curie, avec le soutien de la Région wallonne.
En Belgique, on estime qu’environ 180 à 200 patients pourraient bénéficier de la protonthérapie selon les indications actuelles de l’INAMI. « On peut s’attendre à ce que ces indications augmentent au cours du temps si les études cliniques démontrent l’avantage de la protonthérapie sur la radiothérapie conventionnelle », précise Xavier Geets. Côté coût, la protonthérapie coûte aujourd’hui environ six fois plus cher que la radiothérapie classique mais beaucoup moins cher que l’immunothérapie. « Un traitement par protonthérapie coûte entre 30.000 et 35.000 euros. L’immunothérapie, dont on parle beaucoup aujourd’hui, coûte 100.000 euros par an et ne fonctionne que chez un patient sur cinq. En comparaison, ce n’est finalement pas si coûteux », argumente Xavier Geets. « Si les études cliniques confirment que la protonthérapie entraîne moins d’effets secondaires que la radiothérapie conventionnelle, son coût global pourrait être relativisé », conclut Carine Michiels.
Julie Luong

L’infertilité chez l’enfant, une histoire d’inégalités

La radiothérapie et la chimiothérapie peuvent provoquer l’infertilité du patient, adulte comme enfant. En cause, pour la radiothérapie, l’irradiation qui peut toucher les ovaires dans un cas, les testicules dans l’autre. Concernant la chimiothérapie, c’est l’effet toxique du médicament qui est à l’origine des problèmes de fertilité.
L’effet est transitoire ou définitif, selon les doses imposées par le traitement, l’âge du patient ou encore l’agressivité du cancer.
Il est possible de prévenir ces effets secondaires dans certains cas. Les ovaires des patientes sont ainsi déplacés plus haut dans le ventre afin d’éviter la zone d’irradiation directe. « Pour les hommes, c’est plus simple : il suffit de poser des masques sur les régions sensibles », commente Anabelle Decottignies, Maître de recherches FNRS à l’UCLouvain et promotrice Télévie. « Ces méthodes ne concernent cependant que la radiothérapie car avec la chimiothérapie, on ne peut pas protéger les organes. »

Inégalité enfants-adultes
Chez l’enfant, la radiothérapie n’est pas courante. C’est plutôt la chimiothérapie qui constitue la norme. L’une des raisons est que les enfants sont davantage touchés par des cancers rares, tels les sarcomes, les rétinoblastomes, les neuroblastomes ou encore les tumeurs cérébrales. Malheureusement, qui dit cancers rares dit moins d’investissements dans les thérapies innovantes. « Le traitement de ces cancers est à la traîne. Les chimiothérapies utilisées datent des années 80, rien n’a évolué. Elles sont très lourdes et ont des effets secondaires monstrueux à court et long termes », regrette Anabelle
Decottignies. Parmi ces effets secondaires, on retrouve l’infertilité.

Quelles solutions ?
Concernant la préservation de la fertilité, tout dépend de la puberté. « Si l’enfant est pubère, il y a moyen, comme chez l’adulte, de prélever les spermatozoïdes ou un des deux ovaires et de les congeler. On sauve donc un stock que le patient peut utiliser plus tard », explique Anabelle Decottignies. « Si l’enfant est prépubère, la solution est de prélever du tissu testiculaire ou ovarien et de le congeler. »
Ici, l’inégalité se situe entre garçons et filles. Concernant les filles, la Belgique est pionnière. « Effectivement, nous sommes le premier pays, avec la Suède, à avoir ouvert des banques de congélation en 1996 », se félicite Marie-Madeleine Dolmans, gynécologue obstétricienne, Cheffe de clinique à l’UCLouvain (Saint-Luc) et promotrice Télévie.
« Nous sommes également le premier pays au monde à avoir vu naître un bébé après transplantation de tissu ovarien, justement à l’UCLouvain [en 2004, ndlr]. » Deux des trois premiers bébés issus de cette technique sont d’ailleurs nés en Belgique francophone.
Concernant les garçons, la situation est malheureusement plus compliquée. « Il n’y a pas encore eu de bébé. Nous n’avons pas la preuve que la technique fonctionne », relate Marie-Madeleine Dolmans. « Nous n’en sommes encore qu’à l’étape de congélation du tissu testiculaire immature, et pas encore à l’étape de greffe en application clinique. »


Le point sur la recherche

Heureusement, la recherche avance. Notamment sur le développement de nouvelles molécules anticancéreuses permettant d’éviter les effets secondaires des traitements. « Je travaille sur de nouvelles approches pour éviter que l’enfant traité contre un cancer ne soit atteint de surdité ou dans le cas qui nous occupe, d’infertilité », confie Anabelle Decottignies. L’objectif est simple : améliorer les thérapies ciblées.
Difficile cependant d’avancer un agenda à court et moyen termes. « Le problème, dans la recherche de nouvelles molécules, réside dans la procédure longue qu’elle sous-entend. Les essais cliniques et les autorisations nécessaires peuvent prendre une dizaine d’années. Et à l’arrivée, on n’est jamais certain de l’efficacité clinique de ces nouvelles molécules. »
La recherche est cependant mobilisée pour faire bouger les choses et des collaborations, tant nationales qu’internationales, sont mises en place. Une raison d’espérer.

L’opération en pratique
Pour prélever le tissu immature, qu’il soit ovarien ou testiculaire, il faut opérer l’enfant avant le traitement anticancéreux qui est toxique pour les gonades – les organes reproducteurs. Il s’agit d’une opération par laparoscopie (chirurgie non-invasive). Une anesthésie générale est donc nécessaire. Il ne faut évidemment pas la prendre à la légère.
Le consentement des deux parents, condition sine qua non à l’opération, est l’occasion de parler des tenants et des aboutissants de l’acte médical. « La discussion avec les parents est facile, mais la décision des parents, elle, ne l’est pas », souligne Marie-Madeleine Dolmans. « Il s’agit tout de même d’une opération supplémentaire infligée à leur enfant. » En plus, la technique n’offre pas toutes les certitudes, a fortiori si le patient est un garçon prépubère. Enfin, toute opération sous anesthésie générale comporte des risques, bien que ceux-ci soient limités. « À l’UCLouvain, il y a eu 700 cas depuis 1997. Aucun n’a posé problème », conclut la gynécologue.

Les 10.546.651 € récoltés financeront 90 chercheurs et techniciens et 6 projets de recherche contre le cancer

Ce montant va permettre au FNRS de financer, dès cette année, de nouveaux chercheurs et des Projets de Recherche interuniversitaires :

–     les chercheurs concernés sont des scientifiques de niveau doctoral et postdoctoral qui mèneront des travaux de recherche dans les différents labos des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles :

–     les Projets de Recherche (PDR) bénéficieront du financement des frais de fonctionnement, de personnel et d’équipement : ces projets sont interuniversitaires et impliquent généralement plusieurs disciplines.

Sur les 158 dossiers déposés et évalués, 83 postes de chercheurs, 7 postes de techniciens et 6 Projets de Recherche ont été sélectionnés.

En 32 ans, le Télévie a récolté plus de 200 millions d’euros et permis au FNRS de soutenir 2.500 chercheurs dans la lutte contre le cancer.

Yoga, allié contre le cancer

Le yoga signifie « union » en sanscrit, c’est une discipline née en Inde il y a des centaines d’années. Il s’agit avant tout d’unifier le corps et l’esprit à travers des mouvements plus ou moins physiques et d’une méditation basée sur une réelle réflexion sur soi.

Un allié pour le physique et le moral

De nombreuses études scientifiques ont permis de prouver l’efficacité de cette pratique dans le cadre du cancer. Grâce à une pratique combinée d’exercices de respiration, d’enchaînements de postures de yoga et de la méditation, le yoga vous permet de traverser l’épreuve de la maladie avec d’autant plus de force.

Ce sport tout en douceur permet de retrouver une stabilité dans son corps, tant physique que psychologique, et de trouver une certaine paix intérieure à travers la détente et la concentration.

Il permet également de récupérer une certaine souplesse et de se sentir plus léger en procurant une véritable sensation de bien-être interne. C’est également un moyen pendant votre chimiothérapie de faire de l’exercice tout en douceur.

Diverses publications font états de nombreux bénéfices pour les patients atteints du cancer quand il est proposé en soin de support : diminution des troubles anxieux, de la douleur, de la fatigue, des symptômes du stress, amélioration de l’humeur, lutte contre l’insomnie, augmentation des défenses du système immunitaire, réduction des tensions, réponse à des questions d’ordre spirituel et meilleure compliance/tolérance aux traitements. Le yoga a des effets mécaniques, assouplissant les muscles, agissant également sur le système nerveux. Une pratique régulière favorise la sécrétion d’endorphines qui calment la souffrance et diminue la production des substances inflammatoires.

Les différentes postures

En yoga, il n’y a pas de posture interdite ou contre-indiquée lorsqu’on est sous traitement. Il s’agit avant tout de rester à l’écoute de votre corps qui saura vous dire de lui-même à quel moment s’arrêter ! 

Ainsi, ne vous forcez pas si des positions vous paraissent trop compliquées, si vous êtes essoufflée ou tout simplement, si vous n’avez pas envie. Votre séance doit rester un moment de plaisir ! Et bien sûr, si vous décidez de vous inscrire dans un cours de yoga, n’oubliez pas d’informer discrètement votre professeur de votre état de santé. Il saura prendre soin de vous pendant vos séances.

Retrouvez ICI,  4 exercices de yoga particulièrement adaptés en cas de cancer 

Du yoga en LIVE

A l’occasion de la journée internationale du yoga, le 21 juin, le Brussels Yoga Day invite le plus grand nombre et de manière inédite à participer à la plus grande séance de yoga de Belgique non pas comme les éditions précédentes sur les pelouses d’un grand parc comme le Bois de la Cambre ou le Cinquantenaire mais de la manière suivante : une séance d’une heure de postures et d’exercices de respiration géante, gratuite, accessible à tous, au même moment, dans un même élan et une même énergie, lors d’une séance Live en ligne accessible de chez soi, depuis son salon, son jardin, sa maison de repos, …

La séance de yoga sera conduite par SREEMATI sous l’Atomium avec en invité d’honneur Sandrine DANS. La séance ne sera pas ouverte au public sur place mais sera diffusée en direct sur toutes les plateformes de RTL Belgium et sur la page Facebook du Télévie : ICI.

Rendez-vous dimanche !

Sources:

https://www.cairn.info/revue-cancers-et-psys-2017-1-page-143.htm#

Traitements : une question d’immunité ?

Depuis une dizaine d’années, l’immunothérapie a pris une place grandissante dans le traitement du cancer, en particulier du mélanome, des tumeurs du poumon ou de la vessie. Elle est d’ailleurs utilisée de plus en plus tôt et parfois en première intention, aux côtés des approches conventionnelles comme la chimiothérapie et la radiothérapie. Son principe ? Booster les réponses immunitaires de l’organisme face aux cellules tumorales. « Ce sont des thérapies qui marchent relativement bien : jusqu’à 40 à 50 % des patients qui souffrent de certains cancers métastatiques vont obtenir un bénéfice », explique Sophie Lucas de l’UCLouvain, ancienne Chercheuse qualifiée FNRS et promotrice de projets Télévie. 

Treg : l’agent régulateur

            Depuis 2004, Sophie Lucas a son petit chouchou au sein du système immunitaire : les Treg. Cellules assez rares, les Treg ou « lymphocytes T régulateurs » ont pour rôle de réguler les réactions excessives du système immunitaire. Ils sont absolument essentiels à la vie. Les bébés qui souffrent d’une maladie génétique rare caractérisée par l’absence de Treg développent ainsi un syndrome auto-immunitaire aigu, mortel avant l’âge de deux ans en cas d’absence de traitement. « Chez les patients cancéreux, on pense que les Treg fonctionnent au contraire trop : ils bloquent les autres cellules du système immunitaire qui devraient nous aider à rejeter le cancer en reconnaissant les antigènes à la surface des cellules tumorales », commente la chercheuse. Pendant longtemps, le fonctionnement des Treg dans le contexte du cancer est resté méconnu. Mais aujourd’hui, les chercheurs ont identifié à leur surface certaines molécules – GARP et  TGF-beta – susceptibles de bloquer les réponses immunitaires contre les tumeurs. « Nous avons développé des outils – des anticorps anti-GARP – pour bloquer ces molécules, ce qui nous a permis d’initier des collaborations avec l’industrie. Des essais cliniques de phase 1 sont aujourd’hui en cours. »

            Utilisé seul ou en combinaison, ce nouveau traitement pourrait réactiver les réponses immunitaires, peut-être avec une meilleure efficacité que les immunothérapies existantes. L’espoir est aussi de pouvoir l’utiliser dans des types de cancer où les immunothérapies disponibles à l’heure actuelle ne fonctionnent pas. Parallèlement à ces recherches, Sophie Lucas étudie, dans le cadre d’un projet WELBIO, l’implication des Treg dans la survenue du lupus et de la sclérodermie, des maladies auto-immunes où le système immunitaire s’attaque aux propres composants de l’organisme. « Dans ces deux maladies, nous avons des indications sérieuses pour penser que le Treg ou le TGF-beta pourraient être impliqués. » Alors qu’ils fonctionnent « trop » dans le cancer, les Treg pourraient ici fonctionner trop peu.

Cancers et maladies auto-immunes

Si l’immunothérapie est efficace dans certains cancers, cela signifie-t-il qu’un cancer est toujours lié à une défaillance du système immunitaire ? « Si on pousse le raisonnement, on peut en effet se dire que le processus existe chez toute personne qui a un cancer : des cellules tumorales ont échappé à la surveillance immunitaire », explique Pierre Coulie, professeur à l’UCLouvain et membre de la Commission scientifique Télévie. Alors que Sophie Lucas cherche à identifier un mécanisme immunosuppresseur précis, Pierre Coulie étudie pour sa part le moment où ces réponses immunitaires anti-tumorales se mettent en place. « Deux stratégies pourraient entrer en jeu : soit la cellule tumorale “perd” ce par quoi elle pourrait être reconnue, soit elle parvient à inhiber les adversaires, en les privant de ravitaillement, en mettant des barbelés sur le parcours, etc. », explique le chercheur. Ses travaux portent en particulier sur le cancer du sein, un type de cancer plutôt résistant à l’immunothérapie. « On examine des tumeurs du sein très précoces pour voir si une action immunitaire se met en place ou non. Les premiers constats, que nous avions présentés avec un doctorant dans le cadre du Télévie, ont montré que ces tumeurs n’étaient pas très visibles pour le système immunitaire. On peut donc penser que quand le cancer devient invasif, c’est déjà le résultat d’une sélection : il y a eu auparavant  une reconnaissance et une destruction des cellules cancéreuses ; celles qui subsistent sont celles qui ne peuvent plus être reconnues, qui sont parvenues à se rendre invisibles. »

            Dans le cadre d’un projet WELBIO, Pierre Coulie s’intéresse par ailleurs au rôle de certaines réponses immunitaires particulières dans la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux disséminé. « Les recherches sur le cancer et sur les maladies auto-immunes se croisent car les cellules que nous voulons activer dans les cancers, ce sont aussi celles que nous soupçonnons d’être impliquées dans ces maladies auto-immunes. Dans le cancer, on voudrait inhiber les mécanismes immunosuppresseurs et dans les maladies auto-immunes, nous voudrions les amplifier. Ce sont des constructions différentes mais avec la même boîte de Lego. »Il arrive d’ailleurs que les patients cancéreux traités par immunothérapie développent des problèmes auto-immunitaires. A l’inverse, avoir une maladie auto-immune pourrait-il protéger du cancer ? « Il faudrait faire des études sur de très grandes séries, mais c’est théoriquement possible », avance Pierre Coulie. « Malheureusement il y a un facteur confondant: une maladie auto-immunitaire chronique s’accompagne souvent d’inflammation chronique, qui peut favoriser l’apparition de cancers. » Le jeu de construction ne fait que commencer.

Plume : Julie Luong

Empreinte : Pierre Coulie, Professeur à l’UCLouvain et membre de la Commission scientifique Télévie.

Empreinte : Professeure à l’UCLouvain et promotrice de projets Télévie. 

Le Clos Jean-Pierre de Launoit rend hommage à une grande figure du Télévie.

Jean Pierre de Launoit, président du groupe RTL en 1988, est l’un des fondateurs du Télévie. Il est décédé en 2014. La commune d’Uccle a décidé de l’honorer en donnant le nom de ce grand ami du Télévie à l’une de ses rues.

Il a suffi d’un petit-déjeuner… En 1989, inspirée par le succès du Téléthon en France, la direction de RTL veut aussi donner une dimension sociétale à la chaîne et utiliser son lien direct avec les téléspectateurs pour les mobiliser.

Quand la télévision veut sauver des vies…

Jean-Pierre de Launoit, président du groupe RTL, et Jean-Charles De Keyser, directeur général de RTL Belgium, retrouvent un matin Arsène Burny, vice-président de la Commission cancérologie du FNRS, le Fonds de la Recherche Scientifique. Ensemble, ils décident d’unir leurs forces pour mieux soigner les leucémies de l’enfant: à charge du média de mobiliser le public, à charge de l’institution scientifique de cautionner les informations transmises et d’investir l’argent récolté dans la recherche fondamentale.

Le Télévie voit ainsi le jour.

Un grand Monsieur

Jean Pierre de Launoit, un homme à la vie riche et passionnante, était très impliqué dans le monde culturel et économique: il est à l’origine du Télévie mais l’a également présidé jusqu’à la fin. C’est pour son engagement envers la maison RTL et le Télévie que nous garderons le souvenir d’un homme remarquable et profondément gentil.

Mise à part son implication pour le Télévie, Monsieur de Launoit a été vice-président de BBL, vice-président de la Banque Bruxelles-Lambert et président d’Axa Belgique. Il a également présidé le groupe RTL pendant 25 ans ainsi que  le concours Reine Elisabeth, où il a initié le concours de chant qui viendra s’ajouter à ceux de piano et de violon déjà existants.

Un grand monsieur dont l’héritage est d’autant plus grand: il nous a transmis de la sagesse, des valeurs et beaucoup de passion.

Philippe Delusinne, qui dirige RTL Belgique depuis 2002, fut recruté par Jean-Pierre de Launoit dont il est resté très proche jusqu’à la fin. Il témoigne : « Jean-Pierre de Launoit restera « l’ami » de la maison RTL au sein de laquelle il fut un inspirateur éclairé et un censeur mesuré. C’est au sein de RTL qu’il créera l’œuvre, dont il me confessait qu’elle était sa plus grande fierté : le Télévie. »

Je les applaudis depuis cinq ans !

L’annonce d’un cancer est une chose terrible. Foudroyante. J’étais complètement perdu, explique Gil Bréac, jamais je n’avais connu l’hosto. Et, tout d’un coup, me voici avec un diagnostic effroyable : cancer au stade 4, au bord de l’étouffement, parti pour une année de chimio et de radiothérapie qui me laisse dans un état épouvantable avec une espérance de vie révélée, un peu brutalement par un médecin, à seulement quelques semaines.

Parce qu’il est d’une nature combattive et qu’en même temps il n’a jamais cru qu’il était aussi malade, se disant en permanence il faut que je soigne ce gros rhume, avec son épouse et sa famille comme soutien, il rebondit, quitte l’hôpital où il était soigné et s’adresse au professeur Thierry Pieters qui avait soigné son père aux cliniques universitaires St-Luc. Le chef du service pneumologie lui propose un nouveau traitement, l’immunothérapie, encore expérimentale à l’époque.

Tout bascule à nouveau, mais cette fois dans le bon sens.

Jusque-là, les relations avec les médecins, les oncologues étaient opaques, quasi inexistantes et, en tous cas, peu apaisantes par rapport à l’état du patient. Tout s’éclaircit, s’explique, devient transparent et sans promesse redonne l’espoir à Gil. Durant trois longues années, toutes les deux semaines, il se rend de son domicile de la région de Gerpinnes à St-Luc (Woluwé St-Lambert) pour y recevoir ce traitement. Fini le côté chimique des choses, une manière plus naturelle de combattre cette saloperie et de pouvoir m’en débarrasser. Durant, en particulier cette période à l’unité 42, où des gens malades comme moi se présentent à intervalles réguliers dans leur lutte contre le mal, j’ai pu apprécier à quel point le service qui nous était porté était louable. Quand on est malade et que l’on suit un traitement, c’est avec les infirmières que l’on passe le plus de temps. Le professeur, je le voyais tous les trimestres pour faire le point, mais tous les 15 jours, ce contact proche et régulier m’a particulièrement marqué. Ce qui est vrai dans tous les services, parce que j’ai eu l’occasion de « voyager » en cinq ans. Leurs gestes, leurs attentions, leurs sourires, leur écoute incroyable, leur disponibilité extraordinaire, leur calme parfois face au désespoir ou à l’exaspération de certains patients sont autant de leçons et de preuve du bien-être qu’ils et elles apportent et procurent. Sans tout cela, le patient s’effondre.

La période de confinement que nous venons de traverser et qui se poursuit par les mesures strictes de notre nouvelle vie a amené beaucoup de gens à les applaudir le soir à 20h00, chez nous et dans de nombreux pays, pour ne pas dire dans le monde entier. Moi, cela fait cinq ans que j’applaudis !

Mission accomplie

L’histoire de Gil qui a commencé par une toux qui paraissait banale se referme presque miraculeusement. Le professeur Pieters, lui-même, m’a dit un jour son étonnement. Cette belle surprise, peu courante, confirmée par un pet scan : tout avait disparu, plus aucune trace du cancer. L’immunothérapie avait rempli sa mission à 100%.

Aujourd’hui, ça va, dans l’attente du cap des cinq ans qui confirme, effectivement que la tumeur a disparu, que ce cauchemar est fini. J’ai voulu, immédiatement, rendre hommage et soutenir ceux que l’on appelle « les blouses blanches », en composant le « blues of remission », moi qui ne chantais jamais ce style de musique. Un titre offert à la générosité du public, disponible sur toutes les plateformes de téléchargement, dont les bénéfices sont versés en faveur de la fondation St-Luc pour l’institut Roi Albert II qui prend en charge tous les types de cancer par une approche globale et humaine.

Outre cette reconnaissance infinie en regard du personnel hospitalier, Gil se veut aussi porteur d’un message : ne jamais abandonner, toujours se battre, ne jamais croire que c’est terminé en essayant d’autres traitements pratiqués par d’autres médecins dans d’autres hôpitaux. Il faut tout tenter.              Il en est aujourd’hui une preuve (très) vivante que cela en vaut la peine !

Frédéric Bastien

Nos chercheurs en confinement, entre solidarité et poursuite du travail


« Le monde tourne au ralenti. Forcément, la recherche est, elle aussi ; un peu amortie… Mais que chaque patient, chaque bénévole, chaque donateur soit rassuré : nous ne les lâchons pas ! ». Michaël Herfs, Chercheur qualifié FNRS à l’ULiège donne directement le ton : les chercheurs Télévie sont toujours sur le front.

Les chercheurs travaillent la nuit

Ils avancent dans leurs recherches contre le(s) cancer(s) d’abord. Si la majorité des expériences a été arrêtée au début du lockdown, les laboratoires n’ont pas totalement fermés pour autant : avec les dérogations nécessaires, les expériences entamées suivent leur cours, notamment les manipulations indispensables à la correction d’articles scientifiques qui font l’objet de publications urgentes. « Mais tout ceci dans le plus grand respect des mesures de sécurité », explique Pierre Sonveaux, Maître de recherches FNRS à l’UCLouvain et Promoteur Télévie. « Nous avons établi un horaire de travail et mis en place un système de réservation des machines qui permet au personnel de ne pas se croiser. En ce qui me concerne, je n’hésite pas à rejoindre le laboratoire de nuit, à des heures où il est moins prisé », précise l’expert. Ainsi, en moyenne, les chercheurs continuent-ils à travailler en présentiel en laboratoire pendant 10 à 20% de leur temps.

Le reste – donc l’essentiel – de leur temps de travail est dorénavant consacré à la lecture et à la rédaction d’articles scientifiques, étapes de toute façon inévitables dans le processus de recherche. Autrement dit, les chercheurs Télévie ont réorganisé leur agenda, postposé certaines expériences en laboratoire, des journées d’étude, des colloques. Pendant leur confinement, ils couchent sur le papier les résultats de leurs expériences, passent en revue la littérature scientifique et engrangent des connaissances.

Mais les grands rendez-vous sont maintenus. Parmi ceux-ci, les soutenances de thèses en cancérologie, qui continuent d’être défendues, via Zoom, Teams ou Skype. « C’est la généralisation d’une pratique qui existait déjà, quand certains membres étrangers ne pouvaient rejoindre physiquement le jury », note Michaël Herfs qui l’admet toutefois : « la pratique virtuelle est moins chaleureuse. Nous sommes directement focalisés sur le sujet scientifique, il n’y a plus les échanges informels ni le verre de fin de thèse qui sont des moments importants dans la carrière d’un chercheur ». Mais… « on peut désormais soutenir sa thèse en pantoufles ! », relève Pierre Sonveaux, un sourire dans la voix. Les comités d’accompagnement des Aspirants et des Boursiers Télévie se poursuivent également virtuellement, comme n’importe quelle autre réunion importante. Les étudiants ne sont donc pas trop ralentis dans leur progression vers le doctorat.

Le Télévie est solidaire face à la crise du Covid-19.

Et puis, face aux enjeux de la crise actuelle, les chercheurs Télévie sont solidaires. Leur contribution est avant tout matérielle. « Nos laboratoires ont prêté aux hôpitaux des machines PCR. Nous avons également donné pratiquement tous nos masques et nos gants, pour ne garder que le strict minimum », révèle Pierre Sonveaux.

Certains chercheurs Télévie ont en outre rejoint la Task force contre le coronavirus et, à l’ULiège, consacrent trois fois quatre heures par semaine au laboratoire de diagnostic COVID. « Les techniques PCR utilisées dans le cadre du dépistage du coronavirus sont les mêmes que celles permettant le dépistage de certains cancers (col de l’utérus) et la recherche de mutations dans les cancers. Les chercheurs en cancérologie ont donc une expérience transposable pour participer activement à la lutte actuelle. Ce bénévolat est conçu comme faisant partie de la mission du chercheur, au service de la communauté », rapporte Michaël Herfs. Concrètement, les chercheurs Télévie impliqués dans ce labo reçoivent les prélèvements et les inactivent, ils extraient l’ARN du virus, le convertissent en ADN et, par PCR, l’amplifient pour le détecter.

Vidéo : une centaine de personnes travaillent bénévolement au laboratoire du GIGA pour une capacité de 2600 tests/jour. Parmi les scientifiques qui se relaient pour travailler de 7h à minuit, 7 jours/7, des chercheurs Télévie.

Enfin, grâce à leur bagage médical, certains chercheurs décryptent les publications scientifiques, rédigées en anglais et en termes techniques, et les mettent à la portée du grand public. C’est le cas de Pierre Sonveaux qui rassemble les informations, les compare, les vérifie, les simplifie et les diffuse sur les réseaux sociaux. « Il est fondamental de contrer la dispersion de fake news et de lutter contre le climat anxiogène actuel », estime-t-il. « Cette mission de vulgarisation, je la remplis d’autant mieux que le Télévie m’a familiarisé avec le grand public. Je sais combien les gens ont besoin de réponses et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les leur donner. »

Vos plus petits dons financent les grandes idées de nos chercheurs

Soutenez le Télévie

les grandes idées de nos chercheurs

Vos plus petits dons financent

Menu