LE CANCER, C’EST HEREDITAIRE, DOCTEUR?

Publié le 26 janvier 2021 dans Moments Forts, News


Comme l’explique Daphné t’Kint de Roodenbeke, chef de la clinique d’oncogénétique de l’Institut Jules Bordet, « On n‘hérite pas d’un cancer, on hérite d’un risque augmenté de développer un cancer ». La grande majorité des cancers ne sont heureusement pas liés à l’hérédité. Seuls 5 à 10 % de certains types de cancer font partie de cette catégorie.

Quels types ?

Les cancers les plus à risque en termes d’hérédité sont les suivants :

  •  Le cancer du sein et/ou des ovaires : 5 à 10 % de ces cancers sont dus à l’hérédité familiale. Lorsqu’une personne est porteuse d’une mutation génétique en ce sens, son risque de développer un cancer du sein avant 70 ans est de 40 à 85 %, alors qu’il n’est que de 10 % dans l’ensemble de la population. En outre, ces cancers se déclarent plus tôt (43 ans en moyenne pour le sein, 55 ans pour les ovaires, contre 63 et 65 ans pour les personnes non affectées par l’hérédité).
  • Le cancer colorectal, est dû à l’hérédité dans 3% des cas. Le risque de développer ce type de cancer avant 70 ans est ici estimé entre 40 et 70 %, en cas de prédisposition génétique.
  • Le cancer de la prostate : 10 % de ces cancers, principalement lorsqu’ils sont diagnostiqués au stade métastatique, surviennent à cause de l’hérédité.
  • Le mélanome : une prédisposition familiale est impliquée ici aussi dans 10% des cas déclarés.
  • D’autres anomalies génétiques peuvent expliquer certains autres cancers, comme le rétinoblastome (cancer de la rétine chez l’enfant), ou encore les cancers du rein (tumeur de Wilms), et du pancréas.

Gènes altérés

C’est l’altération de certains gènes (de l’ADN) au sein de nos cellules qui favorise le développement des cancers. Ce sont souvent d’ailleurs souvent des gènes dont la fonction est de protéger l’ADN qui sont touchés. Dans certains cas, ces anomalies se transmettent d’une génération à l’autre. Soit par le père, soit par la mère, soit par les deux à la fois.

Attention ! Cette transmission n’est pas systématique. Le parent porteur d’une anomalie génétique prédisposant au cancer a 50 % de probabilité de la transmettre à son enfant. Et même si son enfant hérite de cette mutation génétique, il ne développera pas forcément un cancer.

Les indices à surveiller 

Comment savoir dès lors si l’on est sujet à un risque de cancer héréditaire ? Ce risque est suspecté quand une tumeur (non pédiatrique) survient à un âge particulièrement précoce (par exemple un cancer du sein diagnostiqué avant l’âge de 35 ans), quand un même type de tumeur est observé chez trois membres au moins d’une même branche de la famille (frères, sœurs, parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins germains) et quand au moins l’un d’entre eux survient à un âge précoce (moins de 50 ans par exemple pour le cancer du côlon). Autres indices : quand un membre de la famille a développé plusieurs types de cancer (sein et ovaires, par exemple), ou encore quand le cancer a atteint les deux organes d’une paire (seins, reins, yeux).

Attention : le fait que plusieurs membres d’une même famille soient victimes d’un cancer ne s’explique pas forcément par l’hérédité. Par exemple, dans une famille de gros fumeurs, le cancer du poumon aura davantage de risques de se déclarer.

Quelle marche à suivre ?

Que faire si vous pensez être à risque à cause de votre hérédité ? D’abord en parler à votre médecin traitant. Il peut évaluer avec vous cette menace de développer un cancer. Si ce risque est réel, il peut vous guider vers une consultation chez un médecin oncogénéticien. Celui-ci pourra alors pratiquer un test génétique. Il s’agit d’une simple prise de sang, dont l’ADN sera extrait et analysé.

Cette analyse très complexe de l’ADN prend environ trois mois. Au terme de cette période, lors d’un nouveau rendez-vous, l’oncogénéticien vous indiquera les résultats de ce test et discutera avec vous les meilleures mesures de prévention et de suivi. Le but d’une surveillance active et de la prévention est de garantir au mieux la santé et la qualité de vie de chaque patient porteur d’une prédisposition génétique au cancer, en tenant compte de son contexte personnel et familial.


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