Cancers ORL : mal rampant méconnu

Appelés également cancers « tête et cou », il s’agit de cancers qui rassemblent toutes les tumeurs qui se développent dans les voies aérodigestives supérieures ou ORL (Oto-Rhino- Laryngologie). « Ce que moi j’appelle les cancers ORL, ce sont les cancers qui démarrent au début de la lèvre jusqu’à l’œsophage » nous explique J-P. Machiels. « C’est un groupe de tumeurs assez hétérogènes, car les plus fréquentes, c’est-à-dire 90% des cas, sont des cancers qui sont développés à partir des muqueuses de la cavité orale, du pharynx ou du larynx. » La sphère ORL regroupe différentes séries de cancers, comme les tumeurs des glandes salivaires ou des sinus, mais ce sont des tumeurs plus rares.

« On compte environ 2000 cas de carcinomes épidermoïdes (cancers développés au départ de la muqueuse) en Belgique par an. C’est une tumeur qui se présente souvent par des symptômes locaux. La sphère ORL est au carrefour de ce qu’il faut pour bien parler, bien manger et pour respirer. Ce sont là toutes des fonctions sociales importantes. Les tumeurs dans la bouche ou sur la peau peuvent se voir, il y a donc une notion esthétique importante », rajoute J-P. Machiels. « Quand on a une tumeur située au larynx, pharynx ou à la cavité orale, le taux de guérison est de plus ou moins 60%, si la tumeur est située localement (au-dessus des clavicules) Si les tumeurs sont localement avancées, c’est-à-dire qu’elles font plus de 4 centimètres, qu’elles envahissent les organes adjacents ou qu’il y a des ganglions, nous sommes plutôt à 50%. Pour les patients qui font des métastases, ou qui rechutent après le traitement, ce sont des patients qu’on ne va probablement pas guérir.»

Causes et symptômes

Il existe deux causes principales responsables de ce type de cancers en Belgique : l’alcool et le tabac. « Si vous buvez, vous avez un risque assez important de faire un cancer ORL, mais également si vous fumez. Si vous combinez les deux, alors là, c’est une vraie bombe atomique. Le risque est décuplé, » met en garde le chef du service d’oncologie médicale. « Il existe une autre cause de cancers ORL, qui est principalement située dans l’oropharynx (proche des amygdales et de la base de la langue), et qui peut être due aux virus HPV. Le traitement reste le même, mais le facteur de risque est différent. Il est lié à la fréquence des rapports sexuels, etc. Le pronostic est un petit peu meilleur quand c’est lié à l’HPV. »

Plusieurs symptômes peuvent vous alerter quant à un possible cancer ORL. Cela peut être la douleur, une masse, un saignement, un ulcère qui ne cicatrice pas, une mauvaise odeur dans la bouche ou encore une difficulté pour respirer ou déglutir.

Traitements actuels

En ce qui concerne les traitements pour la cavité orale, le larynx ou le pharynx, deux grands types de traitements peuvent guérir le patient : la chirurgie ou la radiothérapie. « On choisit en fonction du résultat fonctionnel qu’on peut obtenir. Par exemple, si vous avez une tumeur du larynx, et qu’on enlève le pharynx, le patient ne sait plus parler. Il sait vivre, mais pas parler. Par contre, si nous faisons une radiothérapie et qu’on préserve le larynx, le patient saura encore parler après l’opération. On décide donc en fonction de la position de la tumeur, du stade de celle-ci, et de l’expertise des centres, » indique J-P. Machiels. Toutefois, pour les maladies localement avancées, il arrive que les professionnels utilisent les deux modalités. Il arrive par exemple qu’on combine la radiothérapie à la chimiothérapie car celle-ci s’avère alors plus efficace.

Avancées et innovations En juin 2020, une étude australienne a étudié le 1er cas au monde de détection par un test salivaire d’un cancer du pharynx lié au papillomavirus. Les chercheurs ont recherché dans la salive de l’homme de 63 ans de l’ADN viral du HPV de type 16. L’homme s’était porté volontaire et avait accepté de se soumettre à des dosages d’ADN du HPV dans sa salive et ce durant 36 mois au total. « Si les techniques sont bonnes, on peut détecter un bon pourcentage de cas. Attention cependant, dans la salive, si la tumeur est localisée dans l’hypopharynx, le taux de réussite va être beaucoup plus faible, » précise J-P. Machiels.

« Nous étudions différents points de recherche importants. Premièrement, les chercheurs essaient de trouver une solution pour diminuer la toxicité des traitements et comment garder un bon état fonctionnel tout en la diminuant. Nous étudions également la caractérisation moléculaire de la maladie et l’immunothérapie, bien entendu »  ajoute-t-il.

Financement des recherches

« Comme ce n’est pas un cancer du sein, de la prostate ou du colon, cela intéresse moins malheureusement. Le Télévie subventionne mes projets de recherche sur les cancers ORL, » nous explique J-P. Machiels. Son équipe travaille actuellement sur deux projets Télévie. Le premier étudie la médecine personnalisée. « On pratique des biopsies de la tumeur des patients, et en fonction des anomalies génétiques observées, on en déduit le type d’altération fonctionnelle qui rend les cellules cancéreuses et on choisit le médicament qui vise à remédier à cette altération. On choisit donc le traitement en fonction de l’anomalie génétique constatée. » Le deuxième projet, a pour but de caractériser la maladie en fonction de ces biopsies et de mieux comprendre les succès et échecs de l’immunothérapie.

Manque de visibilité

Encore aujourd’hui, les cancers ORL sont mal connus dans la population, et J-P. Machiels déplore ce manque de visibilité : « Selon moi, il y a toute une prévention à faire, notamment vis-à-vis de l’alcool et du tabac. Je crois que la maladie étant mal connue, il y a peu d’intérêt de la part des médecins, et les gens ne consultent pas spontanément. Il faut absolument une meilleure conscientisation sur les méfaits de l’alcool, du tabac et des maladies sexuellement transmissibles. C’est crucial. »

Le cancer colorectal : mieux le dépister pour mieux le vaincre

Le cancer colorectal se développe sur la muqueuse interne de notre intestin et/ou de notre rectum, sous forme de polypes d’abord bénins (adénomes) qui se transforment ensuite très lentement (souvent au bout d’une dizaine d’années) en cancers. Dans la plupart des cas, c’est la partie terminale du côlon qui est touchée, d’où le nom colorectal On dénombre peu de symptômes particuliers aux premiers stades de la maladie, d’où l’importance d’un dépistage : on fera néanmoins attention à d’éventuelles traces de sang dans les selles, à un changement persistant de leur rythme, à un amaigrissement inexpliqué ou encore à des maux de ventre persistants. 

Les progrès de la recherche

Ce type de cancer est-il causé par notre alimentation (trop de viandes rouges, trop de graisses animales, pas assez de fibres) ? Pour le Professeur Marc Van den Eynde, chef de clinique associé aux Cliniques universitaires Saint-Luc, à Woluwé, et dont les travaux de recherche sont soutenus par le Télévie  « ce n’est pas prouvé ! On parlera plutôt dans ce cas de facteur associé au cancer colorectal. Ce n’est pas comme pour le tabac et le cancer du poumon, où le facteur risque est clairement établi.

Les deux vrais éléments à tenir en compte sont l’âge (plus de 50 ans) et l’hérédité. Dans 25 % des cas, ce cancer trouve ses origines dans notre historique familial. Si l’un de vos proches (parents, frère ou soeur) a souffert de polypes ou d’un cancer colorectal et que vous n’avez pas 50 ans, vous avez tout intérêt à vous faire dépister dès l’âge de 40 ans ». 

L’analyse des gènes des tumeurs colorectales permet de prédire leur évolution ou leur réponse à certains traitements. Les progrès de la recherche ont ainsi permis ces dernières années de mieux stratifier les cancers colorectaux. « Quatre ou cinq sous-groupes de ces adénocarcinomes du côlon ont pu être établis, grâce à l’analyse génétique des tumeurs. Cela permet de mieux personnaliser chaque traitement (chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée) en fonction du type de cancer colorectal dont souffre le patient, explique encore le Professeur Marc Van den Eynde. Il y a dix ou quinze ans, on soignait encore tous les cancers colorectaux de la même manière ! L’immunothérapie peut s’appliquer contre un marqueur tumoral connu HER2 (stimulateur de la croissance tumorale)  ou inconnu (On libère les freins des cellules immunitaires et on facilite leur entrée dans le milieu tumoral).

Les promesses de la recherche sont énormes !

En revanche, l’arsenal thérapeutique chimiothérapique a peu évolué par rapport à il y a 15 ans. Les médicaments restent les mêmes dans 90 % des cas. Mais on adapte mieux ces molécules aux sous-groupes définis plus récemment. Donc, les résultats sont quand-même meilleurs ». 

Un impact visible

Grâce aux progrès de la médecine, le nombre de cancers du côlon diminue d’année en année ! De 9715 cas en Belgique en 2014, on est passé à 7860 en 2018. 55% des cas sont constatés chez les hommes. « Tous stades confondus, les chances de survie relative à 5 ans sont aujourd’hui de 72 %, mais de 20% seulement au stade IV, d’où l’importance d’une détection précoce », précise Julie Francart, directrice au Registre du Cancer. « Si par contre, explique Marc Van den Eynde, le cancer est détecté à un  stade précoce, les chances de guérison à 5 ans sont de 90 % ». D’où l’importance du dépistage.

Or, on est encore loin du taux de dépistage souhaité au sein des 50-74 ans. Le test n’est pratiqué que par 11% de la population bruxelloise, et 18 % de la population wallonne, contre plus de 50 % en Flandre. Ce pourcentage devrait idéalement avoisiner les 60 % !

Comment procéder ?

Si vous avez entre 50 et 74 ans, vous êtes censé(e) avoir reçu au moins une fois chez vous un courrier vous invitant à vous procurer un kit de dépistage. Votre médecin généraliste vous le fournira gratuitement lors d’une consultation.

Ce test consiste à prélever vos selles et à les envoyer par la poste dans un laboratoire qui les analysera. Très fiable, ce test immunologique permet de détecter des traces de sang dans vos selles. Dans 97 % des cas, il s’avère négatif. Dans le cas contraire, une colonoscopie est alors pratiquée. Elle permet de trouver d’éventuelles lésions ou polypes qu’il vaut mieux ôter. Si un cancer est diagnostiqué, sa prise en charge sera ainsi plus rapide, et ses chances de guérison accrues. Ce test de dépistage doit être répété tous les deux ans, étant donné la lente évolution du cancer du côlon.

Comment réduire le risque de ce type de cancer ?

Une seule consigne pour le Professeur Marc Van den Eynde : « faites le dépistage tous les deux ans ! C’est le meilleur moyen de réduire le risque. Et ce même si vous ne ressentez rien. Le cancer du côlon est un tueur silencieux. Si vous avez des symptômes, c’est déjà tard ! ».

Et si vous voulez mettre tous les atouts de votre côté, précise le Docteur Anne Boucquiau, directrice médicale de la Fondation contre le Cancer, veillez à adopter une alimentation saine :  augmentez votre consommation de fibres (légumes verts, légumes secs, céréales peu transformées), consommez davantage de laitages.

Evitez le plus possible l’alcool et le tabac. L’association des deux multiplie par 8,6 le risque de cancer colorectal ! Limitez au maximum votre excédent de poids. Enfin, augmentez votre activité physique : c’est prouvé : elle diminue de 18 à 29 % les risques de cancer du côlon.  

25 ans d’écart

Alice a 30 ans. Elle est influenceuse. Sur Instagram, une communauté de 2.300 followers, patients ou non, suivent les péripéties de cette « Cancer survivor ». C’est dire si la maladie fait partie intégrante de son identité.
« Pour surmonter cette épreuve, à 28 ans, j’ai eu besoin de créer du lien », explique Alice, « de parler avec des personnes qui vivaient la même chose que moi et de véhiculer une image positive de la “fille qui a un cancer”. J’ai parlé de toutes les étapes de la vie avec ”Crabby“, même des aspects compliqués à gérer : l’aplasie, les allers-retours aux urgences, etc. ». C’est là une des principales différences avec Sarah, 45 ans. Son cancer, quand elle avait 19 ans, elle voulait absolument « qu’il ne se voie pas ». « Je me maquillais pour cacher mon teint pâle : il était fondamental pour moi de camoufler la maladie afin qu’on ne me prenne pas en pitié. »

Concrètement, là où l’une tient farouchement à contrer la perte de ses cheveux (« je portais un casque de glace pendant chaque séance de chimiothérapie, c’était affreusement douloureux mais la seule façon, me disait-on, de garder ce qui restait de ma féminité », détaille Sarah), l’autre devance les effets secondaires, se rase la tête et exhibe fièrement son crâne chauve. « Je préférais assumer complètement le fait d’être malade, je ne voulais pas faire semblant que tout allait bien », raconte Alice.


Soigner la maladie, pas la personne
C’est une question d’époque : Sarah n’avait pas Internet pour s’informer, pas de réseaux sociaux pour échanger, pas de conseillère en image pour la coacher, pas de psy pour la soutenir, pas de thérapies alternatives pour la renforcer. « Il s’agissait alors de soigner la maladie, pas la personne », résume-t-elle. « Aucune attention n’était encore portée au bien-être du patient. On se retrouvait donc seul avec ce diagnostic qui sonnait comme une sentence de mort. Car pour moi, un cancer, c’était la fin, et le médecin ne me contredisait pas. Il m’a annoncé le protocole, sans vraiment l’expliquer. Quand il m’a parlé de chimiothérapie, je me suis imaginée enfermée dans une grande machine. Je ne savais pas du tout qu’il s’agissait d’un traitement administré par voie intraveineuse. Mais ce qui m’a véritablement brisée, c’est l’annonce que la chimio allait me rendre stérile. Un ”effet secondaire“ inévitable… », confie Sarah, qui, cinq ans plus tard, a pourtant donné naissance à sa première petite fille. « Comme quoi, il ne faut jamais perdre espoir… »
Alice, elle, savait presque tout avant de commencer son parcours de soins. Elle avait fouillé le net et pris des avis partout. Elle n’avait pas peur. « J’ai pu poser toutes les questions au médecin, qui m’a d’emblée annoncé un taux de guérison de 95%. Il m’a expliqué chaque étape du protocole. J’ai également eu le choix entre deux traitements, dont un qui préservait ma fertilité, avec la possibilité de faire prélever mes ovocytes. » Alice a pu parler, être entendue et trouver du renfort près de l’homéopathie, la méditation et le reiki.


Briser le tabou
Les options thérapeutiques ont donc évolué et, parallèlement, le regard posé sur la maladie s’est transformé au cours des deux dernières décennies. Le Télévie n’y est pas pour rien, assurent les deux anciennes patientes. « Des opérations comme celles-ci ont le mérite de briser le tabou du cancer, d’aider les gens à assumer et donc à vivre plus facilement ces périodes douloureuses », analyse Sarah.
« À mon époque, on n’en parlait même pas à la maison, ni avec mes parents, ni avec mes frères ». Le cancer était alors aussi effrayant que mal connu. « Un jour, en classe, j’ai demandé à une autre étudiante si je pouvais boire dans sa cannette », se souvient Sarah. « Elle a refusé, craignant que mon cancer soit contagieux. »
Aujourd’hui, le public, les patients et leurs proches sont mieux informés et mieux encadrés. « La diffusion d’images a permis que le physique des malades soit accepté. Un crâne chauve ne choque plus », relève Sarah.
Mais il faut continuer à briser les mythes et les tabous. Au-delà de leurs différences, Alice et Sarah se découvrent ici un point commun : elles se sentent investies d’une mission d’entraide et de communication. « Ça ne nous est pas tombé dessus par hasard »,affirment-elles ensemble, « à nous de diffuser une belle énergie et d’encourager les personnes qui débutent leur traitement ». Mission accomplie avec la vidéo de leur témoignage : allez la voir sur les réseaux sociaux et le site du Télévie.
Céline Rase

Se réinventer pour le Télévie

Depuis maintenant bientôt un an, nos bénévoles ne cessent de nous impressionner en usant de leur imagination pour organiser des activités en toute sécurité. Vous avez envie de nous aider à votre tour, mais peut-être ne savez-vous pas par quoi commencer ? Alors, vous êtes au bon endroit, nous serions ravis de vous donner un petit coup de pouce.


Nos conseils pour une activité réussie

  • N’ayez pas peur de vous lancer. Vous participerez à la lutte contre le cancer tout en sortant de votre zone de confort, que demandez de plus ? Alors, n’hésitez pas et foncez.
  • Partagez votre activité via les réseaux sociaux, c’est un excellent moyen de la faire connaître et de réunir un maximum de personnes.
  • Appliquez les gestes barrières et n’hésitez pas non plus à apporter du gel hydroalcoolique, de manière à assurer la sécurité de tous.
  • Portez le masque pour vous protéger et protéger les autres.
  • Privilégiez le Bancontact ou le paiement en ligne.
  • En organisant une activité, le Télévie pourra vous soutenir en partageant votre activité via sa page Facebook officielle quelques jours avant l’évènement.

Si vous avez des questions pour l’organisation de votre activité, posez-les-nous ICI. Nous serions ravis d’y répondre.

Parce que c’est en restant solidaire et uni que nous ferons avancer la recherche. Faisons gagner la vie !

Nous vous remercions déjà pour votre aide et votre soutien  si précieux.

La transe : nouvel outil thérapeutique ?

Les chercheuses issues du CHU de Liège et du Giga-Consciousness ont lancé une étude clinique qui a pour but d’étudier une nouvelle méthode : la transe cognitive. Cette idée de s’interroger sur les effets que pouvait avoir l’apprentissage de cette transe chez les patients en oncologie est née en 2017, suite à la rencontre entre Audrey Vanhaudenhuyse et Corine Sombrun, ethnomusicologue.

« Lors de mes études de psychologie, je me suis très tôt intéressée aux sciences cognitives. J’ai rencontré Corine Sombrun, une Française formée en Mongolie aux pratiques de la transe chamanique et je me suis intéressée à la transe cognitive qui, comme l’hypnose, est un état de conscience modifiée », explique Audrey Vanhaudenhuyse. Olivia Gosseries a quant à elle étudié la neuropsychologie. C’est après un séjour dans un centre de neuro-réadaptation à Montréal qu’elle s’est intéressée au coma et a par la suite rejoint le Coma Science Group.

 « Au départ, on parlait de transe chamanique, mais Corine Sombrun s’est vite rendu compte que l’accès à la transe était un potentiel cognitif et qu’une majorité d’entre nous avait la capacité d’y accéder. Elle a donc préféré changer de nom et parler de ‘transe cognitive’. Ce terme est débattu parce que la transe est basée sur le mouvement, les sons et l’expression corporelle », ajoute OliviaGosseries.

Le projet

Au début de l’année, l’équipe, épaulée également de Charlotte Grégoire, psychologue clinicienne, a donc débuté une étude pour comparer les effets que pouvait avoir l’apprentissage de la transe sur les douleurs, l’anxiété, la fatigue, le sommeil et la dépression à ceux induits par la pratique de l’autohypnose chez des patients ayant eu un cancer.

« L’hypnose donne de très bons résultats chez ces patients et permet d’améliorer la gestion émotionnelle en diminuant l’anxiété et la dépression, elle améliore les troubles du sommeil, diminue la douleur et permet de lutter contre les problèmes de mémoire et de concentration », explique Audrey Vanhaudenhuyse.

« L’objectif est de voir si la transe cognitive peut produire des effets similaires. On va mesurer le vécu subjectif mais aussi l’activité cérébrale », ajoute Olivia Gosseries.

Déroulement de l’étude

L’équipe recherche 120 volontaires ayant eu un cancer, qui ont terminé leurs différents traitements depuis moins d’un an et qui ne souffrent pas de comorbidités psychiatriques importantes.

Dans un premier temps, les participants seront formés à la transe ou à l’hypnose. Les workshops se font durant deux jours, en deux fois, à deux semaines d’intervalle.

 « Corine Sombrun a créé avec l’aide d’un chercheur des boucles de sons sous forme d’objets numériques élaborés pour induire une transe. Elle a mis au point un protocole pour apprendre aux gens à auto-induire une transe : couché, on écoute ces boucles de sons et on se laisse aller. Le but est que chacun puisse le faire chez soi », souligne Olivia Gosseries.

En ce qui concerne l’évaluation des sujets, les données récoltées concernent trois axes : les symptômes liés au cancer et à la qualité de vie, les variables phénoménologiques (vécu du sujet lorsqu’il est sous hypnose/en transe), et neurophysiologiques (fonctionnement du cerveau dans ces états-là).

Cette technique, non médicamenteuse, n’a encore jamais été étudiée de manière clinique. Les recherches ne sont qu’à leurs débuts, et les chercheuses envisagent des projets supplémentaires sur les douleurs aiguës et chroniques.

Le soutien de la Fondation contre le cancer et du Télévie est une preuve qu’il y a une curiosité, et aussi qu’il y a de la confiance dans nos équipes de chercheurs et dans la qualité de leur travail », termine AudreyVanhaudenhuyse.

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CANCER ET CORONAVIRUS : DES RECHERCHES ETROITEMENT LIEES

La technique de l’ARN messager, commune aux vaccins Moderna et Pfizer BioN Tech, existe depuis plusieurs décennies. Pour faire simple : en créant, puis en injectant un acide ribonucléique (ARN) synthétique adapté, on envoie un message génétique à notre corps. Ce message va le pousser à produire un type bien précis de protéines contre lesquelles, en réaction, notre organisme va stimuler la formation d’anticorps, devenant ainsi sa propre fabrique de vaccin.

Deux chercheurs turcs, Ugur Sahin et son épouse Ozlem Türeci, ont eu l’idée d’appliquer cette technique dans la recherche d’un vaccin contre le cancer, en créant en 2008, en Allemagne, leur propre start-up, BioN Tech. Ces recherches sont toujours en cours aujourd’hui.

Transparence chinoise

En janvier 2020, quelques semaines seulement après l’apparition de la pandémie de SARS-Cov 2, les autorités scientifiques chinoises publient dans le monde entier le séquençage du virus apparu à Wuhan. Ugur Sahin a alors l’idée de se servir de l’ARN de ce virus pour créer un vaccin contre la Covid-19. Il s’associe très vite avec l’Américain Pfizer, et à coups de milliards de dollars et d’essais cliniques de grande envergure, le vaccin à ARN messager peut être mis au point en un temps record.

C’est donc grâce aux progrès dans la connaissance de l’utilisation de l’ARN messager, étudié au départ dans la recherche contre le cancer, qu’on a pu aller aussi vite. Pour Jacques Boniver, membre de la commission scientifique du Télévie, « si la pandémie de coronavirus était apparue dix ans plus tôt, on aurait pris au moins 5 ans pour mettre au point un vaccin ».

A quand un vaccin contre le cancer ?

Mais où en est-on dans la recherche d’un vaccin contre le cancer ? Pour le Professeur Boniver, « il faudra encore attendre 2 à 5 ans, mais la technique de l’ARN messager donne un formidable espoir d’un vaccin thérapeutique adapté à chaque type de cancer». A commencer par le mélanome, le cancer du sein et le cancer du poumon, qui sont parmi les premiers ciblés lors des essais cliniques. L’avantage de cette technique est énorme. Comme le souligne Ugur Sahin, « grâce à l’ARN messager, l’organisme sera en mesure de détruire directement les cellules cancéreuses, contrairement à la chimiothérapie, qui s’attaque aussi aux cellules saines ». Une véritable révolution ! 

Premiers tests encourageants

Chez BioN Tech, plusieurs tests ont déjà eu lieu. La publication de leurs résultats donne des signes encourageants, mais ils sont encore trop peu significatifs. Pour Jacques Boniver, «une chose est sûre : les essais cliniques lancés à grande échelle pour le SARS-COV 2 et les premières vaccinations le prouvent : la technique de l’ARN messager est bien tolérée par l’organisme ». C’est déjà une bonne nouvelle. Les résultats obtenus contre le coronavirus devraient donc permettre à plus long terme de progresser aussi dans la recherche contre le cancer, même si celui-ci reste beaucoup plus complexe qu’un simple virus. « Pour vous donner une comparaison, conclut Jacques Boniver, le virus, c’est une méchante bête qui essaie de pénétrer dans votre corps. Le cancer, c’est tout un troupeau ». La prudence reste donc de mise.


Dominique Henrotte

LE CANCER, C’EST HEREDITAIRE, DOCTEUR?

Comme l’explique Daphné t’Kint de Roodenbeke, chef de la clinique d’oncogénétique de l’Institut Jules Bordet, « On n‘hérite pas d’un cancer, on hérite d’un risque augmenté de développer un cancer ». La grande majorité des cancers ne sont heureusement pas liés à l’hérédité. Seuls 5 à 10 % de certains types de cancer font partie de cette catégorie.

Quels types ?

Les cancers les plus à risque en termes d’hérédité sont les suivants :

  •  Le cancer du sein et/ou des ovaires : 5 à 10 % de ces cancers sont dus à l’hérédité familiale. Lorsqu’une personne est porteuse d’une mutation génétique en ce sens, son risque de développer un cancer du sein avant 70 ans est de 40 à 85 %, alors qu’il n’est que de 10 % dans l’ensemble de la population. En outre, ces cancers se déclarent plus tôt (43 ans en moyenne pour le sein, 55 ans pour les ovaires, contre 63 et 65 ans pour les personnes non affectées par l’hérédité).
  • Le cancer colorectal, est dû à l’hérédité dans 3% des cas. Le risque de développer ce type de cancer avant 70 ans est ici estimé entre 40 et 70 %, en cas de prédisposition génétique.
  • Le cancer de la prostate : 10 % de ces cancers, principalement lorsqu’ils sont diagnostiqués au stade métastatique, surviennent à cause de l’hérédité.
  • Le mélanome : une prédisposition familiale est impliquée ici aussi dans 10% des cas déclarés.
  • D’autres anomalies génétiques peuvent expliquer certains autres cancers, comme le rétinoblastome (cancer de la rétine chez l’enfant), ou encore les cancers du rein (tumeur de Wilms), et du pancréas.

Gènes altérés

C’est l’altération de certains gènes (de l’ADN) au sein de nos cellules qui favorise le développement des cancers. Ce sont souvent d’ailleurs souvent des gènes dont la fonction est de protéger l’ADN qui sont touchés. Dans certains cas, ces anomalies se transmettent d’une génération à l’autre. Soit par le père, soit par la mère, soit par les deux à la fois.

Attention ! Cette transmission n’est pas systématique. Le parent porteur d’une anomalie génétique prédisposant au cancer a 50 % de probabilité de la transmettre à son enfant. Et même si son enfant hérite de cette mutation génétique, il ne développera pas forcément un cancer.

Les indices à surveiller 

Comment savoir dès lors si l’on est sujet à un risque de cancer héréditaire ? Ce risque est suspecté quand une tumeur (non pédiatrique) survient à un âge particulièrement précoce (par exemple un cancer du sein diagnostiqué avant l’âge de 35 ans), quand un même type de tumeur est observé chez trois membres au moins d’une même branche de la famille (frères, sœurs, parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins germains) et quand au moins l’un d’entre eux survient à un âge précoce (moins de 50 ans par exemple pour le cancer du côlon). Autres indices : quand un membre de la famille a développé plusieurs types de cancer (sein et ovaires, par exemple), ou encore quand le cancer a atteint les deux organes d’une paire (seins, reins, yeux).

Attention : le fait que plusieurs membres d’une même famille soient victimes d’un cancer ne s’explique pas forcément par l’hérédité. Par exemple, dans une famille de gros fumeurs, le cancer du poumon aura davantage de risques de se déclarer.

Quelle marche à suivre ?

Que faire si vous pensez être à risque à cause de votre hérédité ? D’abord en parler à votre médecin traitant. Il peut évaluer avec vous cette menace de développer un cancer. Si ce risque est réel, il peut vous guider vers une consultation chez un médecin oncogénéticien. Celui-ci pourra alors pratiquer un test génétique. Il s’agit d’une simple prise de sang, dont l’ADN sera extrait et analysé.

Cette analyse très complexe de l’ADN prend environ trois mois. Au terme de cette période, lors d’un nouveau rendez-vous, l’oncogénéticien vous indiquera les résultats de ce test et discutera avec vous les meilleures mesures de prévention et de suivi. Le but d’une surveillance active et de la prévention est de garantir au mieux la santé et la qualité de vie de chaque patient porteur d’une prédisposition génétique au cancer, en tenant compte de son contexte personnel et familial.

Une rentrée des chercheurs pas comme les autres

Le scénario de ces vidéos est simple : mandatés par Véronique Halloin, la Secrétaire générale du FNRS, Ludovic Daxhelet (RTL) et Arsène Burny ont été envoyés dans les universités francophones et au Grand-Duché de Luxembourg pour remettre leur blouse blanche aux chercheuses et chercheurs financés par le Télévie 2020. Et discuter avec eux de leurs projets de recherche.

Ludovic nous explique : « Avec la Covid-19, on ne pouvait pas faire les choses comme avant. La Rentrée des chercheurs a été imaginée sous une forme différente cette année. C’est pour cette raison que le FNRS m’a envoyé distribuer les blouses un peu partout en Belgique. Je suis particulièrement touché et honoré que l’on m’ait confié cette mission ! »

Véronique Halloin : « Traditionnellement, cette Rentrée des chercheuses et chercheurs a lieu à l’automne. Cet évènement marque symboliquement l’entrée en fonction des nouveaux chercheurs Télévie. Vu le contexte sanitaire, la cérémonie a dû être été annulée. Néanmoins, nous estimions important de maintenir un évènement et présenter au grand public des projets de recherche financés grâce à l’argent récolté lors de l’opération 2020. C’est pourquoi, nous avons repensé et réinventé cette Rentrée sous forme de capsules vidéos. »

Les chercheurs n’ont évidemment pas attendu aujourd’hui pour commencer à travailler. Les nouveaux chercheurs sont déjà entrés en fonction et les autres ont pu poursuivre sans interruption des projets déjà entamés les années précédentes. La recherche contre le cancer n’a donc pas pris de retard, malgré la pandémie. 

Pour rappel, avec les 10.546.650,71€ récoltés durant le Télévie 2020, ce sont 83 nouveaux chercheurs, 7 nouveaux techniciens qui ont été engagés, et 6 projets multidisciplinaires et inter-universitaires qui ont vu le jour. Au total, quelques 200 chercheurs Télévie sont en fonction cette année grâce à vos dons. 

Ludovic rencontre Véronique Halloin, secrétaire générale du FNRS :

Ludovic va donner les tabliers aux chercheurs de l’université de UMons ;

Ludovic va donner les tabliers aux chercheurs de l’université de ULiège:

Ludovic va donner les tabliers aux chercheurs de l’université de Namur :

Ludovic va donner les tabliers aux chercheurs de l’université LIH Luxembourg :

Ludovic va donner les tabliers aux chercheurs de l’Université libre de Bruxelles (ULB):

Ludovic va donner les tabliers aux chercheurs de l’université UC Louvain:

Plus que jamais la recherche a besoin de vous. Ensemble, faisons gagner la vie !

Cancer : pas de trêve à cause du Covid

De mars à septembre, ce chiffre était retombé à moins 14 %, avec un pic à moins 18 % pour les plus de 80 ans. C’est particulièrement vrai pour les cancers de la peau, de la vessie et des reins. Mais moins de cas diagnostiqués ne signifie pas, hélas, moins de cancers parmi la population belge .

VERS UNE HAUSSE DE LA MORTALITE

La peur d’attraper la Covid et la propension des gens à vouloir rester chez eux, et à ne pas sortir, même pour aller en consultation : voilà ce qui explique en grande partie cette diminution des chiffres. Conséquence néfaste : le diagnostic du cancer est posé plus tard. La maladie a eu le temps de progresser. Le traitement sera donc entamé à un stade plus avancé.

C’est aussi le constat posé en France, par l’Institut du cancer de Montpellier. Son directeur, Marc Ychou : « Un grand nombre de nouveaux patients arrivent à l’hôpital avec des tumeurs plus avancées qu’à l’accoutumée. Et moins de personnes viennent nous voir à un stade précoce ». 

Selon une étude de chercheurs britanniques et canadiens publiée dans le « British Medical Journal » et portant sur sept types de cancer, chaque report d’un mois d’une chirurgie augmenterait la surmortalité de 6 à 8 %.  Les résultats sont encore plus inquiétants pour certaines radiothérapies et autres chimiothérapies : le risque de décès s’accroîtrait de 9 % pour les radiothérapies dans le cancer de la tête et du cou, et de 13 % dans les traitements post-chirurgie en cas de cancer colorectal.

Même un délai de seulement deux semaines dans le traitement d’un cancer du sein augmenterait le risque de décès de 4 %. Si ce retard passe à 12 semaines, le risque de mortalité croîtrait alors de 26 % !

UN CONFINEMENT LOURD DE CONSEQUENCES

Tout cela sans parler des traitements, plus agressifs en cas de diagnostic tardif, de la perte de qualité de vie des malades, de la charge économique due au coût plus important des traitements.

Pour les chercheurs, les retards de diagnostic issus  du premier confinement auront des effets néfastes quantifiables dans quelques années. Selon une étude française menée par le réseau hospitalier « Unicancer », le ralentissement des soins imputable au confinement pourrait être la cause de de 1000 à 6000 décès dans les années à venir.

C’est pourquoi, les instances médicales et la Fondation contre le cancer invitent le grand public à consulter un médecin en cas de signaux d’alarme persistants. Surtout n’attendez pas avant de consulter ! Tout retard dans le diagnostic risquerait d’entraîner de lourdes conséquences pour votre santé !

Le sport : leur arme contre le cancer

Depuis que le Télévie a lancé sa plateforme de parrainage en février 2017, le nombre de pages de collecte créées pour soutenir des performances sportives n’a cessé d’augmenter. Et les dons avec : plus de 3.600 donateurs sont passés par là, pour plus de 165.000 € récoltés. À la première initiative – les 20 km de Bruxelles –, d’autres ont suivi : joggings, marches, parcours cyclistes, etc. Rien qu’en 2019, 131 activités organisées par les bénévoles se déclinaient sur le thème du sport. En 2020, l’épidémie et le confinement ont eu raison de certains projets, notamment des 20 km de Bruxelles. Mais pas de tous.

Au nom d’un mien
Parmi la vingtaine de pages de collecte ouvertes sur le site du Télévie, celle de Quentin Lelong mérite qu’on s’y attarde : il fait parrainer son « idée folle de courir 100 km pour la lutte contre le cancer ». « Il faut dire que le Télévie et moi, nous sommes presque nés en même temps », précise le coureur pour expliquer son attachement à l’opération. « Vous le méritez, vous êtes juste incroyables, dans tout ce que vous faites, tant les bénévoles que les chercheurs et les animateurs. » Pour relever ce double challenge (courir 100 km et rassembler 1.000 €), Quentin espère avoir le même courage que son oncle Pierre quand il a été emporté par le cancer. C’est souvent en mémoire d’un être cher, rescapé ou disparu, mais toujours héroïque face à la maladie, que ces initiatives sont lancées.

Du Mont Asgard au Galibier
Le sport a toujours fait partie de l’esprit Télévie. Dès les années 90, la majorité des activités organisées par les bénévoles pour récolter de l’argent ont une consonance sportive (tournois de tennis ou de golf, marches, etc.). Les évènements montés par RTL Belgium adoptent la même philosophie : que ce soit au Grand Défi ou au Télévie en fête, les activités sportives sont nombreuses (joggings, courses de vélo, yoga). En 30 ans, l’opération a connu des exploits, comme lorsqu’en 2010 une équipe de jeunes alpinistes a planté le drapeau Télévie au sommet du Mont Asgard, après un mois de marche et deux semaines d’escalade. Le goût du défi continue à titiller Jean-Michel Zecca qui comptait lancer son vélo sur les pentes du Galibier en juin dernier, après avoir affronté celles du Mont Ventoux. Le projet est reporté à juin 2021 : il était impensable de décevoir les quelque 350 cyclistes qui s’étaient inscrits en l’espace de 10 jours pour rejoindre cette épopée. Le Télévie n’a d’ailleurs pas l’apanage du défi sportif relevé pour la bonne cause : aux 20 km de Bruxelles, on court pour la Fondation contre le Cancer, BIG against Brest Cancer ou Think Pink, etc.

Le sport avant, pendant et après le cancer
Bref, le sport est partout. Alors, sport et cancer, un bon mélange ? Assurément, selon Jean-Luc Van Laethem, Chef de la clinique d’oncologie digestive à Erasme et promoteur de projets Télévie. D’abord, en termes de prévention : « des données confirment la diminution du risque de développer un cancer quand on pratique une activité physique régulière. On sait en particulier que l’obésité et le surpoids favorisent ces maladies ».
Ensuite, dans le cadre d’un traitement, le sport rejoint une visée curative. « On ne demande pas aux patients oncologiques de devenir des Iron men ou des marathoniens », explique le médecin, « mais on leur recommande une activité physique dans des proportions modérées car la stimulation physique améliore une série de paramètres cliniques, physiques et psychiques. » Comprenez que les bénéfices du sport sont nombreux : diminution de la fatigue, réduction des troubles anxio-dépressifs, amélioration de l ’image corporelle, réduction des douleurs, diminution des effets secondaires des traitements. En termes de prévention de la récidive, les chiffres sont formels : « Des études menées dans le cadre des cancers du sein et du colon ont comparé des patients sédentaires et des patients qui ont une activité physique : les seconds présentent un plus grand taux de survie sans récidive », assure Jean-Luc Van Laethem.
La prise de conscience est si grande qu’aujourd’hui une série de programmes de kiné, de coaching et de revalidation physique sont mis en place en marge des traitements traditionnels. « Beaucoup de patients ont également le besoin d’interroger leur rapport à la vie », précise le promoteur Télévie en évoquant le développement de cours de yoga, de taï-chi ou de pleine conscience. Le sport apparait alors comme une façon de se remettre en selle et de réintégrer la vie sociale : « C’est un mécanisme qui existe aussi indépendamment de la maladie : faire du sport, être actif, compétitif, ça augmente l’estime de soi et aide à surmonter des contextes de dépression », analyse Luc Van Laethem qui conclut : « Un défi sportif, en fin de parcours thérapeutique, c’est une belle façon de reprendre le dessus sur la vie. » C’est ce qu’ont fait Marie et ses complices de l’asbl EnVie.

De l’idée au médicament…

Recherche fondamentale
L’objectif de la recherche fondamentale en cancérologie est de comprendre le fonctionnement des cancers. C’est le socle indispensable au développement futur d’un traitement.
« Pour aboutir à la découverte d’une nouvelle cible potentielle, il faut une idée originale, de l’expertise dans un domaine très précis, de la collaboration entre chercheurs, de l’argent pour s’outiller et pouvoir engager du personnel, et de la chance », liste Pierre Sonveaux. Le temps est également un allié indispensable : une découverte peut prendre des années.

Les chercheurs identifient de nouvelles molécules responsables de fonctions jusque-là insoupçonnées, sans savoir encore si elles pourraient servir pour un traitement. C’est comme lorsqu’on étudie le ciel : certains experts découvrent de nouvelles planètes, sans que l’utilité de cette découverte soit évidente.

Recherche translationnelle
Parmi les molécules et fonctions découvertes, certaines passent dans les mains de la recherche translationnelle, une recherche beaucoup plus appliquée puisqu’elle vise à leur trouver une utilité médicale. « Le challenge des chercheurs, c’est de parvenir à identifier une cible thérapeutique pour laquelle on pourra développer un traitement », explique Pierre Sonveaux.
Il faut ensuite fabriquer un prototype de médicament. On va lui donner des caractéristiques physiques particulières : « Il faut que ce prototype agisse comme on le souhaite : qu’il soit stable dans le sang et qu’il arrive dans la tumeur. Il faut ensuite qu’il puisse être conservé plus de cinq minutes au frigo et idéalement, qu’il puisse être administré par voir orale. Et surtout, il faut veiller à ce qu’il provoque le moins d’effets secondaires possible », cite le chercheur.

Plusieurs prototypes sont réalisés, testés et comparés en cellules (in vitro). Le meilleur est retenu, et testé chez la souris. Et c’est ainsi que l’on aboutit finalement à un ou plusieurs candidat( s)-médicament(s) pour le(s) quel(s) les chercheurs vont déposer un brevet.

Tout cela peut prendre beaucoup de temps et demande beaucoup d’argent. Une grande partie de la recherche translationnelle est financée par le Télévie, et une petite partie par les entreprises pharmaceutiques.

Recherche clinique
C’est la recherche la plus chère : impossible de la financer avec le Télévie. Ce sont donc les entreprises pharmaceutiques qui prennent le relais.
Les essais cliniques du candidat médicament débutent chez l’Homme et sont divisés en 3 phases :
Phase I : on teste sa toxicité, c’està- dire la dose maximale tolérée. Si quelque chose ne se passe pas bien, le candidat-médicament est souvent abandonné car le risque est trop grand. Si tout se passe bien, on passe à la phase suivante.

Phase II : on teste l’efficacité du médicament. Par exemple, 1.000 patients arrivant à l’hôpital sont divisés en deux groupes : le 1er est traité comme d’habitude, le 2e est traité comme d’habitude, mais avec le nouveau traitement en plus. Un essai de phase II coûte environ 10.000.000 €. Comme en phase I, si tout se passe bien, on passe à la phase suivante ; si pas, le processus est arrêté.
Phase III : on vérifie l’efficacité universelle. Les patients sont maintenant plusieurs milliers, par exemple 20.000, et sont testés dans de nombreux hôpitaux de plusieurs pays.C’est une phase qui demande beaucoup de patients, et donc beaucoup de temps. De plus, un essai clinique de phase III avec 20.000 patients coûte environ… 200.000.000 € ! Soit l’équivalent de 20 opérations Télévie », souligne le chercheur. « Et il faut répéter l’exercice pour chaque type de cancer ».

C’est une recherche très difficile : sur 20 candidats-médicaments, 19 seront arrêtés en essais cliniques. S’il a franchi toutes ces barrières, la documentation du traitement
est envoyée à un organisme de vérification et de validation (en Europe, c’est l’Agence Européenne des Médicaments, aux États-Unis c’est la Food and Drug Administration).
Si l’Agence détecte un problème dans la procédure, l’entreprise pharmaceutique doit se plier à des tests et analyses supplémentaires.
Au terme de cette enquête approfondie, le médicament peut alors être produit en
un grand nombre d’exemplaires et être commercialisé.
Pour que l’innovation perdure, il faut que l’entreprise pharmaceutique qui a investi récupère son investissement. Cependant, lorsque le brevet tombe à échéance au bout de 20 à 25 ans, n’importe quel concurrent peut copier le médicament et le vendre.
C’est ce qu’on appelle les médicaments génériques.

Les bénévoles et la COVID-19

Un véritable casse-tête : c’est ce que représentent aujourd’hui la crise de la COVID-19 et ses mesures restrictives pour de nombreux bénévoles ! « Début septembre à Callenelle,
raconte Isabelle Willems, notre 15e week-end Télévie prévoyait un souper le samedi, un petit-déjeuner et un dîner le dimanche, un concours de pétanque et un concours de pigeons. Nous n’avons pu garder que le concours de pigeons ! Même chose pour notre duathlon début octobre : trop compliqué à organiser avec les règles strictes instaurées par le Gouverneur de la Province. Et nous n’étions alors qu’en code orange !
»
« Cette année, précise Florence Normand, qui coordonne les bénévoles au FNRS, 163 activités Télévie sur les 734 prévues ont été annulées. Les responsables m’appellent pour demander conseil : peut-on organiser notre activité ? Pas évident, vu que les règles changent d’un mois à l’autre ! » Seul ce qui était prévu en extérieur (marches, balades canines ou équines) a été maintenu.
Certains comités ont reporté leurs organisations à une date ultérieure.
D’autres ont choisi de se réinventer. On ne peut plus vendre les produits Télévie aux entrées des grandes surfaces ? On les vendra en virtuel, ou dans les pharmacies.
On ne peut pas organiser de souper ? Alors, on va fabriquer des masques pour lutter contre la COVID-19, ou des articles « zéro déchet », comme l’a fait Martine Allard, responsable de son propre comité Télévie.

Un seul mot d’ordre : l’imagination au pouvoir !

Hélène Van Parys et son comité de Chastre, ont dû annuler 5 événements Télévie cette année. « Avec nos 30 bénévoles, nous avons choisi d’écouler notre stock de miel via les réseaux sociaux, avec des dépôts chez les bénévoles et les commerçants. Idem pour les confitures, que nous ne pourrons pas vendre sur le marché de Noël, lui aussi annulé. Grâce à ce système, le comité a pu écouler 220 pots de miel et plus de 300 pots de confiture. Plus que les autres années ! »

Vive la formule « à emporter » !

Isabelle Willems, elle, a choisi de transformer son souper fromages du 24 octobre en formule « à emporter ». Et ça a marché ! Plus de 150 réservations. Avec ses 12 bénévoles, elle a pu se réorganiser.
« Les commandes étaient emportées sur rendez-vous, toutes les 5 minutes. Avec une entrée et une sortie différentes dans la salle, et du gel hydro-alcoolique à l’entrée. On n’avait pas trop le choix ! ».
Pour Noël, Hélène Van Parys et ses amies et amis préparent des paniers gourmands. Galettes, speculoos, truffes, et autres bouteilles de champagne viendront les garnir, en plus des confitures. Là aussi, la vente se réalisera via les réseaux sociaux et les points de distribution évoqués plus haut. « Notre chance, aussi, c’est que nos sponsors se montrent assez souples. Soit ils reportent leur sponsoring à l’an prochain, soit ils offrent directement le montant en euros sans attendre l’activité ».
N’empêche, tous les bénévoles sont unanimes : ces solutions de fortune, aussi créatives qu’elles soient, ne remplacent pas les contacts humains qu’on peut se créer ou entretenir autour d’un bon repas, ou lors d’un événement.
Parce que le Télévie, c’est aussi cela, des moments de partage autour d’une même cause : la lutte contre la maladie.

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