Les Omega 3 à la rescousse pour lutter contre le cancer

Publié le 30 juin 2021 dans News


Cela fait trois ans et demi qu’Emeline Dierge, chercheuse Télévie FNRS travaille sur le sujet pour sa thèse de doctorat, qu’elle achèvera avant la fin de cette année. Au centre de ses recherches, le DHA, un oméga-3 bien connu, que l’on trouve notamment dans les poissons gras comme le saumon ou les sardines. Cet acide gras qui peut prévenir différents types de cancers peut donc aussi jouer un rôle central pour ralentir la propagation des tumeurs malignes. « Quand les tumeurs grandissent, elles s’acidifient, explique la jeune chercheuse.  Pour survivre à cet environnement, elles vont modifier leur métabolisme et préférer les acides gras aux sucres. On a découvert que les acides gras à longue chaîne, de type omega-3 (comme le DHA) et omega-6 étaient toxiques pour les cellules cancéreuses présentes dans les zones acides de ces tumeurs. Or ce sont ces cellules-là qui migrent dans l’organisme pour former des métastases. Grâce aux acides gras en question, on peut donc les éliminer et ralentir ainsi le développement du cancer de plusieurs mois, voire sans doute de plusieurs années ».

Des essais cliniques concluants

Dans le cadre de sa thèse, Emeline Dierge a réalisé avec succès des essais cliniques sur des souris. Conclusion : en présence d’une quantité trop importante de DHA, la cellule tumorale de la souris n’arrive plus à stocker cet acide gras qui s’oxyde alors, entrainant la mort par implosion de la cellule cancéreuse. Une molécule utilisée dans des études cliniques contre l’obésité permet même d’augmenter les effets toxiques du DHA pour les cellules cancéreuses. L’action du DHA se montre efficace sur des tumeurs de type solide, où on détecte une masse tumorale importante, comme dans les cancers du sein ou du côlon. Des essais cliniques doivent encore être menés pour valider son efficacité sur tous les types de tumeurs solides. Une mini-étude clinique est à présent en cours sur des êtres humains.

Plus de DHA dans l’alimentation

Alors faut-il consommer davantage de DHA ?  « Notre consommation journalière devrait être de 250 mg. Elle n’est que de 50 à 100 mg », précise le professeur Yvan Larondelle, bio-ingénieur à l’UCLouvain, qui œuvre actuellement à la création d’une spin-off proposant des aliments riches en DHA, produits à base de quinoa cultivé en Wallonie. « Il faut en consommer plus, mais pas à n’importe quel prix, précise Emeline Dierge : « de nombreux poissons gras sont contaminés par la pollution. Il faut bien contrôler leur origine ».

Outre les poissons gras, on trouve aussi le DHA dans les crustacés, l’huile de lin et les aliments enrichis en omega-3, comme les œufs Columbus, ou certaines margarines enrichies. Mais on le trouve aussi en vente en gélules dans les pharmacies. Faut-il dès lors le prescrire dans le traitement des cancers ? « D’une manière générale, les aspects nutritionnels peuvent être davantage pris en compte dans la prise en charge des patients, estime Emeline Dierge. Les oncologues pourraient donc prescrire davantage de gélules d’omega-3, déjà utilisées pour réduire les effets secondaires des chimiothérapies ».

Emeline Dierge

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