Les chercheuses issues du CHU de Liège et du Giga-Consciousness ont lancé une étude clinique qui a pour but d’étudier une nouvelle méthode : la transe cognitive. Cette idée de s’interroger sur les effets que pouvait avoir l’apprentissage de cette transe chez les patients en oncologie est née en 2017, suite à la rencontre entre Audrey Vanhaudenhuyse et Corine Sombrun, ethnomusicologue.
« Lors de mes études de psychologie, je me suis très tôt intéressée aux sciences cognitives. J’ai rencontré Corine Sombrun, une Française formée en Mongolie aux pratiques de la transe chamanique et je me suis intéressée à la transe cognitive qui, comme l’hypnose, est un état de conscience modifiée », explique Audrey Vanhaudenhuyse. Olivia Gosseries a quant à elle étudié la neuropsychologie. C’est après un séjour dans un centre de neuro-réadaptation à Montréal qu’elle s’est intéressée au coma et a par la suite rejoint le Coma Science Group.
« Au départ, on parlait de transe chamanique, mais Corine Sombrun s’est vite rendu compte que l’accès à la transe était un potentiel cognitif et qu’une majorité d’entre nous avait la capacité d’y accéder. Elle a donc préféré changer de nom et parler de ‘transe cognitive’. Ce terme est débattu parce que la transe est basée sur le mouvement, les sons et l’expression corporelle », ajoute OliviaGosseries.
Le projet
Au début de l’année, l’équipe, épaulée également de Charlotte Grégoire, psychologue clinicienne, a donc débuté une étude pour comparer les effets que pouvait avoir l’apprentissage de la transe sur les douleurs, l’anxiété, la fatigue, le sommeil et la dépression à ceux induits par la pratique de l’autohypnose chez des patients ayant eu un cancer.
« L’hypnose donne de très bons résultats chez ces patients et permet d’améliorer la gestion émotionnelle en diminuant l’anxiété et la dépression, elle améliore les troubles du sommeil, diminue la douleur et permet de lutter contre les problèmes de mémoire et de concentration », explique Audrey Vanhaudenhuyse.
« L’objectif est de voir si la transe cognitive peut produire des effets similaires. On va mesurer le vécu subjectif mais aussi l’activité cérébrale », ajoute Olivia Gosseries.
Déroulement de l’étude
L’équipe recherche 120 volontaires ayant eu un cancer, qui ont terminé leurs différents traitements depuis moins d’un an et qui ne souffrent pas de comorbidités psychiatriques importantes.
Dans un premier temps, les participants seront formés à la transe ou à l’hypnose. Les workshops se font durant deux jours, en deux fois, à deux semaines d’intervalle.
« Corine Sombrun a créé avec l’aide d’un chercheur des boucles de sons sous forme d’objets numériques élaborés pour induire une transe. Elle a mis au point un protocole pour apprendre aux gens à auto-induire une transe : couché, on écoute ces boucles de sons et on se laisse aller. Le but est que chacun puisse le faire chez soi », souligne Olivia Gosseries.
En ce qui concerne l’évaluation des sujets, les données récoltées concernent trois axes : les symptômes liés au cancer et à la qualité de vie, les variables phénoménologiques (vécu du sujet lorsqu’il est sous hypnose/en transe), et neurophysiologiques (fonctionnement du cerveau dans ces états-là).
Cette technique, non médicamenteuse, n’a encore jamais été étudiée de manière clinique. Les recherches ne sont qu’à leurs débuts, et les chercheuses envisagent des projets supplémentaires sur les douleurs aiguës et chroniques.
Le soutien de la Fondation contre le cancer et du Télévie est une preuve qu’il y a une curiosité, et aussi qu’il y a de la confiance dans nos équipes de chercheurs et dans la qualité de leur travail », termine AudreyVanhaudenhuyse.
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