Bien que fréquente l’infertilité après cancer n’est pas systématique et dépend de nombreux facteurs. Pour les hommes à risque, la procédure de préservation est relativement simple : recueillir et congeler le sperme. Pour les femmes, les procédures sont généralement plus lourdes. La technique la plus utilisée pour la préservation chez la gente féminine est la congélation d’ovocytes, mais elle n’est pas toujours réalisable. L’alternative est la cryopréservation des tissus ovariens. Grâce à la transplantation de tissu ovarien congelé, la première grossesse après un cancer a eu lieu en 2004 en Belgique. « On compte aujourd’hui entre 130 et 150 enfants nés suite à une greffe dans le monde », nous raconte Isabelle Demeestere.
Le type de traitement (chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie) et l’âge vont déterminer le risque d’infertilité future. C’est pour cette raison qu’Isabelle Demeestere a décidé de consacrer une partie de ses recherches à la toxicité des traitements. « Une dizaine de personnes étudient les mécanismes qui induisent cette toxicité au sein du laboratoire. L’objectif est d’agir sur les processus qui abîment les ovaires », explique Isabelle Demeestere
Ses recherches se concentrent également sur des plus jeunes patients, les enfants. « Leur prise en charge est particulièrement complexe car il est difficile de proposer des procédures supplémentaires pour préserver la fertilité alors que les enfants subissent déjà des traitements invasifs. Cependant c’est grâce à la préservation du tissu ovarien avant les traitements qu’on pourra les aider en cas d’infertilité à l’âge adulte. De plus, cela nous permet d’envisager l’avenir avec eux et de garder espoir », nous confie la chercheuse.
Cette étude a pris énormément d’ampleur ces dernières années. « La philosophie a changé. On ne pense plus seulement qu’à la survie, comme avant, mais également à la qualité de vie, qui devient prioritaire en clinique et donc dans nos recherches », nous explique Isabelle Demeestere. Grâce entre autre au soutien du Télévie depuis de nombreuses années, la Belgique a acquis une reconnaissance internationale pour ses travaux sur la préservation de la fertilité.
La préservation de la fertilité chez les jeunes patientes est un sujet étudié à la fois en recherche fondamentale et en recherche clinique. « Au moment de ma thèse, dans les années 90, qui traitait de la préservation de la fertilité, il n’existait pas encore de programme clinique de préservation de la fertilité. C’est formidable de voir que maintenant la Belgique est leader dans ce domaine grâce aux recherches qui ont débuté très tôt avec le soutien du Télévie et les succès que nous avons obtenu en clinique», conclut Isabelle Demeesterer.