« Sans le Télévie, impossible de maintenir le niveau de la recherche »

Publié le 14 janvier 2019 dans News


Le professeur Blanpain et son équipe se penchent sur le rôle des cellules souches dans le cancer. Ces cellules souches cancéreuses seraient responsables de la croissance d’une tumeur, mais aussi de sa résistance aux traitements et pourraient expliquer pourquoi un cancer peut récidiver. Cédric Blanpain travaille aujourd’hui pour gommer ce conditionnel. La finalité est simple : mieux prévenir la maladie et améliorer le traitement du patient.

Comprendre l’origine du mal

Axées au départ sur les cellules souches, les recherches de Cédric Blanpain et son équipe s’orientent depuis 12 ans sur le cancer. « Nous cherchons des réponses à plusieurs grandes questions. Par exemple, quel est le rôle des cellules souches dans la maintenance des différents tissus ? La deuxième grande question concerne l’identification des cellules à l’origine du cancer. Nous essayons de comprendre les mécanismes précoces dans ce que l’on appelle l’initiation tumorale, c’est-à-dire quand le tissu est encore normal et s’apprête à devenir cancéreux. Enfin, nous avons dépensé beaucoup d’énergie à essayer de comprendre les mécanismes derrière l’hétérogénéité tumorale. Pourquoi les tumeurs sont-elles différentes d’un cancer à l’autre, ou bien entre patients atteints du même type de cancer, et entre les différentes cellules d’un même cancer ? »

Des résultats probants

Le chercheur publie chaque année dans les meilleures revues scientifiques. Rien qu’en 2018, le Pr Blanpain et son équipe définissent les différents états de transition survenant au cours de la progression du cancer. Une première. Ils identifient les cellules à l’origine du cœur et l’origine des cellules souches du sein. L’équipe fait également une découverte majeure dans le traitement des rechutes dans  les  carcinomes  basocellulaires,  les  cancers  de la  peau  les  plus  fréquents, tout en y proposant une nouvelle stratégie thérapeutique. Une percée qu’a permis, entre autres, le Télévie.

« La recherche contribue à mieux comprendre les cancers certes, mais également à mieux pronostiquer les récidives »

Le supplément d’âme

C’est que le Télévie joue un grand rôle dans la recherche menée par Cédric Blanpain et son équipe. « C’est un complément indispensable pour la recherche en cancérologie en Fédération Wallonie-Bruxelles », admet l’intéressé. « Sans cet argent, toutes les avancées que nos chercheurs font chaque année ne seraient qu’illusions. C’est quelque chose qui me tient tout particulièrement à cœur. Il ne s’agit pas d’un impôt sur la population mais d’une contribution individuelle et volontaire. C’est toujours très touchant. »

Grâce au Télévie, le chercheur de l’ULB est cette année promoteur de cinq projets Télévie, des bourses (appelées grants) accordées à des diplômés universitaires afin de poursuivre des travaux de recherches en vue de l’obtention d’un doctorat ou de se perfectionner après un doctorat. « Ce que j’ai reçu est exceptionnel. Sans le Télévie, je ne pourrais pas maintenir le niveau de la recherche que je mène contre le cancer. Ce serait impossible. Parce que les autres bourses sont très limitées. Nos sources de financement se sont réduites au cours du temps et ont vraiment fondu ces dernières années. Grâce au Télévie, au moins, on diminue l’impact négatif de cette baisse de budget qui touche la Wallonie et Bruxelles. »

À quoi s’attendre demain ?

Pour mieux combattre la maladie, il faut mieux la comprendre. Ce qui n’est pas une mince affaire tant le cancer est une maladie capricieuse. « Tous les ans, nous espérons faire avancer la connaissance. La recherche contribue à mieux comprendre les cancers certes, mais également à mieux pronostiquer les récidives. J’aimerais également un jour découvrir un nouveau médicament qui permettrait aux patients de guérir du cancer. »

Le cancer cache encore nombre de ses secrets aux chercheurs. « Nous aimerions mieux comprendre les cellules à l’origine des métastases, les mécanismes de résistance aux traitements. L’objectif est également de trouver des solutions innovantes pour pallier cette résistance au traitement, mais aussi les rechutes. Il faut pouvoir les identifier de manière plus précoce afin d’adapter le traitement des patients avant que le cancer n’évolue. »

Laurent Zanella


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