Je les applaudis depuis cinq ans !
Publié le 5 mai 2020 dans Moments Forts, News
L’annonce d’un cancer est une chose terrible. Foudroyante. J’étais complètement perdu, explique Gil Bréac, jamais je n’avais connu l’hosto. Et, tout d’un coup, me voici avec un diagnostic effroyable : cancer au stade 4, au bord de l’étouffement, parti pour une année de chimio et de radiothérapie qui me laisse dans un état épouvantable avec une espérance de vie révélée, un peu brutalement par un médecin, à seulement quelques semaines.
Parce qu’il est d’une nature combattive et qu’en même temps il n’a jamais cru qu’il était aussi malade, se disant en permanence il faut que je soigne ce gros rhume, avec son épouse et sa famille comme soutien, il rebondit, quitte l’hôpital où il était soigné et s’adresse au professeur Thierry Pieters qui avait soigné son père aux cliniques universitaires St-Luc. Le chef du service pneumologie lui propose un nouveau traitement, l’immunothérapie, encore expérimentale à l’époque.
Tout bascule à nouveau, mais cette fois dans le bon sens.
Jusque-là, les relations avec les médecins, les oncologues étaient opaques, quasi inexistantes et, en tous cas, peu apaisantes par rapport à l’état du patient. Tout s’éclaircit, s’explique, devient transparent et sans promesse redonne l’espoir à Gil. Durant trois longues années, toutes les deux semaines, il se rend de son domicile de la région de Gerpinnes à St-Luc (Woluwé St-Lambert) pour y recevoir ce traitement. Fini le côté chimique des choses, une manière plus naturelle de combattre cette saloperie et de pouvoir m’en débarrasser. Durant, en particulier cette période à l’unité 42, où des gens malades comme moi se présentent à intervalles réguliers dans leur lutte contre le mal, j’ai pu apprécier à quel point le service qui nous était porté était louable. Quand on est malade et que l’on suit un traitement, c’est avec les infirmières que l’on passe le plus de temps. Le professeur, je le voyais tous les trimestres pour faire le point, mais tous les 15 jours, ce contact proche et régulier m’a particulièrement marqué. Ce qui est vrai dans tous les services, parce que j’ai eu l’occasion de « voyager » en cinq ans. Leurs gestes, leurs attentions, leurs sourires, leur écoute incroyable, leur disponibilité extraordinaire, leur calme parfois face au désespoir ou à l’exaspération de certains patients sont autant de leçons et de preuve du bien-être qu’ils et elles apportent et procurent. Sans tout cela, le patient s’effondre.
La période de confinement que nous venons de traverser et qui se poursuit par les mesures strictes de notre nouvelle vie a amené beaucoup de gens à les applaudir le soir à 20h00, chez nous et dans de nombreux pays, pour ne pas dire dans le monde entier. Moi, cela fait cinq ans que j’applaudis !
Mission accomplie
L’histoire de Gil qui a commencé par une toux qui paraissait banale se referme presque miraculeusement. Le professeur Pieters, lui-même, m’a dit un jour son étonnement. Cette belle surprise, peu courante, confirmée par un pet scan : tout avait disparu, plus aucune trace du cancer. L’immunothérapie avait rempli sa mission à 100%.
Aujourd’hui, ça va, dans l’attente du cap des cinq ans qui confirme, effectivement que la tumeur a disparu, que ce cauchemar est fini. J’ai voulu, immédiatement, rendre hommage et soutenir ceux que l’on appelle « les blouses blanches », en composant le « blues of remission », moi qui ne chantais jamais ce style de musique. Un titre offert à la générosité du public, disponible sur toutes les plateformes de téléchargement, dont les bénéfices sont versés en faveur de la fondation St-Luc pour l’institut Roi Albert II qui prend en charge tous les types de cancer par une approche globale et humaine.
Outre cette reconnaissance infinie en regard du personnel hospitalier, Gil se veut aussi porteur d’un message : ne jamais abandonner, toujours se battre, ne jamais croire que c’est terminé en essayant d’autres traitements pratiqués par d’autres médecins dans d’autres hôpitaux. Il faut tout tenter. Il en est aujourd’hui une preuve (très) vivante que cela en vaut la peine !
Frédéric Bastien