Nos chercheurs en confinement, entre solidarité et poursuite du travail

Publié le 29 avril 2020 dans News



« Le monde tourne au ralenti. Forcément, la recherche est, elle aussi ; un peu amortie… Mais que chaque patient, chaque bénévole, chaque donateur soit rassuré : nous ne les lâchons pas ! ». Michaël Herfs, Chercheur qualifié FNRS à l’ULiège donne directement le ton : les chercheurs Télévie sont toujours sur le front.

Les chercheurs travaillent la nuit

Ils avancent dans leurs recherches contre le(s) cancer(s) d’abord. Si la majorité des expériences a été arrêtée au début du lockdown, les laboratoires n’ont pas totalement fermés pour autant : avec les dérogations nécessaires, les expériences entamées suivent leur cours, notamment les manipulations indispensables à la correction d’articles scientifiques qui font l’objet de publications urgentes. « Mais tout ceci dans le plus grand respect des mesures de sécurité », explique Pierre Sonveaux, Maître de recherches FNRS à l’UCLouvain et Promoteur Télévie. « Nous avons établi un horaire de travail et mis en place un système de réservation des machines qui permet au personnel de ne pas se croiser. En ce qui me concerne, je n’hésite pas à rejoindre le laboratoire de nuit, à des heures où il est moins prisé », précise l’expert. Ainsi, en moyenne, les chercheurs continuent-ils à travailler en présentiel en laboratoire pendant 10 à 20% de leur temps.

Le reste – donc l’essentiel – de leur temps de travail est dorénavant consacré à la lecture et à la rédaction d’articles scientifiques, étapes de toute façon inévitables dans le processus de recherche. Autrement dit, les chercheurs Télévie ont réorganisé leur agenda, postposé certaines expériences en laboratoire, des journées d’étude, des colloques. Pendant leur confinement, ils couchent sur le papier les résultats de leurs expériences, passent en revue la littérature scientifique et engrangent des connaissances.

Mais les grands rendez-vous sont maintenus. Parmi ceux-ci, les soutenances de thèses en cancérologie, qui continuent d’être défendues, via Zoom, Teams ou Skype. « C’est la généralisation d’une pratique qui existait déjà, quand certains membres étrangers ne pouvaient rejoindre physiquement le jury », note Michaël Herfs qui l’admet toutefois : « la pratique virtuelle est moins chaleureuse. Nous sommes directement focalisés sur le sujet scientifique, il n’y a plus les échanges informels ni le verre de fin de thèse qui sont des moments importants dans la carrière d’un chercheur ». Mais… « on peut désormais soutenir sa thèse en pantoufles ! », relève Pierre Sonveaux, un sourire dans la voix. Les comités d’accompagnement des Aspirants et des Boursiers Télévie se poursuivent également virtuellement, comme n’importe quelle autre réunion importante. Les étudiants ne sont donc pas trop ralentis dans leur progression vers le doctorat.

Le Télévie est solidaire face à la crise du Covid-19.

Et puis, face aux enjeux de la crise actuelle, les chercheurs Télévie sont solidaires. Leur contribution est avant tout matérielle. « Nos laboratoires ont prêté aux hôpitaux des machines PCR. Nous avons également donné pratiquement tous nos masques et nos gants, pour ne garder que le strict minimum », révèle Pierre Sonveaux.

Certains chercheurs Télévie ont en outre rejoint la Task force contre le coronavirus et, à l’ULiège, consacrent trois fois quatre heures par semaine au laboratoire de diagnostic COVID. « Les techniques PCR utilisées dans le cadre du dépistage du coronavirus sont les mêmes que celles permettant le dépistage de certains cancers (col de l’utérus) et la recherche de mutations dans les cancers. Les chercheurs en cancérologie ont donc une expérience transposable pour participer activement à la lutte actuelle. Ce bénévolat est conçu comme faisant partie de la mission du chercheur, au service de la communauté », rapporte Michaël Herfs. Concrètement, les chercheurs Télévie impliqués dans ce labo reçoivent les prélèvements et les inactivent, ils extraient l’ARN du virus, le convertissent en ADN et, par PCR, l’amplifient pour le détecter.

Vidéo : une centaine de personnes travaillent bénévolement au laboratoire du GIGA pour une capacité de 2600 tests/jour. Parmi les scientifiques qui se relaient pour travailler de 7h à minuit, 7 jours/7, des chercheurs Télévie.

Enfin, grâce à leur bagage médical, certains chercheurs décryptent les publications scientifiques, rédigées en anglais et en termes techniques, et les mettent à la portée du grand public. C’est le cas de Pierre Sonveaux qui rassemble les informations, les compare, les vérifie, les simplifie et les diffuse sur les réseaux sociaux. « Il est fondamental de contrer la dispersion de fake news et de lutter contre le climat anxiogène actuel », estime-t-il. « Cette mission de vulgarisation, je la remplis d’autant mieux que le Télévie m’a familiarisé avec le grand public. Je sais combien les gens ont besoin de réponses et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les leur donner. »


D'autres news