Le Cancer du poumon : au cœur de la recherche.
Publié le 5 août 2021 dans News
Principal facteur de risque : le tabagisme, dans 85 % des cas chez l’homme, et 70 % des cas chez la femme, mais aussi des facteurs environnementaux, comme une exposition à l’amiante ou au radon.
15 à 20 % des fumeurs vont développer un tel type de cancer au cours de leur vie. Une proportion qui augmente ces dernières années chez la femme, les femmes belges fumant de plus en plus.
UN ENNEMI REDOUTABLEMENT DISCRET
Plus de 8000 nouveaux cas de cancers du poumon sont diagnostiqués chaque année dans notre pays, dont 3000 chez les femmes. La dangerosité de ce type de cancer tient essentiellement à son caractère silencieux. Quand les premiers symptômes apparaissent (toux répétées, difficultés à respirer, crachats de sang), la maladie est déjà à un stade avancé, souvent métastatique. « Dans seulement 15 % des cas, la prise en charge se fait à un stade précoce, précise Pierre Close, Maître de recherches au FNRS. A ce moment-là, les chances de survie à 5 ans sont encore de plus de 50 %. A un stade plus avancé, en revanche, les chiffres tombent à 18 % chez l’homme et 26 % chez la femme ». Ce qui est assez alarmant…
DES RECHERCHES TOUS AZIMUTS
Pierre Close dirige le laboratoire de signalisation du cancer au Giga, l’institut de recherche en sciences biomédicales de l’Université de Liège. Trois des 12 chercheurs qui travaillent dans son équipe sont aujourd’hui financés par le Télévie. Deux projets menés portent sur le cancer du poumon. « Dans notre laboratoire, spécialisé dans la recherche fondamentale, nous essayons d’identifier des vulnérabilités dans le cancer, des points faibles. Quel est le moyen d’adaptation utilisé par la cellule cancéreuse pour croître dont nous pourrions la priver ? On s’intéresse en particulier à l’ensemble des protéines que la cellule cancéreuse doit exprimer pour pouvoir se développer, et on les compare ensuite à ce qu’une cellule saine exprime. On essaie de voir quel est l’outillage que la cellule cancéreuse doit mettre en place pour pouvoir exprimer ces protéines. De quelle machinerie est-elle dépendante ? Une fois cela établi, on pourra voir comment la priver de ces moyens de grandir ».
LE CANCER DU POUMON PLUS VULNERABLE QUE LES AUTRES ?
Cette recherche fondamentale est nécessaire pour comprendre les mécanismes moléculaires qui servent au développement de la tumeur et qui lui permettent de résister aux thérapies. « Ces mécanismes de développement d’une cellule cancéreuse sont universels. On les a découverts chez la levure, un organisme très simple. Dans le cas du cancer du poumon, ce mécanisme de développement est particulièrement important, et donc ce type de cancer pourrait être particulièrement vulnérable aux phénomènes que nous étudions en laboratoire. On s’intéresse non seulement à la tumeur elle-même, mais aussi au système immunitaire et à son impact sur la tumeur.
Sur base de biopsies, on peut recréer dans nos laboratoires des tumeurs de patients en trois dimensions, des organoïdes. Cela nous sert à faire des screenings génétiques des tumeurs des patients. Nous les couplons avec d’autres types d’essais pour pouvoir suggérer de nouvelles thérapies.
VERS DE NOUVELLES THERAPIES
Pour Pierre Close, on manque encore de thérapies spécifiques efficaces contre le cancer du poumon. D’où le pronostic encore très défavorable pour ce type de cancer. Il faut donc absolument combler ce trou dans le paysage thérapeutique. Les solutions peuvent venir de nouvelles thérapies, mais cela prend du temps. « On est toujours dans des combinaisons de chimiothérapie, radiothérapie et immunothérapie qui ne sont pas encore personnalisées.
Et pourtant la recherche en matière de cancer du poumon est très active. Beaucoup d’idées sont sur la table. Il faut pouvoir les concrétiser, les évaluer sur les patients pour avoir dans un futur très proche des solutions plus efficaces pour lutter contre ce cancer. De nombreux essais cliniques sont en cours. On espère arriver prochainement à de nouvelles solutions thérapeutiques. Peut-être dans les 5 ans ».
Pierre Close insiste enfin sur l’importance du Télévie : «Le Télévie soutient la recherche scientifique de haut niveau. Grâce à lui, on peut se montrer ambitieux en Belgique. En tant que chercheurs dans les laboratoires, on se sent investis d’une mission. On a tous quelqu’un dans notre entourage qui est touché par la maladie ».