Une nouvelle campagne à l’occasion de la Journée Mondiale contre le Cancer

Publié le 4 février 2019 dans Moments Forts, News

Journée mondiale contre la cancer

En Belgique, rien que cette année, plus de 68.000 personnes apprendront qu’elles souffrent d’un cancer. Cela fait 186 personnes chaque jour. 27.000 personnes en mourront en 2019, dans notre pays, dont 270 enfants et adolescents. A l’échelle du monde, les cancers tueront 9,6 millions de personnes d’ici décembre*. Un jour peut-être, les médecins pourront totalement guérir cette maladie ; c’est ce qu’espère le Télévie notamment grâce à l’importance des dons en faveur de la recherche.

« Et si un jour, le cancer ne faisait plus peur…», « Et si un jour, le cancer ne tuait plus…» et « Et si un jour, le cancer se soignait facilement… ». Ce sont les trois scénarios de spots de sensibilisation que vous retrouverez dès ce lundi sur votre petit écran et à la radio. Certes, aujourd’hui, cela relève de la pure fiction… mais peut-être qu’un jour, grâce à la recherche, cela deviendra réalité !

De ces 3 scénarios découle aussi toute une série de questions sur l’évolution de cette maladie dans quelques années. Des questions auxquelles les experts ne répondent pas souvent. Le Professeur Cédric Blanpain est Docteur en médecine, Professeur à l’ULB, Directeur de recherches Télévie et considéré comme l’un des chercheurs les plus influents au monde. Il a accepté, pour le Télévie, d’y répondre.

1. A l’avenir, devra-t-on toujours passer par la case « hôpital » pour soigner un cancer ?

Pour certains cancers, on ne doit pas nécessairement passer par l’hôpital. Certains cancers de la peau peuvent se soigner au cabinet de votre dermatologue. Il est probable que, dans le futur, plus de cancers pourront être aussi soignés en dehors de l’hôpital, dès lors que l’on peut prendre des pilules et que les effets secondaires ne sont pas importants. En revanche, si la chirurgie se révèle nécessaire, on devra toujours passer par l’hôpital. Les progrès dans ces domaines induiront évidemment que les séjours à l’hôpital seront de plus courte durée, avec moins d’effets secondaires.

2. Tous les cancers seront-ils, un jour, curables et non mortels ?

C’est en théorie possible. Les hommes ont toujours fait preuve d’inventivité et d’adaptation dans la difficulté. Il faudra découvrir précisément la cause de l’ensemble des différents cancers, ce qui est encore loin d’être le cas. Mais il sera aussi nécessaire d’inventer de nouveaux médicaments car aujourd’hui, les armes dont nous disposons ne nous permettent pas de tous les guérir. Beaucoup de recherches devront encore être menées pour atteindre cet objectif ultime.

3. Cela fait des siècles que le cancer existe. Pourquoi est-ce si lent à vaincre ?

Même si le cancer existe sans doute depuis que l’homme existe, cela fait moins de 50 ans que l’on a compris que le cancer était une maladie génétique. Cela fait moins de 5 ans que l’on a découvert les mutations génétiques qui constituent la cause des cancers. Cela fait moins de 30 ans que l’on sait que le système immunitaire permet de contrôler certains cancers. Cela fait encore moins de temps que l’on a compris que certains cancers comme le cancer du col de l’utérus ou de la gorge étaient dus à des virus et que grâce à un vaccin, on pouvait prévenir bon nombre d’entre eux… Je peux continuer comme cela encore longtemps pour dire que finalement, il existe encore énormément de questions sur le cancer qui demeurent aujourd’hui sans réponse et qui empêchent donc le développement futur de nouveaux médicaments contre certains cancers.

4. Est-ce que certains cancers se soignent déjà, aujourd’hui, comme une maladie « banale » ?

Aucun cancer n’est banal, même s’ils sont aujourd’hui très fréquents. Il existe bien sûr des cancers qui se traitent très facilement s’ils sont détectés à temps et dont le taux de guérison est extrêmement élevé, comme certains cancers de la peau.  Pour d’autres cancers au taux de guérison très élevé comme certains cancers de la prostate, on peut également se contenter de prendre seulement des médicaments afin de garder la maladie sous contrôle.

5. Pourquoi tous les cancers ne se traitent pas encore par gélules ?

Il existe déjà, aujourd’hui, dans certains cas, des modes d’administration de traitements différents, tels que les gélules pour le traitement adjuvant de certains cancers du sein. La formulation dépend des propriétés chimiques des médicaments. Lorsqu’on découvre des médicaments ingérables par voie orale qui résistent à l’estomac et au passage dans le foie et qui sont bien absorbés par l’intestin, on privilégiera toujours cette approche ! Néanmoins, quand on trouve une molécule qui est efficace mais pas absorbable par l’intestin, on doit faire appel à des solutions qui s’administrent dans les Baxter ou les piqûres.

Plus il y aura de recherches sur ces questions d’absorption, de résistance aux sucs digestifs, d’absorption par les cellules de l’intestin ou de dégradation par le foie, plus fréquemment nous pourrons découvrir des médicaments à prendre en gélule plutôt qu’en piqûre.

6. Combien de temps cela prend-il pour mettre au point un nouveau médicament ?

La première étape est de déterminer une nouvelle cible. Pour cela, une dizaine d’années de recherche fondamentale est souvent nécessaire.  Ensuite il faut encore compter une dizaine d’années supplémentaires pour mettre au point un médicament et montrer son efficacité sur les patients.  Au total, il faut donc attendre vingt ans pour que le médicament soit commercialisé et que le patient puisse en bénéficier.

7. Pourquoi les chercheurs et les médecins sont-ils parvenus à maîtriser le sida et par encore le cancer ?

Le SIDA constitue un bel exemple d’une maladie inconnue jusque dans les années 1980 et pour laquelle des médicaments ont pu être développés en une quarantaine d’années afin de la faire passer d’une maladie mortelle à une maladie chronique. C’est aussi un bel exemple du fait que, grâce à la recherche, on a pu découvrir tout de A à Z du virus du SIDA : son mode d’entrée, la manière dont il se réplique, comment il se cache, comment il échappe au système immunitaire. Le succès de son traitement émane du fait qu’il est possible de l’attaquer de partout où l’on peut et sur tous les fronts possibles grâce à de nombreux médicaments, qui peuvent parfois être combinés dans une seule pilule. J’espère que cet exemple du SIDA sera suivi par celui du cancer. La différence est que le cancer n’est pas une maladie mais un ensemble de maladies, qui sont très différentes en fonction de l’organe duquel il provient et de la spécificité unique du patient.  La recherche sera donc beaucoup plus compliquée pour identifier toutes les causes et les mécanismes mis en jeu dans la grande diversité des cancers.

8. Quand, selon vous, guérira-ton facilement, rapidement et définitivement les cancers ?

Je n’ai malheureusement pas une boule de cristal. Je suis optimiste. J’aimerais penser que cela sera dans 30 à 50 ans mais il est fort probable que cela prenne encore beaucoup plus de temps avant que l’on ne guérisse la majorité des patients. Plus on investit dans la recherche, plus court sera ce délai.

 

* Sources

Fondation Registre du Cancer – Organisation Mondiale de la Santé

 


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