En octobre, tous les regards sont braqués sur le cancer du sein. À raison car ce cancer touche plus de 11 000 personnes en Belgique par an, ce qui en fait le deuxième cancer le plus fréquent chez les Belges. Mais, c’est quoi en fait un cancer du sein ? Le Pr François Duhoux, Chef de clinique associé au service d’oncologie médicale des Cliniques universitaires Saint-Luc, et le Pr François Fuks, Directeur du laboratoire d’épigénétique à l’ULB et Promoteur Télévie, ont répondu à nos questions.
Quels sont les différents types de cancer du sein ?
Il existe plusieurs types de cancers du sein comme le carcinome canalaire. Celui-ci se décline sous deux formes : in situ et infiltrant. Le carcinome canalaire in situ se développe via une tumeur qui atteint les canaux du sein transportant le lait. Le carcinome canalaire infiltrant se développe via une tumeur qui atteint les mêmes canaux mais qui va également s’étendre aux tissus mammaires. C’est le cancer du sein le plus commun.
Un autre type de cancer du sein est le carcinome lobulaire. Les carcinomes lobulaires ne se développent pas via une tumeur mais directement dans les glandes mammaires. Le carcinome lobulaire in situ se limitera aux glandes mammaires, tandis que le carcinome lobulaire infiltrant s’étendra aux tissus mammaires.
Comment soigne-t-on un cancer du sein ?
Pour soigner un cancer du sein, il faut connaitre son sous-type. Toutes les tumeurs sont différentes mais on peut les regrouper dans trois grandes catégories : les cancers du sein hormonodépendants, les cancers du sein HER2 surexprimés ou les cancers du sein triple négatifs. Selon le Pr Fuks, c’est en définissant le sous-type du cancer que les oncologues pourront trouver le traitement adapté. « Le but ultime, c’est de pouvoir à un moment détecter et traiter chaque personne, chaque patiente atteinte d’un cancer du sein. »
Les cancers du sein hormonodépendants sont les plus fréquents chez les femmes ménopausées. Les patients vont d’abord subir une chirurgie pour retirer la tumeur, et seront ensuite traités avec une chimiothérapie ou une radiothérapie. Ils pourront également devoir prendre une hormonothérapie pendant plusieurs années.
Les cancers du sein HER2 surexprimés sont qualifiés de cancers agressifs, néanmoins il existe de très bons traitements pour combattre ces cancers comme les thérapies ciblées.
Les cancers du sein triple négatifs apparaissent plus souvent chez les femmes jeunes qui ont des prédispositions génétiques. C’est un cancer rare mais qui peut envoyer beaucoup de métastases dans le corps. Le Pr Duhoux explique « C’est les plus dangereux parce qu’en fait, on a beaucoup moins de traitements disponibles pour ces cancers-là » En effet, jusqu’à il y a peu, seules la chirurgie et la chimiothérapie pouvaient être utilisées contre ce cancer. On peut à présent aussi utiliser l’immunothérapie, dans certains cas sélectionnés.
Comment développe-t-on un cancer du sein ?
Le développement d’un cancer du sein peut prendre plusieurs années. Dans la plupart des cas, une petite tumeur va apparaitre sur le sein et va grandir de plus en plus. Les personnes touchées par un cancer du sein vont avoir différents symptômes comme une masse dure dans un sein aux contours irréguliers, des ganglions gonflés et durs au niveau de l’aisselle, des écoulements au niveau d’un des deux mamelons ou encore une modification du mamelon ou de la peau du sein.
Comment détecter un cancer du sein ?
Les médecins vont procéder à une palpation de la poitrine pour détecter une éventuelle tumeur, ils vont aussi demander une mammographie ou une échographie. Il est également conseillé aux femmes de pratiquer l’autopalpation. Le Pr Duhoux revient sur l’importance du dépistage. « Ce qu’on essaye de faire par le dépistage, c’est de le détecter le plus tôt possible parce qu’on sait qu’au plus il est pris tôt, au plus on a de chances d’en guérir. » En effet, un cancer du sein détecté à un stade précoce n’aura pas encore eu le temps d’envoyer des métastases à d’autres endroits du corps.
Quelles sont les personnes le plus à risque ?
Les femmes sont évidemment plus touchées par ce cancer. Surtout si elles ont plus de 50 ans. Mais le Pr Duhoux tient à rappeler que les hommes sont à risque également. « Il y a à peu près 11 000 nouveaux cas de cancer du sein en Belgique chaque année, et sur les 11 000 il y a à peu près une centaine d’hommes ». Il existe des cas de cancers du sein chez les jeunes adultes, mais cela reste très rare. Il y aussi une dimension génétique dans le cas de ce cancer. Si vous avez des antécédents de cancer du sein ou de cancer des ovaires dans votre famille, il est conseillé de consulter son médecin plus régulièrement. Les personnes qui prennent des traitements hormonaux de substitution, les femmes qui ont eu leurs règles jeunes, les femmes ménopausées tardivement ou les femmes qui sont tombées enceintes tardivement sont également plus concernées.
Est-ce que la recherche a aidé à faire avancer les traitements contre les cancers du sein ?
De nos jours, 90% des personnes touchées par un cancer du sein guérissent. Le taux de guérison du cancer du sein a fort augmenté ces dernières années car des patients ont pu participer à des études et ont pu profiter de traitements expérimentaux. Ces traitements se sont montrés si efficaces qu’ils sont utilisés maintenant dans les protocoles de traitements contre le cancer du sein.
Et parfois, certains traitements trouvés pour soigner d’autres cancers se montrent également efficaces. Un traitement utilisé pour combattre le mélanome est en train d’être testé pour combattre le cancer du sein. Le Pr Fuks rajoute « Il y a quelques mois on pensait que ça ne fonctionnerait peut-être pas dans d’autres cancers tels que le cancer du sein, et il y a des résultats intéressants. »
Quel est le futur du cancer du sein ?
Le Pr Duhoux est optimiste « Dans 30 ans, j’espère ne plus avoir de travail. » En effet, les chercheurs comprennent de mieux en mieux les mécanismes du cancer du sein et les cellules cancéreuses. Ils arriveront un jour à comprendre pourquoi elles résistent aux traitements.
Les métastases sont également étudiées. Comment faire en sorte qu’elles ne se propagent plus du sein au reste du corps ? C’est la question que se pose l’équipe du Professeur Fuks. Tous les jours, ils effectuent des recherches sur ce sujet en épigénétique.
Même s’ils sont peu fréquents, les cas de récidives de cancers du sein existent. Beaucoup de recherches existent également sur ce sujet. Pour le Pr Fuks « Le Télévie contribue beaucoup à ce genre de recherche et je pense que ça c’est aussi essentiel. »