Le cancer du sein, c’est quoi ?

Cancer du sein

En octobre, tous les regards sont braqués sur le cancer du sein. À raison car ce cancer touche plus de 11 000 personnes en Belgique par an, ce qui en fait le deuxième cancer le plus fréquent chez les Belges. Mais, c’est quoi en fait un cancer du sein ? Le Pr François Duhoux, Chef de clinique associé au service d’oncologie médicale des Cliniques universitaires Saint-Luc, et le Pr François Fuks, Directeur du laboratoire d’épigénétique à l’ULB et Promoteur Télévie, ont répondu à nos questions.

Quels sont les différents types de cancer du sein ?

Il existe plusieurs types de cancers du sein comme le carcinome canalaire. Celui-ci se décline sous deux formes : in situ et infiltrant. Le carcinome canalaire in situ se développe via une tumeur qui atteint les canaux du sein transportant le lait. Le carcinome canalaire infiltrant se développe via une tumeur qui atteint les mêmes canaux mais qui va également s’étendre aux tissus mammaires. C’est le cancer du sein le plus commun.

Un autre type de cancer du sein est le carcinome lobulaire. Les carcinomes lobulaires ne se développent pas via une tumeur mais directement dans les glandes mammaires. Le carcinome lobulaire in situ se limitera aux glandes mammaires, tandis que le carcinome lobulaire infiltrant s’étendra aux tissus mammaires.

Comment soigne-t-on un cancer du sein ?

Pour soigner un cancer du sein, il faut connaitre son sous-type. Toutes les tumeurs sont différentes mais on peut les regrouper dans trois grandes catégories : les cancers du sein hormonodépendants, les cancers du sein HER2 surexprimés ou les cancers du sein triple négatifs. Selon le Pr Fuks, c’est en définissant le sous-type du cancer que les oncologues pourront trouver le traitement adapté. « Le but ultime, c’est de pouvoir à un moment détecter et traiter chaque personne, chaque patiente atteinte d’un cancer du sein. »

Les cancers du sein hormonodépendants sont les plus fréquents chez les femmes ménopausées. Les patients vont d’abord subir une chirurgie pour retirer la tumeur, et seront ensuite traités avec une chimiothérapie ou une radiothérapie. Ils pourront également devoir prendre une hormonothérapie pendant plusieurs années.

Les cancers du sein HER2 surexprimés sont qualifiés de cancers agressifs, néanmoins il existe de très bons traitements pour combattre ces cancers comme les thérapies ciblées.

Les cancers du sein triple négatifs apparaissent plus souvent chez les femmes jeunes qui ont des prédispositions génétiques. C’est un cancer rare mais qui peut envoyer beaucoup de métastases dans le corps. Le Pr Duhoux explique « C’est les plus dangereux parce qu’en fait, on a beaucoup moins de traitements disponibles pour ces cancers-là » En effet, jusqu’à il y a peu, seules la chirurgie et la chimiothérapie pouvaient être utilisées contre ce cancer. On peut à présent aussi utiliser l’immunothérapie, dans certains cas sélectionnés.

Comment développe-t-on un cancer du sein ?

Le développement d’un cancer du sein peut prendre plusieurs années. Dans la plupart des cas, une petite tumeur va apparaitre sur le sein et va grandir de plus en plus. Les personnes touchées par un cancer du sein vont avoir différents symptômes comme une masse dure dans un sein aux contours irréguliers, des ganglions gonflés et durs au niveau de l’aisselle, des écoulements au niveau d’un des deux mamelons ou encore une modification du mamelon ou de la peau du sein.

Comment détecter un cancer du sein ?

Les médecins vont procéder à une palpation de la poitrine pour détecter une éventuelle tumeur, ils vont aussi demander une mammographie ou une échographie. Il est également conseillé aux femmes de pratiquer l’autopalpation. Le Pr Duhoux revient sur l’importance du dépistage. « Ce qu’on essaye de faire par le dépistage, c’est de le détecter le plus tôt possible parce qu’on sait qu’au plus il est pris tôt, au plus on a de chances d’en guérir. » En effet, un cancer du sein détecté à un stade précoce n’aura pas encore eu le temps d’envoyer des métastases à d’autres endroits du corps.

Quelles sont les personnes le plus à risque ?

Les femmes sont évidemment plus touchées par ce cancer. Surtout si elles ont plus de 50 ans.  Mais le Pr Duhoux tient à rappeler que les hommes sont à risque également. « Il y a à peu près 11 000 nouveaux cas de cancer du sein en Belgique chaque année, et sur les 11 000 il y a à peu près une centaine d’hommes ». Il existe des cas de cancers du sein chez les jeunes adultes, mais cela reste très rare.  Il y aussi une dimension génétique dans le cas de ce cancer. Si vous avez des antécédents de cancer du sein ou de cancer des ovaires dans votre famille, il est conseillé de consulter son médecin plus régulièrement. Les personnes qui prennent des traitements hormonaux de substitution, les femmes qui ont eu leurs règles jeunes, les femmes ménopausées tardivement ou les femmes qui sont tombées enceintes tardivement sont également plus concernées.

Est-ce que la recherche a aidé à faire avancer les traitements contre les cancers du sein ?

De nos jours, 90% des personnes touchées par un cancer du sein guérissent. Le taux de guérison du cancer du sein a fort augmenté ces dernières années car des patients ont pu participer à des études et ont pu profiter de traitements expérimentaux. Ces traitements se sont montrés si efficaces qu’ils sont utilisés maintenant dans les protocoles de traitements contre le cancer du sein.

Et parfois, certains traitements trouvés pour soigner d’autres cancers se montrent également efficaces. Un traitement utilisé pour combattre le mélanome est en train d’être testé pour combattre le cancer du sein. Le Pr Fuks rajoute « Il y a quelques mois on pensait que ça ne fonctionnerait peut-être pas dans d’autres cancers tels que le cancer du sein, et il y a des résultats intéressants. »

Quel est le futur du cancer du sein ?

Le Pr Duhoux est optimiste « Dans 30 ans, j’espère ne plus avoir de travail. » En effet, les chercheurs comprennent de mieux en mieux les mécanismes du cancer du sein et les cellules cancéreuses. Ils arriveront un jour à comprendre pourquoi elles résistent aux traitements.

Les métastases sont également étudiées. Comment faire en sorte qu’elles ne se propagent plus du sein au reste du corps ? C’est la question que se pose l’équipe du Professeur Fuks. Tous les jours, ils effectuent des recherches sur ce sujet en épigénétique.

Même s’ils sont peu fréquents, les cas de récidives de cancers du sein existent. Beaucoup de recherches existent également sur ce sujet. Pour le Pr Fuks « Le Télévie contribue beaucoup à ce genre de recherche et je pense que ça c’est aussi essentiel. »  

L’Institut Albert II, l’humain avant tout

Dans le sillage d’autres instituts de cancérologie en Europe, les Cliniques universitaires Saint-Luc ont fait le choix de rassembler l’ensemble des activités d’oncologie et d’hématologie au sein d’un centre unique, l’Institut Albert II. Fin 2024, l’Institut déménagera vers un nouveau bâtiment, entièrement tourné vers le patient.

Les Cliniques universitaires Saint-Luc font peau neuve. Avec le projet Hôpital 2025, elles ambitionnent de transformer en profondeur l’hôpital bruxellois. L’un des premiers bâtiments à sortir de terre sera le nouvel Institut de cancérologie Albert II, qui devrait accueillir ses premiers patients l’année prochaine. Mais pas question ici de dupliquer l’hôpital. « Ceci n’est pas un bâtiment, sourit le Pr Jean-Pascal Machiels, Chef du Département d’hématologie et de cancérologie adulte et pédiatrique. Cela signifie que, loin d’isoler les patients atteints d’un cancer dans un centre dédié, nous construisons en réalité une extension des Cliniques Saint-Luc qui sera totalement en lien avec l’hôpital. » 

Cette construction est devenue nécessaire du fait de l’évolution de la cancérologie depuis plusieurs années. « L’oncologie est devenue à la fois extrêmement spécialisée et multidisciplinaire, détaille le Pr Machiels. Il n’est aujourd’hui plus possible d’être un oncologue général, et ainsi je ne traite moi-même que certains types de tumeurs. Ensuite, les cancers nécessitent la coordination de plusieurs spécialistes, du radiothérapeute au chirurgien en passant par les généticiens, les anatomopathologistes, … et ce de manière très codifiée. Toutes les décisions sont aujourd’hui prises par des groupes multidisciplinaires au cas par cas. » 

Une multidisciplinarité d’autant plus importante que le traitement d’un cancer ne se limite pas aux seuls traitements médicaux. « Nous sommes très attachés depuis plusieurs années à prendre soin des patients dans leur entièreté, ce qui implique l’intervention de nombreux praticiens, confirme le Pr Machiels. Psychologues, physiothérapeutes, assistants sociaux, coordinateurs de soins et de recherche, esthéticiens, tous ces professionnels sont devenus partie prenante du traitement et du processus de rémission. » C’est dans cette optique qu’a été conçu le nouvel Institut. « Au lieu d’envoyer le patient dans différents services, l’ensemble du personnel se déplacera autour de lui », révèle l’oncologue. On ne fait bien que ce que l’on fait souvent. En centralisant les patients au sein d’un même établissement, on améliore par là même leur taux de survie. Cela favorisera aussi les collaborations entre les groupes. «  Il est très important de garder des ponts entre les différentes pathologies, car vous apprenez toujours des autres, juge le Pr Machiels. Non seulement dans votre propre spécialité, mais également de vos confrères chirurgiens ou radiologues. Tout cela bénéficie in fine au patient. » 

Mais pour autant, pas question de couper les patients du reste de l’hôpital. « Il est fréquent qu’un patient atteint d’un cancer développe une complication comme une pathologie cardiovasculaire, ou une maladie induite par un traitement comme l’immunothérapie, explique le Pr Machiels. En restant lié à un hôpital général, on s’assure alors de traiter efficacement ces pathologies. En définitive, cette nouvelle construction a certes pour but de s’adapter au soin et à la multidisciplinarité que requiert l’oncologie, mais aussi et surtout de rendre les choses beaucoup plus humaines. »

Une place de choix pour la recherche

Cette nouvelle organisation centrée sur le patient ne doit pas pour autant occulter la recherche, aussi indispensable que quotidienne en oncologie. Pleinement intégrée aux soins, la recherche clinique compte ainsi plus de 200 protocoles ouverts en permanence à l’Institut Roi Albert II. «  Il faut battre en brèche cette image d’Hollywood où les essais sont présentés comme un coup de poker à des patients mourants, estime le Pr Machiels. Au contraire, ils sont proposés chaque jour à des patients à un stade encore précoce, et ils ne doivent jamais être une perte de chance pour eux. »  La sécurité du patient est alors assurée grâce à un suivi rigoureux. Afin de mener des recherches de pointe, l’Institut dispose même d’une Unité de phase I, où l’on teste de nouvelles molécules. « La recherche clinique est ici supervisée par une trentaine de coordinateurs de recherche, ce qui représente une immense équipe, relate l’oncologue. La nouvelle infrastructure permettra de regrouper leurs activités et de centraliser la recherche, ce qui aura le double avantage de simplifier certaines procédures, et de la rendre beaucoup plus visible au sein de l’hôpital. » 

En plus de la recherche clinique, les Cliniques universitaires Saint-Luc peuvent également compter sur une recherche fondamentale d’immense qualité, grâce à sa collaboration étroite avec l’UCLouvain, à laquelle elle est associée. « La renommée de l’Institut de Duve, notamment, et celle de l’Institut Ludwig, se sont établies bien avant celle de l’hôpital, grâce à leurs travaux pionniers sur l’immunothérapie, dévoile JeanPascal Machiels, et nous avons eu la chance d’en conduire certains essais cliniques. Bien entendu, les chercheurs de ces instituts participent déjà à nos réunions multidisciplinaires. » 

Un centre de référence européen

Grand centre de cancérologie bruxellois, l’Institut Albert II traite la totalité des cancers de l’adulte et de l’enfant. Un étage entier sera d’ailleurs réservé aux cancers pédiatriques, avec les spécificités que requiert cette discipline. Dans l’ensemble, environ 3000 nouveaux diagnostics de cancers seront réalisés dans ce nouveau centre chaque année. Un chiffre important, qui doit avant tout être vu comme la possibilité d’acquérir une plus grande expertise, notamment pour les tumeurs les plus rares, avec à la clé une meilleure prise en charge. « On ne fait bien que ce que l’on fait souvent, résume le Pr Machiels. En centralisant les patients au sein d’un même établissement, on améliore par là même leur taux de survie. » 

À terme, l’Institut Albert II se fixe comme objectif de s’élever au niveau des grands centres européens de cancérologie, que l’on nomme les « Comprehensive Cancer Centers ». Ce réseau, de plus de 100 institutions de pointe dans toute l’Europe, a pour ambition de développer la coopération entre spécialistes et d’ainsi, renforcer l’accès aux soins et faciliter la recherche. L’Union européenne espère que d’ici à 2030, 90 % des patients européens auront accès à une telle qualité de soins.

Thibault Grandjean

Les 11.229.081,08 euros récoltés financeront 88 projets et 95 scientifiques dans la recherche contre le cancer !

En avril dernier, l’opération Télévie s’est clôturée sur un montant exceptionnel de 11.229.081,08 euros, grâce à l’extrême générosité des Belges. L’intégralité de cette somme va servir à financer la recherche contre le cancer.

Le Conseil d’Administration du FNRS vient en effet d’officialiser ce 20 juin les décisions de financement, sur base des recommandations de la Commission scientifique qui s’est réunie fin mai : dès cette année, 88 projets (dont 6 grands projets inter-universitaires) et 95 scientifiques (85 chercheuses et chercheurs, 3 scientifiques non-doctorant(e)s et 7 technicien(ne)s) seront financés par le Télévie. Des chiffres en hausse par rapport à l’an dernier (77 projets et 85 scientifiques soutenus en 2022) grâce à des dons plus importants (près d’1,2 millions supplémentaires en 2023).

L’argent récolté est précieux et la procédure d’allocation de ces fonds est très rigoureuse. Des experts nationaux et internationaux ont évalué les projets, sur base de critères d’excellence, de réalisme, de faisabilité et d’originalité notamment.

Les nouveaux chercheuses et chercheurs et les projets de recherche démarreront dès le 1er octobre.

Depuis 1989, le Télévie a récolté plus de 240 millions d’euros et permis au FNRS de soutenir plus de 2700 chercheuses et chercheurs dans la lutte contre le cancer.

Commission Scientifique du Télévie : une centaine de projets analysés à la loupe

C’est une étape importante aujourd’hui pour les chercheurs et chercheuses du télévie. La commission scientifique se réunit. Son but est répartir les 11 millions d’euros récoltés lors de la dernière édition du Télévie. Au total, 117 dossiers de candidature ont été rentrés entre le 1er février et le 1er mars 2023. Il faut à présent faire une sélection. 

11 229 081, 08 euros ont été récoltés lors de la grande soirée de cloture du Télévie le 22 avril dernier. Une immense générosité, qui va trouver aujourd’hui, sa finalité. La commission scientifique du Télévie se réunit pour répartir l’enveloppe. 117 projets de recherche en cancérologie lui ont été soumis. Environ la moitié sera retenue, en fonction de critères bien précis: « On veut faire quoi, à partir de quoi, sur quelle base, sur quelle hypothèse? Est-ce que ce projet est faisable? Et enfin, est-ce que si ce projet réussit, cela peut donner des avancées pour traiter les patients? Nous ne sommes pas dans une recherche théorique, nous sommes dans une recherche pratique. Dans le cadre du Télévie, cette recherche vise à améliorer le sort des patients cancéreux« , explique Jacques Boniver, membre de la commission scientifique du Télévie.

Les projets présentés visent à mieux comprendre le développement des cancers, ou à concevoir de nouveaux traitements. Cancers du sein, du poumon, du tube digestif, de nombreux chercheurs souhaitent aussi s’attaque aux difficiles tumeurs cérébrales: « Nous recevons beaucoup de projets s’intéressant à la biologie des gliomes et des glioblastomes, qui sont les tumeurs cérébrales primitives les plus agressives. Il faut mettre le maximum de financement sur ces projets, qui proposent différentes manières de soit mieux les comprendre, dans le but de mieux les cibler, soit de proposer de nouvelles approches thérapeutiques, qui pourraient être très prometteuses« , affirme Emanuelle Huillard, chercheuse au CNRS à l’Institut du cerveau. 

Les projets choisis seront dévoilés début juillet, pour que les recherches puissent être lancées dès cet automne.

Depuis la création du Télévie, près de 2.700 études en cancérologie ont ainsi été financées.

Source : RTL Info

Pourquoi est-ce qu’un vaccin contre le cancer n’aboutit pas ?

La pandémie a montré aux yeux du monde que la recherche et l’industrie pouvaient aller très vite pour élaborer un vaccin contre une maladie virale : le coronavirus. Mais qu’en est-il d’un vaccin contre le cancer ? Si l’on a pu réaliser un vaccin en quelques mois contre une maladie jusqu’alors inconnue, pourquoi ne pourrait-on pas le faire contre le cancer ? Explications…

En réalité, ce n’est pas aussi simple que cela… D’abord, parce que le coronavirus n’était pas, en vérité, une maladie inconnue. Ensuite, parce que prévenir d’une maladie virale est une chose, et prévenir un cancer en est une autre. Car le cancer revêt une grande variété de formes différentes selon l’organe qu’il touche, selon le type cellulaire affecté dans
cet organe, selon l’individu touché et son histoire…

Il existe des vaccins

Le Télévie s’est donc tourné vers la Pre Anne Van den Broeke pour trouver réponse à ces questions. Elle dirige l’équipe de recherche sur la cancérogenèse virale à l’Institut Bordet et est promotrice de projets Télévie. « Il y a plusieurs choses à dire. D’abord, il y a des vaccins anticancers qui ont abouti et qui sont utilisés : les vaccins contre les virus HPV qui causent plus de 90% des cancers du col de l’utérus », explique Anne Van den Broeke. Les jeunes filles ne sont pas les seules concernées. « Ce même vaccin est utile contre les cancers qu’on appelle ‘tête et cou’ dont une proportion de plus en plus importante est liée au même virus. » Un autre vaccin préventif qui existe : celui contre le virus de l’hépatite B. « Ce virus contribue à l’apparition de cancers du foie », détaille la chercheuse. Ainsi, il existe donc des cancers pour lesquels un vaccin préventif existe. « Il ne s’agit pas du plus grand nombre des cancers – 20% des cancers sont liés à des virus –, mais il y a tout de même des vaccins qui aboutissent », conclut Anne Van den Broeke.

Vaccin préventif et curatif


Qu’en est-il des avancées concernant les autres cancers ? On ne peut pas dire que la recherche n’avance pas, mais il faut prendre conscience que prévenir tout type de cancer à l’aide d’un vaccin unique est une utopie. Pour le moment, dans le cadre du cancer, le vaccin
est d’abord une solution thérapeutique plutôt qu’une solution de prévention. « Le vaccin contre le cancer en traitement curatif reste difficile », concède la chercheuse. « Vacciner contre un virus, c’est vacciner contre un élément étranger au corps. Or, le cancer démarre au sein même du corps c’est-à-dire dans des cellules « du soi » non étrangères et les tumeurs sont entourées d’un micro-environnement qui leur est propre. Cet environnement est, de plus, immunodéprimé : les vaccins ont plus de mal à agir car le système immunitaire est déficient. Le patient atteint d’un cancer ne réagit donc pas comme une personne saine au vaccin. Sans compter les traitements déjà donnés au patient, par exemple la chimiothérapie, qui dans certains cas peut altérer les cellules immunitaires. » L’un des plus gros obstacles à la vaccination est le nombre de cancers différents. Il y en a des centaines, si pas des milliers. « Pour chaque type de cancer du sein par exemple, il faudrait un vaccin différent. Cette diversité est problématique », admet Anne Van den Broeke. Chaque cancer est, de plus, différent pour chaque individu. Le cancer du sein d’une patiente X n’est pas le même que celui de la patiente Y. « Tout à fait. Non seulement la tumeur ellemême peut être différente, mais son micro-environnement peut l‘être également On sait maintenant que le niveau d’infiltration de la tumeur par des cellules bien particulières du système immunitaire peut expliquer pourquoi deux patients réagissent différemment au même traitement. Les différences individuelles sont également une difficulté à surmonter. Heureusement, les progrès en génomique, comme le séquençage du génome humain et des tumeurs elles-mêmes, permettent aujourd’hui à la recherche d’avancer dans la détection de mutations bien spécifiques de la tumeur, donc préférentiellement absentes des cellules saines, qui peuvent être envisagées comme cible pour générer une réponse immunitaire contre la tumeur. » In fine, il y a de nombreux obstacles à la mise au point d’un vaccin anticancer : la diversité des tumeurs, le micro-environnement immunitaire déprimé, la sélection des antigènes tumoraux utilisés comme cibles du vaccin, la méthode que l’on choisit pour l’administrer… Heureusement, la recherche avance et permet aujourd’hui de lever certains freins.

L’espoir est permis


S’il y a encore beaucoup d’écueils, l’immunothérapie permet déjà aujourd’hui d’envisager de nouvelles initiatives dans la recherche de vaccins anticancers. « Des chercheurs travaillent actuellement à la combinaison de vaccins et d’immunothérapies. L’objectif est de lever les freins qui empêchent le système immunitaire de bien fonctionner par le biais de l’immunothérapie afin que le vaccin administré soit plus efficace », explique la Pre Van Den
Broeke. Enfin, la pandémie a malgré elle fait avancer la recherche. « Il faut savoir qu’à l’origine l’utilisation de l’ARN messager comme vecteur d’antigènes en vaccination a été développée dans le cadre de recherches dans le domaine du cancer entre autres, mais non
des virus », recadre Anne Van den Broeke. « Les expériences fondamentales ont été réalisées en ce sens il y des dizaines d’années. Mais l’administration efficace de l’ARN à des patients demandait plus de mise au point. La pandémie et l’urgence de trouver des solutions ont certainement permis d’optimaliser la manière dont on administre aujourd’hui des vaccins à ARN messager. Et cela peut profiter à la vaccination contre le cancer. »

Journaliste : Laurent Zanella

Les particules élémentaires accélèrent la lutte contre le cancer

Les chercheurs du CERN, l’un des plus prestigieux laboratoire du monde, brisent les particules élémentaires pour tenter d’élucider les mystères de l’Univers. Mais leur savoir-faire permet aussi de repousser les limites du traitement de certains cancers jusque-là mortels.

Les physiciens de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire -à cheval entre la Suisse et la France près de Genève- travaillent avec des accélérateurs de particules géants pour trouver les moyens d’étendre la portée de la radiothérapie anticancéreuse et de s’attaquer ainsi à des tumeurs difficiles d’accès qui, autrement, signaient l’arrêt de mort du patient.

Roberto Corsini est le coordinateur du laboratoire CLEAR, au coeur du CERN. Il se tient debout à côté d’un grand accélérateur linéaire de particules: une poutre métallique de 40 mètres avec des tubes emballés dans de la feuille d’aluminium à une extrémité, et une vaste gamme d’instruments de mesure et un bouquet de câbles de toutes les couleurs.

La recherche ici, a-t-il déclaré à l’AFP lors d’une récente visite, vise à créer des faisceaux d’électrons à très haute énergie qui pourraient éventuellement aider à combattre plus efficacement les cellules cancéreuses. Il s’agit de mettre au point une « technologie pour accélérer les électrons aux énergies nécessaires pour traiter les tumeurs profondes, soit supérieures à 100 millions d’électron-volts » (MeV), a expliqué le docteur Corsini. L’idée est d’utiliser ces électrons de très haute énergie en combinaison avec une nouvelle méthode de traitement prometteuse appelée FLASH.

– Dommages collatéraux-

Cette méthode consiste à délivrer la dose de rayonnement en quelques centaines de millisecondes, au lieu de quelques minutes comme c’est le cas actuellement.

Il a été démontré que cela a le même effet destructeur sur la tumeur ciblée, mais cause beaucoup moins de dommages aux tissus sains environnants.

Avec la radiothérapie traditionnelle, « vous créez des dommages collatéraux », a déclaré Benjamin Fisch, responsable du transfert de connaissances au CERN. L’effet du traitement FLASH bref mais intense, a-t-il déclaré aux journalistes, est de « réduire la toxicité pour les tissus sains tout en endommageant correctement les cellules cancéreuses ».

FLASH a été utilisé pour la première fois sur des patients en 2018, sur la base d’accélérateurs linéaires médicaux actuellement disponibles, les linacs, qui fournissent des faisceaux d’électrons à faible énergie d’environ 6 à 10 MeV.

Cependant, à une énergie aussi faible, les faisceaux ne peuvent pas pénétrer profondément, ce qui signifie que le traitement très efficace n’a jusqu’à présent été utilisé que sur des tumeurs superficielles, comme dans les cancers de la peau.

Mais les physiciens du CERN collaborent désormais avec le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne pour construire une machine capable de délivrer un faisceau d’électrons de 100 à 200 MeV, ce qui permettrait de détruire des tumeurs beaucoup plus difficiles à atteindre.

– Changement de paradigme –

Les tumeurs cancéreuses profondes qui ne peuvent être traitées ni par la chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie traditionnelle, sont souvent considérées comme des arrêts de mort.

« Ce sont (les cancers) qu’on ne guérit pas pour le moment qui seront les cibles », a déclaré à l’AFP le professeur Jean Bourhis, chef du service de radiologie du CHUV. Pour ces cancers « qui peuvent représenter un tiers des cas, cela pourrait changer la donne », dit-il.

Les chercheurs espèrent notamment que la méthode FLASH, avec son impact beaucoup moins nocif sur les tissus environnants, pourrait permettre de s’attaquer à des tumeurs logées dans le cerveau ou à proximité d’autres organes vitaux.

– Compact –

L’un des défis consiste à rendre le puissant accélérateur suffisamment compact pour tenir à l’intérieur d’un hôpital.

Au CERN, une grande galerie a été dédiée à l’accélérateur CLEAR, qui nécessite 20 mètres pour pousser les électrons jusqu’au niveau d’énergie requis, et 20 mètres supplémentaires pour conditionner, mesurer et délivrer le faisceau.

Mais Roberto Corsini estime que le CERN a le savoir-faire pour « accélérer dans un espace beaucoup plus compact ». Le prototype en cours de conception avec le CHUV aura pour objectif de faire le travail avec une machine de 10 mètres.

Selon M. Corsini, cette solution, « réduit les coûts, réduit la consommation d’énergie et la variabilité, et vous pouvez facilement l’installer dans un hôpital sans avoir à construire tout un bâtiment ».

La construction du prototype devrait commencer en février 2023 et les essais cliniques sur les patients pourraient commencer en 2025, a déclaré le docteur Bourhis, « si tout se passe bien ».

Photo : Roberto Corsini, coordinateur du laboratoire CLEAR, au coeur du CERN, à Meyrin (Suisse) le 17 octobre 2022Elodie LE MAOU

Crédits : RTL Info

C’est quoi « les lymphomes » ?

Représentant près de la moitié des cancers du sang, les lymphomes sont des cancers complexes. Il en existe plus de 80 différents ! Ils sont généralement localisés dans les ganglions mais ils peuvent atteindre tous les organes du corps. Stefan Constantinescu, Professeur ordinaire à l’UCLouvain, Promoteur de projets Télévie et Président de la Fédération des académies européennes de médecine, et Sarah Bailly, hématologue, ont répondu conjointement à nos questions.

Qu’est-ce qu’un lymphome ?

Le lymphome est un cancer du sang. Il touche des cellules du système immunitaire, les globules blancs, qui circulent dans le sang et dans les ganglions. Le système immunitaire permet à notre corps de se défendre contre tout ce qui peut l’agresser. Il est composé de différentes cellules immunitaires dont les globules blancs. Dans le cas du lymphome, certains globules blancs, les globules blancs lymphocytes, vont présenter des anomalies. Au lieu d’être supprimés naturellement par le corps, les globules blancs lymphocytes anormaux vont survivre et se multiplier. Cela crée un cancer. Mais comment peut-on savoir que l’on souffre d’un lymphome ? Le Pr Constantinescu et le Dr Bailly répondent « Généralement, à cause de la prolifération des lymphocytes malades, le lymphome entraîne une augmentation anormale de la taille des ganglions lymphatiques. ». Par ailleurs, les lymphomes peuvent aussi atteindre toutes les parties du corps. En effet, les globules blancs lymphocytes circulent dans tout notre corps via le sang et la lymphe. Les cellules cancéreuses peuvent donc toucher les ganglions, les amygdales, la rate, l’estomac, la peau, les os, la moelle osseuse et le sang.

Existe-t-il différents types de lymphomes ?

On peut classer les lymphomes en deux grands groupes : les lymphomes Hodgkiniens et les lymphomes non-Hodgkiniens. Les lymphomes Hodgkiniens sont caractérisés par la présence d’une cellule, la cellule de Reed Sternberg. Ce lymphome touche en particulier les jeunes adultes, âgés d’entre 20 et 40 ans.  Tous les autres lymphomes où la cellule de Reed Sternberg n’est pas présente sont appelés les lymphomes non-Hodgkiniens. Il en existe environ 80 différents. Ils touchent généralement les personnes de plus de 60 ans. Chaque type de lymphome non-Hodgkinien sera localisé à un endroit différent, aura une agressivité différentes, touchera certaines cellules,.. « Il est crucial de déterminer le sous-type exact du lymphome car l’évolution de la maladie et les traitements peuvent être très différents. » nous expliquent le Pr Constantinescu et le Dr Bailly.

Comment développe-t-on un lymphome ?

Dans la majorité des cas, les scientifiques ne savent pas pourquoi le corps développe un lymphome. Certains facteurs de risques sont connus, comme l’exposition aux pesticides, certaines infections virales ou la baisse d’immunité. C’est là que se situe le travail du Pr Constantinescu « Un des objectifs de la recherche est d’essayer de mieux comprendre les causes du lymphome. »

Comment détecter les lymphomes ?

Le diagnostic du lymphome dépend de sa localisation et des symptômes présentés par le patient. Lorsqu’on présente de la fièvre, un ganglion qui a augmenté de volume ou encore une perte de poids inexpliquée, les médecins vont réaliser des examens supplémentaires pour vérifier la présence ou non d’un lymphome. « Le bilan comporte généralement une prise de sang, un examen de la moelle, des scanners, une biopsie de ganglion et de l’organe touché. » rajoute le Dr Bailly.

Est-il possible de prévenir l’apparition des lymphomes ?

Il est possible de lutter contre certains facteurs de risque mais à l’heure actuelle il n’est pas vraiment possible de prévenir l’apparition des lymphomes.

Est-ce que la recherche a aidé à faire avancer les traitements contre les lymphomes ?

Grâce à la recherche, les traitements des lymphomes ont énormément évolué ces dernières années. Même si la chimiothérapie reste pour l’instant le traitement de base du lymphome, il existe beaucoup d’autres pistes de traitements comme l’immunothérapie ou les traitements ciblés « qui ciblent uniquement les cellules malades et comportent donc moins d’effets secondaires. » expliquent le Pr Constantinescu et le Dr Bailly. 

Quel est le futur des lymphomes ?

Le Professeur Constantinescu et le Dr Bailly sont optimistes. « Nous espérons pouvoir guérir de plus en plus de malades grâce à l’avancée de la recherche, et peut-être pouvoir nous passer définitivement de la chimiothérapie qui comporte encore beaucoup d’effets secondaires. » La recherche permet en effet de trouver de nouveaux traitements mais également d’étudier ce cancer et d’en connaitre mieux les causes. Il sera peut-être bientôt possible de prévenir l’apparition des lymphomes. 

Quelle est la différence entre les leucémies et les lymphomes ?

Les leucémies et les lymphomes sont tous les deux des cancers du sang. Comme dit plus haut, le lymphome est un cancer du globule blanc lymphocyte. La plupart du temps, il est localisé dans les ganglions. La leucémie, elle, est un cancer d’un autre globule blanc, le globule blanc neutrophile. Elle est localisée dans le sang et la moelle osseuse.  « Il s’agit dans tous les cas d’une maladie très agressive traitée par des chimiothérapies de longue durée, et souvent des greffes de la moelle. » rajoutent le Pr Constantinescu et le Dr Bailly. Selon la Voixdupatient.fr, les leucémies et les lymphomes sont les formes les plus fréquentes de cancers pédiatriques.

Existe-t-il une prédisposition génétique ?

Il n’existe pas de prédisposition génétique au développement d’un lymphome. Certains gènes « pro-cancers » sont transmis par les parents et peuvent augmenter le risque de souffrir d’un cancer, dont les lymphomes. Mais s’il y a eu un cas de lymphome de votre famille, vous n’avez pas plus de risque de développer un lymphome que quelqu’un qui n’a pas d’antécédents familiaux. Le Pr Constantinescu et le Dr Bailly rappellent « Encore une fois, la recherche est cruciale pour déterminer l’existence de potentiels facteurs de prédisposition, ce qui permettrait d’améliorer la prise en charge de ces patients. »

Voici les deux facteurs principaux responsables des cancers dans le monde

Près de la moitié des cancers mondiaux sont attribuables à un facteur de risque donné, dont en premier lieu le tabac et l’alcool, conclut une gigantesque étude publiée vendredi, insistant sur l’importance des mesures de prévention sans en faire une panacée. « Selon notre analyse, 44,4% des morts par cancer dans le monde (…) sont attribuables à un facteur de risque qui a été mesuré », avance cette étude, publiée dans le Lancet et réalisée dans le cadre du Global Burden of Disease.

Ce vaste programme de recherche, financé par la fondation Bill Gates, est d’une ampleur sans équivalent, impliquant plusieurs milliers de chercheurs dans la majeure partie des pays du monde.

Ce travail permet donc de connaître plus en détail les facteurs de risques selon les régions du monde même si, dans l’ensemble, ses conclusions confirment ce qui était déjà connu: le tabac est de loin le principal élément ayant favorisé un cancer (33,9%), suivi par l’alcool (7,4%). Surtout, ces conclusions plaident pour accorder une grande place à la prévention en matière de santé publique, puisque nombre de ces facteurs de risques se rapportent à des comportements qui peuvent être changés ou évités.

Toutefois, une grosse moitié de cancers ne sont pas attribuables à un facteur de risque donné, ce qui montre que la prévention ne suffit pas.

Celle-ci, selon les auteurs, doit donc s’accompagner de deux autres piliers: un diagnostic suffisamment précoce et des traitements efficaces.

Dans un commentaire indépendant, publié dans la même édition du Lancet, deux épidémiologistes ont appuyé ces conclusions, estimant également que l’étude souligne l’importance de la prévention.

Ces deux commentateurs, Diana Sarfati et Jason Gurney, ont toutefois appelé à ne pas forcément prendre pour argent comptant la précision des estimations données, remarquant que le recueil des données est par nature sujet à de nombreuses insuffisances dans plusieurs pays.

Source : RTL Info

Inspectez vos grains de beauté avec la méthode ABDCE

Pour dépister d’éventuels mélanomes, il est recommandé d’effectuer une visite de contrôle par an chez son dermatologue. Néanmoins, vous pouvez procéder régulièrement à une auto-examination de votre peau. Cédric Blanpain, chercheur et Promoteur Télévie, vous explique la méthode dite « ABCDE ».

  • A pour Asymétrie. Le grain de beauté doit être symétrique. Il faut que les deux moitiés de votre grain de beauté se ressemblent. S’il devient asymétrique, il est conseillé de prendre rendez-vous chez votre dermatologue. Le Pr Blanpain ajoute « Donc si c’est rond et parfaitement symétrique, c’est déjà de meilleur pronostic que si c’est asymétrique. »
  • B pour Bords irréguliers. Les bords d’un grain de beauté sain doivent être réguliers. Cela doit avoir la forme d’un beau rond. Le Pr Blanpain explique « Si ça commence à être dentelé, ça veut dire qu’il y a de l’invasion, ce n’est pas bon. »
  • C pour Couleur inhomogène. La couleur de votre grain de beauté doit être homogène. Si celui-ci est noir, avec des variations de bruns et non pigmenté, il est recommandé d’aller chez votre dermatologue pour le faire inspecter.
  • D pour Diamètre. Le diamètre idéal d’un grain de beauté est de moins de 6mm.
  • E pour Evolution. Selon le Pr Blanpain, l’évolution est le paramètre le plus important à vérifier. Que votre grain de beauté soit rond et régulier ou rond et irrégulier, il n’est pas dangereux tant qu’il ne se modifie pas. Le Pr Blanpain donne un exemple « J’ai un grain de beauté que je ne voyais pas, et la semaine dernière, je l’ai vu apparaître. Et en une semaine ou en deux, il a grandi ».  Dans ces cas-là, il faut se rendre chez son dermatologue.

Le cancer de la peau, c’est quoi ?

Souvent associé à un grain de beauté qui dégénère, le cancer de la peau est en fait beaucoup plus complexe que cela. Pourtant, il existe des moyens simples de s’en protéger. Nous avons interrogé trois experts du sujet pour nous éclairer sur ce cancer cutané : le chercheur et Promoteur Télévie Cédric Blanpain, la dermatologue Laurence Walon et la dermatologue et membre du bureau de l’Euromelanoma Bernadette Blouard.

Quels sont les différents types de cancer de la peau ?

Il existe plusieurs types de cancers de la peau. Les trois plus fréquents s’appellent le carcinome basocellulaire, le carcinome épidermoïde et le tristement célèbre mélanome.

Le carcinome basocellulaire se présente sous la forme d’une tumeur sur la peau. Cédric Blanpain, chercheur et Promoteur Télévie, nous explique : « Le carcinome basocellulaire est de loin le cancer le plus fréquent chez l’Homme. On considère qu’environ une personne sur six ou une personne sur cinq (…) va développer un carcinome basocellulaire dans sa vie ». Détecté à un stade précoce, ce carcinome basocellulaire n’est pas grave dans la très grande majorité des cas car il ne donne pas de métastases. Celles-ci sont rapportées dans environ 0,1% des cas. Le traitement consiste en une simple opération, le dermatologue doit juste enlever la tumeur. Un bon traitement chirurgical est très important car un carcinome basocellulaire peut envahir la profondeur de la peau et récidiver.

Anciennement appelé carcinome spinocellulaire, le carcinome épidermoïde touche un million de personnes à travers le monde. Le Docteur Blouard, dermatologue et membre du bureau de l’Euromelanoma, explique « il se développe sur une lésion précancéreuse qui est bénigne mais qui peut dégénérer : la kératose actinique. » Celle-ci se présente sous forme de petite croûte qu’on retrouve sur les zones les plus exposées au soleil : le décolleté, le visage, le cuir chevelu,… Le carcinome épidermoïde peut donner des métastases dans 1% des cas. 99% des carcinomes épidermoïdes bénéficient d’un traitement local.

Mais le cancer de la peau le plus virulent et mortel reste le mélanome. Celui-ci provient des mélanocytes, des petites tâches que l’on a sur la peau. Peu importe leur taille, ces mélanomes peuvent donner des métastases très agressives. Un patient peut mourir de ce cancer dans les quelques mois ou quelques années après le diagnostic. Cédric Blanpain prévient « Il faut toujours être extrêmement vigilant avec les mélanomes (…) et ne pas attendre que la tumeur ait 2 cm de diamètre avant d’agir. » Le mélanome apparait dans 80% des cas sur une peau saine, il n’y a que dans 20% des cas qu’il est lié à un grain de beauté existant. 

Le Registre du cancer rapporte qu’il y a chaque année plus de 70.000 nouveaux cas de cancers en Belgique. Il s’agit en fait de cancers potentiellement mortels. Parmi les cancers de la peau, seuls les mélanomes sont repris dans ces statistiques. Ceux-ci représentent 4% des cancers potentiellement mortels donc dont 90 % sont diagnostiqués au stade précoce. Le taux de survie à 5 ans est de plus de 90%. Même si une tumeur ou un cancer n’est pas potentiellement mortel, cela entraine une morbidité auprès des personnes concernées (anxiété, traitements chirurgicaux, complications rares,…). La prévention et le diagnostic précoce ont donc toute leur place et c’est d’autant plus vrai pour les mélanomes.

« Plus un cancer cutané est pris en charge tôt, plus on en guérit » Dr Walon

Comment développe-t-on un cancer de la peau ?

Selon le Docteur Walon, dermatologue, le cancer de la peau peut dépendre de l’âge mais également du capital UV entamé. Les dix premières années de vie sont les plus cruciales, elles peuvent déterminer un risque à long terme au niveau du cancer cutané. « Le risque le plus important, il est réalisé lors des dix premières années de vie d’un enfant d’exposition solaire ».

« Le soleil est un facteur stimulant extrêmement important mais qui n’est pas obligatoire. » En effet, comme l’explique le Dr Blouard, certaines personnes peuvent avoir un cancer de la peau sur des zones qui n’ont pas été exposées au soleil.

Quelles sont les personnes les plus à risque ?

Tous les scientifiques interrogés sont unanimes : les personnes avec des phototypes très clairs, les patients roux, blonds avec une peau claire sont des personnes à risque. Mais il n’y a pas qu’eux. Si vous souffrez du syndrome du naevus atypique, si vous avez des antécédents de cancer de la peau dans la famille, ou si vous avez vécu dans des pays ensoleillés étant enfant, vous avez également plus de risques de développer un cancer de la peau. 

Comment détecter un cancer de la peau ?

Selon le Docteur Walon, dermatologue, l’auto-examen est un geste très important à avoir. « Il permet de détecter des lésions qui pourraient éventuellement se multiplier et changer. » Elle conseille à ses patients de se faire aider par un membre de leur famille pour les zones difficiles à inspecter. Il ne faut pas oublier les zones peu visibles : le dos, l’arrière des oreilles, le cuir chevelu, les zones génitales ou encore entre les orteils.  En effet, les cancers de la peau peuvent se manifester à tous les endroits du corps, même ceux qui ne sont pas exposés au soleil car le soleil est un facteur responsable du cancer de la peau mais il n’est pas le seul. Si on détecte une lésion qui se serait modifiée ou une plaie qui ne guérit pas, il faut aller consulter un dermatologue.

Comment prévenir le cancer de la peau ?

Il ne faut pas s’exposer directement au soleil ou se mettre sur un transat pour accumuler des UV. 80% de notre exposition solaire provient de notre vie quotidienne : sortir, aller dans sa voiture, faire ses courses, … Le Docteur Blouard ajoute « Les pires vacances, c’est la Côte belge car il y a du vent et des nuages, on pense ne pas être exposé mais on l’est ». Pour se protéger de cette exposition silencieuse, il faut mettre de la crème solaire idéalement 365 jours par an sur les zones les plus exposées.

Au printemps ou en été, les dermatologues recommandent d’utiliser une crème solaire indice 50, de renouveler son application toutes les 2-3 heures et après chaque baignade. N’oubliez pas le dos des mains, le dos des pieds, les oreilles ou encore la nuque. Il faut également éviter de s’exposer aux heures chaudes, entre 12h et 16h. « Je conseille de porter un chapeau ou un bob plutôt qu’une casquette car la casquette ne couvre pas les oreilles », souligne le Docteur Blouard.

Est-ce que la recherche a aidé à faire avancer les traitements contre le cancer de la peau ?

En 30 ans, la recherche a énormément évolué. Des cancers de la peau qui étaient létaux à l’époque sont maintenant guérissables. Le carcinome basocellulaire, par exemple, peut être traité grâce à un traitement local d’immunothérapie. L’immunothérapie est aujourd’hui le traitement de choix pour les mélanomes métastatiques. La photothérapie dynamique permet de traiter certains carcinomes basocellulaires. Ce n’est pas parce que la recherche avance bien qu’on a trouvé la solution miracle pour sauver la peau. Le Professeur Blanpain et son équipe étudient tous les jours les cancers cutanés. « On comprend de mieux en mieux comment les cancers se développent, comment les cancers grandissent, comment les cancers se disséminent à distance. » La recherche sur les mélanomes reste indispensable car certains patients résistent à l’immunothérapie et aux médicaments ciblés. Quant aux recherches sur les carcinomes basocellulaires et les carcinomes épidermoïdes sont utiles pour la recherche fondamentale et pour servir de modèles pour les recherches sur d’autres types de cancers ou maladies.

« Le Télévie a un rôle capital dans le soutien à la recherche », Dr Blouard.

Quel est le futur du cancer de la peau ?

Les scientifiques s’attendent à voir le nombre de cancers de la peau augmenter dans les prochaines années. Pourquoi ? Car les personnes qui s’exposaient au soleil auparavant ne se protégeaient pas contre les rayons. Dans les années 60 ou 70, peu de personnes mettaient de la crème solaire. Selon le Dr Blouard, « le soleil est une bombe à retardement. » Heureusement, les campagnes de prévention commencent à porter leur fruit et tout le monde connait l’importance des gestes à avoir contre les effets négatifs du soleil. On s’attend donc à voir une baisse du nombre de cancers de la peau dû au soleil dans vingt ou trente ans.

Avec l’aimable collaboration scientifique du Professeur Jacques Boniver.

Le Télévie 2022 va pouvoir financer 77 projets et 85 chercheurs

Les 10.039.185 € récoltés financeront 77 projets et 85 scientifiques dans la recherche contre le cancer.

En mai dernier, l’opération Télévie a récolté 10.039.185 € pour la recherche contre le cancer. La générosité du public et des entreprises a, une fois de plus, été au rendez-vous malgré un contexte de crises.

Le Conseil d’Administration du F.R.S. – FNRS vient d’officialiser ce 21 juin les décisions de financement, sur base des recommandations de la Commission scientifique internationale réunie fin mai : dès cette année, 77 projets (dont 5 grands projets inter-universitaires) et 85 scientifiques (71 doctorants, 9 post-doctorants, 2 scientifiques non doctorants et 3 techniciens) seront financés par le Télévie.

Les nouveaux chercheurs et projets de recherche démarreront dès le 1er octobre.

En 34 ans, le Télévie a récolté près de 220 millions d’euros et permis au FNRS de soutenir plus de 2.500 chercheuses et chercheurs dans la lutte contre le cancer.

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