Cibler l’agressivité tumorale

Pour la première fois, une équipe de chercheuses et chercheurs de l’ULB menée par Cédric Blanpain, en collaboration avec l’Université de Lyon et la firme Netris Pharma, a réussi à développer un médicament capable d’enrayer la transition épithélio-mésenchymateuse, un mécanisme crucial dans l’agressivité de plusieurs cancers et le développement de métastases.

Il existe dans le corps humain des mécanismes extrêmement utiles mais qui, malheureusement, se retournent parfois contre lui et occasionnent des dégâts importants. C’est le cas de l’EMT, la transition épithélio-mésenchymateuse.

Pour se protéger des agressions extérieures, notre organisme dispose de diverses parois, comme la peau, la membrane qui tapisse l’intestin ou encore l’utérus et que l’on nomme épithélium. Les cellules qui les composent sont étroitement attachées les unes aux autres afin de former une couche imperméable. Cependant, au cours de la vie, il peut être nécessaire pour ces cellules de larguer les amarres, afin de migrer ailleurs. Elles subissent alors une réorganisation importante de leurs fonctions et deviennent mésenchymateuses. Ce processus a par exemple lieu au cours de la formation de l’embryon.

« Lors d’un cancer, l’EMT peut se réactiver, révèle Cédric Blanpain, Directeur du Laboratoire des Cellules souches et du Cancer, à l’ULB et membre de la Commission scientifique du Télévie. Cela rend les tumeurs plus agressives, et leur permet de développer des métastases. De plus, lors de cet état de transition, les cellules tumorales sont plus résistantes aux traitements que sont la chimiothérapie et l’immunothérapie. Il est donc primordial de trouver un moyen d’inhiber ce mécanisme. »

Les chercheuses et chercheurs de l’ULB ont donc scanné l’activité génétique de cellules cancéreuses EMT afin de déterminer quels gènes étaient activés dans ce processus. « Nous nous sommes rendus compte que le gène de la nétrine-1, ainsi que son récepteur UNC5B, étaient très fortement augmentés dans ces cellules », explique le Professeur Blanpain.

Or, au même moment à l’Université de Lyon, des chercheurs testaient spécifiquement un médicament anticancéreux dirigé contre la netrine-1 : L’équipe de l’ULB a donc naturellement fait appel à eux afin de tester cette molécule dans leur propre laboratoire. « Nous avons démontré qu’elle diminuait à la fois le nombre de tumeurs, le nombre de cellules EMT dans chaque tumeur, mais aussi le nombre de métastases, tout en sensibilisant les cellules tumorales à la chimiothérapie anticancéreuse, indique Cédric Blanpain. Et nos études in vitro ont confirmé que la nétrine-1 et son récepteur UNC5B communiquent ensemble et stimulent l’EMT, diminuant la capacité des cellules à s’accrocher les unes aux autres. »

Enhardie par ces résultats, l’équipe de l’ULB a communiqué ses résultats à l’équipe de l’Université de Lyon. « Ils ont administré cette molécule à des patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre, détaille Cédric Blanpain, et les biopsies réalisées ont très clairement montré la diminution de l’EMT au sein des tumeurs de ces patientes. Aujourd’hui l’essai se poursuit en combinaison avec un traitement par chimiothérapie, pour étudier une éventuelle synergie. »

Du côté de l’ULB, on souhaite désormais mieux comprendre le rôle de régulation de l’EMT par le gène nétrine-1. « La façon dont netrine-1 régule l’EMT n’est pas claire, et son étude pourrait amener à trouver des médicaments plus puissants encore », espère Cédric Blanpain.

Thibault Grandjean

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Je donne 1 € pour la lutte contre le cancer

Ce dimanche 4 février, c’est la journée mondiale de la lutte contre le cancer.

Nous sommes près de 12 millions de personnes en Belgique. Imaginez le résultat si chacun de nous donnait 1 euro pour soutenir le Télévie. Car oui, chaque euro compte, et donner 1 euro c’est déjà faire avancer la recherche.

Nous vous donnons rendez-vous tout ce week-end sur le site televie.be ou sur les réseaux sociaux du Télévie.

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« 1 euro 2024 »

Rentrée des chercheurs : toujours plus loin !

Cette année encore, de nouveaux thèmes de recherche sont apparus. Et, grâce au Télévie, de nouveaux chercheurs vont pouvoir faire, selon la modeste expression de l’un d’entre eux, « quelques pas de plus ». Pleins feux sur Pierre Foidart, Inès Bouriez, Mohammad Wehbi et Charlotte Grégoire.

Pierre Foidart : « Être à la fois clinicien et chercheur, c’est ça qui me rend heureux ! »

Après avoir passé quatre ans comme chercheur postdoctorant à Boston, dans un des plus grands centres mondiaux de recherche sur le cancer, le Dana-Farber Cancer Institute, Pierre Foidart est de retour au GIGA de l’ULiège.

Pierre Foidart a découvert l’oncologie pendant ses études de médecine. « Dès que j’ai pu assister à des consultations au CHU, j’ai été fasciné, d’une part, par l’aspect intellectuel de l’oncologie médicale – avec le cancer, il faut toujours avoir un coup d’avance, ce qui oblige les oncologues à une compréhension de plus en plus poussée de ses mécanismes physiopathologiques et des stratégies thérapeutiques – et, d’autre part, par la dimension psychique et relationnelle propre à ce métier profondément humain. »

C’est le Professeur Guy Jerusalem, à qui il présente sa candidature, qui l’incite à réaliser, parallèlement à sa formation clinique, une thèse de doctorat sur le – ou plutôt les, en raison de leur hétérogénéité – cancers du sein triple négatif. « Avec des périodes alternées de six mois en clinique et six mois en laboratoire. Je n’ai d’abord voulu m’engager que
pour six mois : je n’étais pas certain que j’aimerais la recherche. Mais Guy Jerusalem avait raison : être à la fois clinicien et chercheur, c’est cette vie-là qui me rend heureux !
»

Doublement de génome

Après avoir défendu sa thèse en 2019, il a eu l’occasion d’aller travailler à Boston, au Dana Farber Cancer Institute. « Comme j’avais le sentiment de devoir passer quelques années à l’étranger pour grandir en tant que chercheur, j’ai décidé de suspendre mon assistanat ». Une décision qu’il n’a jamais regrettée. « J’ai continué à travailler sur les cancers du sein triple négatif, mais en m’intéressant à la réponse immunitaire à ces cancers et à la manière dont ils tentent d’y échapper en doublant leur génome. Une tumeur qui présente un doublement de génome répond différemment au système immunitaire, mais aussi aux traitements d’immunothérapie. »

Nouvelles cibles

« Désormais revenu au GIGA, je vais pousser plus loin la compréhension de ce lien immunitaire. C’est à cela que va servir le financement du Télévie : décrypter la biologie moléculaire des tumeurs avec un doublement de génome et leurs réponses au système immunitaire et aux immunothérapies, et si possible identifier de nouvelles cibles thérapeutiques spécifiques à ces tumeurs. En collaboration avec Boston, bien entendu, mais aussi avec d’autres labos belges… ». Tout en prenant, à 34 ans, le temps nécessaire pour terminer son assistanat : il lui reste encore un an de formation clinique avant de décrocher son diplôme d’oncologue médical !

Inès Bouriez : « Mon mémoire m’a donné le déclic »

À 25 ans, Inès Bouriez est passionnée par le vieillissement et ses rapports avec les cancers en général, et les cancers cutanés en particulier. Le financement du Télévie, dont elle bénéficie depuis quelques semaines, lui apparaît d’abord comme une forme de reconnaissance : « Ça prouve que le projet a du potentiel ! » Dans la liste des sujets de mémoire proposés aux étudiants de master en biochimie et biologie moléculaire à l’UNamur, Inès a flashé sur « L’influence du sécrétome des kératinocytes sénescents sur le développement du cancer cutané ». « Les cancers cutanés sont de plus en plus fréquents, et ce n’est pas seulement dû à l’exposition au soleil, mais aussi au vieillissement de la population. Plus on avance en âge, plus on risque d’en développer un. La question étant : pourquoi ? »

Réponse(s)

Son mémoire lui a apporté un embryon de réponse : quand elles vieillissent, les cellules de la peau ou kératinocytes produisent un sécrétome (ensemble de molécules) pro-inflammatoire, qui pourrait bien faciliter la migration et la transformation des cellules cancéreuses et les rendre plus agressives. « Mais j’ai également découvert que j’adorais travailler en laboratoire, tester, voir ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas, réfléchir, créer des projets et les présenter… Avant, je n’aurais jamais pensé à faire de la recherche. C’est vraiment mon mémoire qui m’a donné le déclic ! »

Trio idéal

Aussi a-t-elle accueilli avec enthousiasme l’idée de le prolonger e doctorat. D’autant que sa promotrice principale, Florence Chainiaux, Chercheuse qualifiée FNRS à l’UNamur, est spécialisée, un de ses copromoteurs, Yves Pournay, Professeur à l’UNamur, dans la biologie cutanée, et l’autre, Cédric Blanpain, Professeur à l’ULB, dans le cancer, dans le cancer. « Je ne pourrais pas être mieux suivie : c’est le trio idéal ! » Un stage au Centre de recherche du CHUM à Montréal, dans un laboratoire travaillant sur le lien sénescence-cancer, l’a d’ailleurs confortée dans son objectif : « Identifier les facteurs qui favorisent le développement d’un cancer de la peau dans l’environnement vieillissant, afin de les éradiquer ».

Finalité

Faut-il en conclure qu’elle apprécie surtout la recherche pour son utilité pratique ? « La recherche fondamentale, c’est passionnant. Mais, ce qui m’a plu, dans ce projet, c’est la finalité appliquée. Si je peux contribuer, si peu que ce soit, à la lutte contre le cancer, ça me rendra très heureuse… »

Mohammad Wehbi : « C’est un projet interdisciplinaire. Et moi, j’ai fait un peu de tout… »

Détenteur d’une licence de biochimie de l’Université Libanaise, à Beyrouth, et d’un master en génie biomédical de l’Université de Grenoble Alpes, Mohammad Wehbi, originaire du Liban, est aujourd’hui, à 24 ans, Doctorant à l’UCLouvain, au Louvain Drug Research Institute, où il se consacre à la détection du mélanome.

On pense souvent que le mélanome, c’est facile à détecter : il suffit d’une biopsie ! « Bien sûr. Mais une biopsie, c’est une chirurgie. » Son projet porte donc sur la détection précoce et précise du mélanome sans chirurgie.

Épaisseur de Breslow

« Le mélanome est le cancer de la peau le plus dangereux, en constante augmentation ces derniers temps. Les mélanocytes, cellules à l’origine du mélanome, contiennent un pigment appelé mélanine, responsable de la pigmentation de nos cheveux, de notre peau et de nos yeux. Et le premier critère de gravité d’un mélanome est son épaisseur de Breslow, mesurée en millimètres depuis la couche épidermique jusqu’à la partie la plus profonde, dans le derme, corrélée à une quantité anormale de mélanine dans la tumeur. »

Mélanine paramagnétique

Le défi est de valider une technique non invasive, renseignant à la fois sur la quantité de mélanine et la profondeur de Breslow. « En fait, la mélanine présente une propriété spécifique, qui est d’être paramagnétique. Ce qui signifie qu’elle peut être détectée par une technique appelée résonance paramagnétique électronique ou RPE. Une étude clinique sur la RPE dans le mélanome a montré que cette technique est capable de distinguer une tumeur bénigne d’une tumeur maligne avec un niveau de confiance élevé. Mais, pour mesurer la profondeur de Breslow, et donc évaluer la gravité de la tumeur, il faut utiliser un mode amélioré de RPE, l’analyse multiharmonique. »

RPE contre biopsie

Cette technique améliorée ayant fait ses preuves in vivo, sur la peau des souris, les tumeurs ganglionnaires et les métastases pulmonaires, Mohammad prévoit, pour les deux prochaines années, un essai clinique sur 183 patients, afin d’évaluer les performances de la RPE clinique et multiharmonique, par rapport à la biopsie, pour le diagnostic du mélanome cutané. « C’est un projet interdisciplinaire, qui combine biologie, physique- chimie, ingénierie et recherche clinique. Comme j’ai fait un peu de tout, ça me convient très bien. Et j’espère ainsi augmenter la spécificité du diagnostic et accélérer la prise en charge du mélanome avancé. »

Charlotte Grégoire : « Ce que j’aime vraiment, c’est la psycho-onco ! »

Après des études en psychologie clinique à l’ULiège, un mémoire sur les conjoints des personnes atteintes d’un cancer et une thèse de doctorat sur l’utilisation de l’autohypnose et de l’autobienveillance en oncologie, Charlotte Grégoire, 32 ans, relève un nouveau défi.

Ce n’est pas la première fois que Charlotte fait appel au Télévie. « Après avoir défendu ma thèse, en avril 2020, j’ai postulé à plusieurs bourses de postdoctorat. Et, en attendant les résultats, j’ai travaillé au CHU, en oncologie médicale, en tant que gestionnaire de projets. J’ai obtenu un premier financement Télévie pour un projet portant sur trois interventions complémentaires – l’hypnose, la méditation d’auto-compassion et une nouvelle technique appelée la transe cognitive auto-induite, issue des pratiques chamaniques traditionnelles – destinées à améliorer la qualité de vie des patients oncologiques. Ce projet, mené sur le terrain par une doctorante, Nolwenn Marie, et supervisé par moi, ainsi que par les Docteures Vanhaudenhuyse et Gosseries, est toujours en cours. »

Cluster

Mais c’est pour un autre projet, intitulé « Évolution et prise en charge d’un ensemble, un groupe de symptômes psychoneurologiques chez les patients ayant eu un cancer du sein ou un cancer digestif » que le Télévie lui a accordé, cette année, un deuxième financement. « Les patients oncologiques présentent différents symptômes fréquents et sévères, étroitement liés les uns aux autres : fatigue, troubles du sommeil, douleur, détresse émotionnelle, difficultés cognitives… L’idée du projet est de mieux comprendre les relations entre ces symptômes au moyen de ce qu’on appelle des analyses en réseaux, afin de déterminer un symptôme central, susceptible de devenir une cible privilégiée pour agir sur l’ensemble de ces symptômes. Cette évaluation va se faire en deux ans, sur 500 patients au total – 250 avec un cancer du sein, 250 avec un cancer digestif. Et, dans une deuxième phase, pour laquelle il me faudra un nouveau financement, nous viserons ce symptôme central, par des interventions complémentaires non pharmacologiques, pour étudier son impact sur tout le groupe de symptômes. »

Challenge

Si son passage au CHU de Liège l’a éclairée sur ses préférences – « ce que j’aime vraiment, c’est l’oncologie, et surtout la psycho-onco, la dimension psychologique de l’oncologie » – et sur son désir de rester chercheuse – « même si ça implique de chercher tout le temps de nouveaux financements, c’est très challengeant ! », elle reconnaît elle-même qu’elle est trop speed pour s’adonner à la relaxation, à la méditation, ou même à l’hypnose, malgré son admiration pour la Professeure Marie-Élisabeth Faymonville, dont elle a suivi les cours.
« Mais ça ne m’empêche pas de constater que ces approches aident vraiment les patients – et c’est ça l’important. »

Marie-Françoise Dispa

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Une avancée majeure dans la compréhension, le diagnostic et le traitement des leucémies

Une avancée rendue possible grâce aux travaux d’une équipe de recherche emmenée par Francois Fuks, Promoteur Principal de PDR FNRS, Promoteur Télévie, Directeur du Laboratoire d’épigénétique du cancer, Professeur à la Faculté de médecine, ULB – Université libre de Bruxelles.

Cette équipe est parvenue à identifier un nouveau lecteur de l’ARN, SRSF2, et lève pour la première fois le voile sur le rôle clef que joue la protéine SRSF2 dans le développement des leucémies. Le gène SRSF2 est un des gènes les plus fréquemment mutés chez les patients : jusqu’à 50% dans certains types de leucémies.

En Belgique, environ 1.300 nouveaux cas de leucémie sont diagnostiqués chaque année. Une maladie principalement traitée par chimiothérapie. Cette découverte, dont les résultats sont publiés dans Molecular Cell, ouvre dès lors une autre voie de recherche : des thérapies anti-cancéreuses inédites grâce à l’alphabet complexe de l’ARN messager (ou épigénétique de l’ARN).

https://actus.ulb.be/fr/presse/communiques-de-presse/recherche/cancer-vers-une-nouvelle-therapie-contre-la-leucemie?fbclid=IwAR2Ix_cEUGJYgrVrpc9126C83CF2O0Ef07kKhnmxylZHhuNFuJEkIzg5qS0

Les cancers chez les hommes

Les hommes ne sont pas épargnés par le cancer. C’est pour cela que beaucoup participent au « movember ». Contraction des phonèmes anglo-saxons « mo » (moustache) et « november » (novembre), cet événement encourage les hommes à laisser pousser leur moustache durant le mois de novembre. Le but ? Sensibiliser le grand public aux maladies masculines, notamment le cancer de la prostate et le cancer des testicules.  

Le cancer de la prostate

Deuxième cancer le plus fréquent chez les hommes, il touche 10 000 hommes par an en Belgique. Il est généralement diagnostiqué vers l’âge de 70 ans. Les symptômes sont souvent d’ordre urinaires : blocage à la miction, sang dans les urines ou envie plus fréquente. Le cancer de la prostate est d’évolution lente et se traite très bien. Les chirurgiens vont procéder à une ablation de la prostate. Ensuite, le patient devra suivre des séances de radiothérapie ou d’hormonothérapie. Si vous avez des antécédents de cancer de la prostate, de cancer du sein ou de cancer des ovaires dans votre famille, vous êtes plus à risque d’être touché par un cancer de la prostate.

Le cancer du testicule

Même si ce cancer est peu fréquent, les médecins constatent une légère augmentation de cas diagnostiqués. Cette fois-ci, ce sont les hommes jeunes, entre 15 et 44 ans avec un pic à 30 ans, qui sont le plus touchés. Les signaux d’alarme sont les suivants : changement d’apparence ou de volume du testicule, apparition d’une boule sur le testicule. Comme premier traitement, les médecins vont enlever la tumeur présente dans le testicule. Dans de rares cas, le patient peut suivre une chimiothérapie si le cancer s’est propagé au-delà du testicule. Il n’existe pas d’antécédents familiaux dans ce cancer. Seuls les hommes dont l’un ou les deux testicules ne sont pas descendus correctement sont plus à risque.

Les cancers de la verge et de l’anus

Moins de 1% des hommes sont touchés par ces cancers, ils sont très rares. Liés à l’infection au papillomavirus (HPV), ils peuvent être évités en étant vacciné contre le HPV. La Belgique rembourse les vaccins pour les filles et les garçons. Pour un cancer de la verge, les malades ont souvent remarqué une modification de la peau du pénis, une plaie qui ne cicatrise pas ou un écoulement persistant sous le prépuce. Le cancer de l’anus apparait lui plutôt sous la forme d’une masse dans la zone anale, de douleurs anales ou de sang dans les selles.

Le cancer du sein

Les femmes sont évidemment plus touchées par ce cancer. Surtout si elles ont plus de 50 ans. Mais les hommes sont à risque également. Chaque année en Belgique, une centaine de cas masculins de cancers du sein sont recensés. Une raison de plus de faire attention si le patient voit une boule suspecte apparaitre sur son torse.  

Le premier geste contre le cancer du sein

En Belgique, le cancer du sein est un des cancers les plus fréquents, touchant près d’une femme sur huit au cours de sa vie. Un diagnostic précoce de la maladie, permet non seulement des traitements moins intrusifs mais augmente aussi le taux de guérison. Zoom sur l’autopalpation de la poitrine ; un des moyens de dépister les éventuelles anomalies à faire chez soi. 

Il est conseillé de réaliser l’autopalpation de la poitrine une fois par mois juste après le cycle menstruel.

  • Etape 1 : L’observation. 
  • Commencez par observer votre poitrine dans un miroir, en étant débout, droit, les bras le long du corps. Soyez attentif à la modification de l’apparence de la poitrine que ce soit l’aspect de la peau, une différence de volume, ou l’aspect et la couleur des mamelons.
  • Etape 2 : La palpation.
  • Levez le bras puis à l’aide des trois doigts du milieux de l’autre main, effectuez des petits mouvements circulaires, les doigts à plat, en commençant par la partie externe
  •  Dessinez des cercles en vous rapprochant de plus en plus du mamelon. 
  • Palpez la zone au-dessus de la clavicule, une importance particulière doit être accordée à la zone entre l’aisselle et le mamelon.
  • La dernière étape consiste à presser légèrement les mamelons afin de vérifier qu’aucun liquide ne s’écoule.

Les éléments à surveiller durant ces mouvements sont d’éventuelles grosseurs de consistance dures.

Si vous remarquez une anomalie, il est important de consulter un médecin.  Un symptôme n’est pas automatiquement synonyme de cancer mais quand il est question de santé, la prudence reste toujours de mise. 

Le cancer du sein, c’est quoi ?

Cancer du sein

En octobre, tous les regards sont braqués sur le cancer du sein. À raison car ce cancer touche plus de 11 000 personnes en Belgique par an, ce qui en fait le deuxième cancer le plus fréquent chez les Belges. Mais, c’est quoi en fait un cancer du sein ? Le Pr François Duhoux, Chef de clinique associé au service d’oncologie médicale des Cliniques universitaires Saint-Luc, et le Pr François Fuks, Directeur du laboratoire d’épigénétique à l’ULB et Promoteur Télévie, ont répondu à nos questions.

Quels sont les différents types de cancer du sein ?

Il existe plusieurs types de cancers du sein comme le carcinome canalaire. Celui-ci se décline sous deux formes : in situ et infiltrant. Le carcinome canalaire in situ se développe via une tumeur qui atteint les canaux du sein transportant le lait. Le carcinome canalaire infiltrant se développe via une tumeur qui atteint les mêmes canaux mais qui va également s’étendre aux tissus mammaires. C’est le cancer du sein le plus commun.

Un autre type de cancer du sein est le carcinome lobulaire. Les carcinomes lobulaires ne se développent pas via une tumeur mais directement dans les glandes mammaires. Le carcinome lobulaire in situ se limitera aux glandes mammaires, tandis que le carcinome lobulaire infiltrant s’étendra aux tissus mammaires.

Comment soigne-t-on un cancer du sein ?

Pour soigner un cancer du sein, il faut connaitre son sous-type. Toutes les tumeurs sont différentes mais on peut les regrouper dans trois grandes catégories : les cancers du sein hormonodépendants, les cancers du sein HER2 surexprimés ou les cancers du sein triple négatifs. Selon le Pr Fuks, c’est en définissant le sous-type du cancer que les oncologues pourront trouver le traitement adapté. « Le but ultime, c’est de pouvoir à un moment détecter et traiter chaque personne, chaque patiente atteinte d’un cancer du sein. »

Les cancers du sein hormonodépendants sont les plus fréquents chez les femmes ménopausées. Les patients vont d’abord subir une chirurgie pour retirer la tumeur, et seront ensuite traités avec une chimiothérapie ou une radiothérapie. Ils pourront également devoir prendre une hormonothérapie pendant plusieurs années.

Les cancers du sein HER2 surexprimés sont qualifiés de cancers agressifs, néanmoins il existe de très bons traitements pour combattre ces cancers comme les thérapies ciblées.

Les cancers du sein triple négatifs apparaissent plus souvent chez les femmes jeunes qui ont des prédispositions génétiques. C’est un cancer rare mais qui peut envoyer beaucoup de métastases dans le corps. Le Pr Duhoux explique « C’est les plus dangereux parce qu’en fait, on a beaucoup moins de traitements disponibles pour ces cancers-là » En effet, jusqu’à il y a peu, seules la chirurgie et la chimiothérapie pouvaient être utilisées contre ce cancer. On peut à présent aussi utiliser l’immunothérapie, dans certains cas sélectionnés.

Comment développe-t-on un cancer du sein ?

Le développement d’un cancer du sein peut prendre plusieurs années. Dans la plupart des cas, une petite tumeur va apparaitre sur le sein et va grandir de plus en plus. Les personnes touchées par un cancer du sein vont avoir différents symptômes comme une masse dure dans un sein aux contours irréguliers, des ganglions gonflés et durs au niveau de l’aisselle, des écoulements au niveau d’un des deux mamelons ou encore une modification du mamelon ou de la peau du sein.

Comment détecter un cancer du sein ?

Les médecins vont procéder à une palpation de la poitrine pour détecter une éventuelle tumeur, ils vont aussi demander une mammographie ou une échographie. Il est également conseillé aux femmes de pratiquer l’autopalpation. Le Pr Duhoux revient sur l’importance du dépistage. « Ce qu’on essaye de faire par le dépistage, c’est de le détecter le plus tôt possible parce qu’on sait qu’au plus il est pris tôt, au plus on a de chances d’en guérir. » En effet, un cancer du sein détecté à un stade précoce n’aura pas encore eu le temps d’envoyer des métastases à d’autres endroits du corps.

Quelles sont les personnes le plus à risque ?

Les femmes sont évidemment plus touchées par ce cancer. Surtout si elles ont plus de 50 ans.  Mais le Pr Duhoux tient à rappeler que les hommes sont à risque également. « Il y a à peu près 11 000 nouveaux cas de cancer du sein en Belgique chaque année, et sur les 11 000 il y a à peu près une centaine d’hommes ». Il existe des cas de cancers du sein chez les jeunes adultes, mais cela reste très rare.  Il y aussi une dimension génétique dans le cas de ce cancer. Si vous avez des antécédents de cancer du sein ou de cancer des ovaires dans votre famille, il est conseillé de consulter son médecin plus régulièrement. Les personnes qui prennent des traitements hormonaux de substitution, les femmes qui ont eu leurs règles jeunes, les femmes ménopausées tardivement ou les femmes qui sont tombées enceintes tardivement sont également plus concernées.

Est-ce que la recherche a aidé à faire avancer les traitements contre les cancers du sein ?

De nos jours, 90% des personnes touchées par un cancer du sein guérissent. Le taux de guérison du cancer du sein a fort augmenté ces dernières années car des patients ont pu participer à des études et ont pu profiter de traitements expérimentaux. Ces traitements se sont montrés si efficaces qu’ils sont utilisés maintenant dans les protocoles de traitements contre le cancer du sein.

Et parfois, certains traitements trouvés pour soigner d’autres cancers se montrent également efficaces. Un traitement utilisé pour combattre le mélanome est en train d’être testé pour combattre le cancer du sein. Le Pr Fuks rajoute « Il y a quelques mois on pensait que ça ne fonctionnerait peut-être pas dans d’autres cancers tels que le cancer du sein, et il y a des résultats intéressants. »

Quel est le futur du cancer du sein ?

Le Pr Duhoux est optimiste « Dans 30 ans, j’espère ne plus avoir de travail. » En effet, les chercheurs comprennent de mieux en mieux les mécanismes du cancer du sein et les cellules cancéreuses. Ils arriveront un jour à comprendre pourquoi elles résistent aux traitements.

Les métastases sont également étudiées. Comment faire en sorte qu’elles ne se propagent plus du sein au reste du corps ? C’est la question que se pose l’équipe du Professeur Fuks. Tous les jours, ils effectuent des recherches sur ce sujet en épigénétique.

Même s’ils sont peu fréquents, les cas de récidives de cancers du sein existent. Beaucoup de recherches existent également sur ce sujet. Pour le Pr Fuks « Le Télévie contribue beaucoup à ce genre de recherche et je pense que ça c’est aussi essentiel. »  

L’Institut Albert II, l’humain avant tout

Dans le sillage d’autres instituts de cancérologie en Europe, les Cliniques universitaires Saint-Luc ont fait le choix de rassembler l’ensemble des activités d’oncologie et d’hématologie au sein d’un centre unique, l’Institut Albert II. Fin 2024, l’Institut déménagera vers un nouveau bâtiment, entièrement tourné vers le patient.

Les Cliniques universitaires Saint-Luc font peau neuve. Avec le projet Hôpital 2025, elles ambitionnent de transformer en profondeur l’hôpital bruxellois. L’un des premiers bâtiments à sortir de terre sera le nouvel Institut de cancérologie Albert II, qui devrait accueillir ses premiers patients l’année prochaine. Mais pas question ici de dupliquer l’hôpital. « Ceci n’est pas un bâtiment, sourit le Pr Jean-Pascal Machiels, Chef du Département d’hématologie et de cancérologie adulte et pédiatrique. Cela signifie que, loin d’isoler les patients atteints d’un cancer dans un centre dédié, nous construisons en réalité une extension des Cliniques Saint-Luc qui sera totalement en lien avec l’hôpital. » 

Cette construction est devenue nécessaire du fait de l’évolution de la cancérologie depuis plusieurs années. « L’oncologie est devenue à la fois extrêmement spécialisée et multidisciplinaire, détaille le Pr Machiels. Il n’est aujourd’hui plus possible d’être un oncologue général, et ainsi je ne traite moi-même que certains types de tumeurs. Ensuite, les cancers nécessitent la coordination de plusieurs spécialistes, du radiothérapeute au chirurgien en passant par les généticiens, les anatomopathologistes, … et ce de manière très codifiée. Toutes les décisions sont aujourd’hui prises par des groupes multidisciplinaires au cas par cas. » 

Une multidisciplinarité d’autant plus importante que le traitement d’un cancer ne se limite pas aux seuls traitements médicaux. « Nous sommes très attachés depuis plusieurs années à prendre soin des patients dans leur entièreté, ce qui implique l’intervention de nombreux praticiens, confirme le Pr Machiels. Psychologues, physiothérapeutes, assistants sociaux, coordinateurs de soins et de recherche, esthéticiens, tous ces professionnels sont devenus partie prenante du traitement et du processus de rémission. » C’est dans cette optique qu’a été conçu le nouvel Institut. « Au lieu d’envoyer le patient dans différents services, l’ensemble du personnel se déplacera autour de lui », révèle l’oncologue. On ne fait bien que ce que l’on fait souvent. En centralisant les patients au sein d’un même établissement, on améliore par là même leur taux de survie. Cela favorisera aussi les collaborations entre les groupes. «  Il est très important de garder des ponts entre les différentes pathologies, car vous apprenez toujours des autres, juge le Pr Machiels. Non seulement dans votre propre spécialité, mais également de vos confrères chirurgiens ou radiologues. Tout cela bénéficie in fine au patient. » 

Mais pour autant, pas question de couper les patients du reste de l’hôpital. « Il est fréquent qu’un patient atteint d’un cancer développe une complication comme une pathologie cardiovasculaire, ou une maladie induite par un traitement comme l’immunothérapie, explique le Pr Machiels. En restant lié à un hôpital général, on s’assure alors de traiter efficacement ces pathologies. En définitive, cette nouvelle construction a certes pour but de s’adapter au soin et à la multidisciplinarité que requiert l’oncologie, mais aussi et surtout de rendre les choses beaucoup plus humaines. »

Une place de choix pour la recherche

Cette nouvelle organisation centrée sur le patient ne doit pas pour autant occulter la recherche, aussi indispensable que quotidienne en oncologie. Pleinement intégrée aux soins, la recherche clinique compte ainsi plus de 200 protocoles ouverts en permanence à l’Institut Roi Albert II. «  Il faut battre en brèche cette image d’Hollywood où les essais sont présentés comme un coup de poker à des patients mourants, estime le Pr Machiels. Au contraire, ils sont proposés chaque jour à des patients à un stade encore précoce, et ils ne doivent jamais être une perte de chance pour eux. »  La sécurité du patient est alors assurée grâce à un suivi rigoureux. Afin de mener des recherches de pointe, l’Institut dispose même d’une Unité de phase I, où l’on teste de nouvelles molécules. « La recherche clinique est ici supervisée par une trentaine de coordinateurs de recherche, ce qui représente une immense équipe, relate l’oncologue. La nouvelle infrastructure permettra de regrouper leurs activités et de centraliser la recherche, ce qui aura le double avantage de simplifier certaines procédures, et de la rendre beaucoup plus visible au sein de l’hôpital. » 

En plus de la recherche clinique, les Cliniques universitaires Saint-Luc peuvent également compter sur une recherche fondamentale d’immense qualité, grâce à sa collaboration étroite avec l’UCLouvain, à laquelle elle est associée. « La renommée de l’Institut de Duve, notamment, et celle de l’Institut Ludwig, se sont établies bien avant celle de l’hôpital, grâce à leurs travaux pionniers sur l’immunothérapie, dévoile JeanPascal Machiels, et nous avons eu la chance d’en conduire certains essais cliniques. Bien entendu, les chercheurs de ces instituts participent déjà à nos réunions multidisciplinaires. » 

Un centre de référence européen

Grand centre de cancérologie bruxellois, l’Institut Albert II traite la totalité des cancers de l’adulte et de l’enfant. Un étage entier sera d’ailleurs réservé aux cancers pédiatriques, avec les spécificités que requiert cette discipline. Dans l’ensemble, environ 3000 nouveaux diagnostics de cancers seront réalisés dans ce nouveau centre chaque année. Un chiffre important, qui doit avant tout être vu comme la possibilité d’acquérir une plus grande expertise, notamment pour les tumeurs les plus rares, avec à la clé une meilleure prise en charge. « On ne fait bien que ce que l’on fait souvent, résume le Pr Machiels. En centralisant les patients au sein d’un même établissement, on améliore par là même leur taux de survie. » 

À terme, l’Institut Albert II se fixe comme objectif de s’élever au niveau des grands centres européens de cancérologie, que l’on nomme les « Comprehensive Cancer Centers ». Ce réseau, de plus de 100 institutions de pointe dans toute l’Europe, a pour ambition de développer la coopération entre spécialistes et d’ainsi, renforcer l’accès aux soins et faciliter la recherche. L’Union européenne espère que d’ici à 2030, 90 % des patients européens auront accès à une telle qualité de soins.

Thibault Grandjean

Les 11.229.081,08 euros récoltés financeront 88 projets et 95 scientifiques dans la recherche contre le cancer !

En avril dernier, l’opération Télévie s’est clôturée sur un montant exceptionnel de 11.229.081,08 euros, grâce à l’extrême générosité des Belges. L’intégralité de cette somme va servir à financer la recherche contre le cancer.

Le Conseil d’Administration du FNRS vient en effet d’officialiser ce 20 juin les décisions de financement, sur base des recommandations de la Commission scientifique qui s’est réunie fin mai : dès cette année, 88 projets (dont 6 grands projets inter-universitaires) et 95 scientifiques (85 chercheuses et chercheurs, 3 scientifiques non-doctorant(e)s et 7 technicien(ne)s) seront financés par le Télévie. Des chiffres en hausse par rapport à l’an dernier (77 projets et 85 scientifiques soutenus en 2022) grâce à des dons plus importants (près d’1,2 millions supplémentaires en 2023).

L’argent récolté est précieux et la procédure d’allocation de ces fonds est très rigoureuse. Des experts nationaux et internationaux ont évalué les projets, sur base de critères d’excellence, de réalisme, de faisabilité et d’originalité notamment.

Les nouveaux chercheuses et chercheurs et les projets de recherche démarreront dès le 1er octobre.

Depuis 1989, le Télévie a récolté plus de 240 millions d’euros et permis au FNRS de soutenir plus de 2700 chercheuses et chercheurs dans la lutte contre le cancer.

Commission Scientifique du Télévie : une centaine de projets analysés à la loupe

C’est une étape importante aujourd’hui pour les chercheurs et chercheuses du télévie. La commission scientifique se réunit. Son but est répartir les 11 millions d’euros récoltés lors de la dernière édition du Télévie. Au total, 117 dossiers de candidature ont été rentrés entre le 1er février et le 1er mars 2023. Il faut à présent faire une sélection. 

11 229 081, 08 euros ont été récoltés lors de la grande soirée de cloture du Télévie le 22 avril dernier. Une immense générosité, qui va trouver aujourd’hui, sa finalité. La commission scientifique du Télévie se réunit pour répartir l’enveloppe. 117 projets de recherche en cancérologie lui ont été soumis. Environ la moitié sera retenue, en fonction de critères bien précis: « On veut faire quoi, à partir de quoi, sur quelle base, sur quelle hypothèse? Est-ce que ce projet est faisable? Et enfin, est-ce que si ce projet réussit, cela peut donner des avancées pour traiter les patients? Nous ne sommes pas dans une recherche théorique, nous sommes dans une recherche pratique. Dans le cadre du Télévie, cette recherche vise à améliorer le sort des patients cancéreux« , explique Jacques Boniver, membre de la commission scientifique du Télévie.

Les projets présentés visent à mieux comprendre le développement des cancers, ou à concevoir de nouveaux traitements. Cancers du sein, du poumon, du tube digestif, de nombreux chercheurs souhaitent aussi s’attaque aux difficiles tumeurs cérébrales: « Nous recevons beaucoup de projets s’intéressant à la biologie des gliomes et des glioblastomes, qui sont les tumeurs cérébrales primitives les plus agressives. Il faut mettre le maximum de financement sur ces projets, qui proposent différentes manières de soit mieux les comprendre, dans le but de mieux les cibler, soit de proposer de nouvelles approches thérapeutiques, qui pourraient être très prometteuses« , affirme Emanuelle Huillard, chercheuse au CNRS à l’Institut du cerveau. 

Les projets choisis seront dévoilés début juillet, pour que les recherches puissent être lancées dès cet automne.

Depuis la création du Télévie, près de 2.700 études en cancérologie ont ainsi été financées.

Source : RTL Info

Pourquoi est-ce qu’un vaccin contre le cancer n’aboutit pas ?

La pandémie a montré aux yeux du monde que la recherche et l’industrie pouvaient aller très vite pour élaborer un vaccin contre une maladie virale : le coronavirus. Mais qu’en est-il d’un vaccin contre le cancer ? Si l’on a pu réaliser un vaccin en quelques mois contre une maladie jusqu’alors inconnue, pourquoi ne pourrait-on pas le faire contre le cancer ? Explications…

En réalité, ce n’est pas aussi simple que cela… D’abord, parce que le coronavirus n’était pas, en vérité, une maladie inconnue. Ensuite, parce que prévenir d’une maladie virale est une chose, et prévenir un cancer en est une autre. Car le cancer revêt une grande variété de formes différentes selon l’organe qu’il touche, selon le type cellulaire affecté dans
cet organe, selon l’individu touché et son histoire…

Il existe des vaccins

Le Télévie s’est donc tourné vers la Pre Anne Van den Broeke pour trouver réponse à ces questions. Elle dirige l’équipe de recherche sur la cancérogenèse virale à l’Institut Bordet et est promotrice de projets Télévie. « Il y a plusieurs choses à dire. D’abord, il y a des vaccins anticancers qui ont abouti et qui sont utilisés : les vaccins contre les virus HPV qui causent plus de 90% des cancers du col de l’utérus », explique Anne Van den Broeke. Les jeunes filles ne sont pas les seules concernées. « Ce même vaccin est utile contre les cancers qu’on appelle ‘tête et cou’ dont une proportion de plus en plus importante est liée au même virus. » Un autre vaccin préventif qui existe : celui contre le virus de l’hépatite B. « Ce virus contribue à l’apparition de cancers du foie », détaille la chercheuse. Ainsi, il existe donc des cancers pour lesquels un vaccin préventif existe. « Il ne s’agit pas du plus grand nombre des cancers – 20% des cancers sont liés à des virus –, mais il y a tout de même des vaccins qui aboutissent », conclut Anne Van den Broeke.

Vaccin préventif et curatif


Qu’en est-il des avancées concernant les autres cancers ? On ne peut pas dire que la recherche n’avance pas, mais il faut prendre conscience que prévenir tout type de cancer à l’aide d’un vaccin unique est une utopie. Pour le moment, dans le cadre du cancer, le vaccin
est d’abord une solution thérapeutique plutôt qu’une solution de prévention. « Le vaccin contre le cancer en traitement curatif reste difficile », concède la chercheuse. « Vacciner contre un virus, c’est vacciner contre un élément étranger au corps. Or, le cancer démarre au sein même du corps c’est-à-dire dans des cellules « du soi » non étrangères et les tumeurs sont entourées d’un micro-environnement qui leur est propre. Cet environnement est, de plus, immunodéprimé : les vaccins ont plus de mal à agir car le système immunitaire est déficient. Le patient atteint d’un cancer ne réagit donc pas comme une personne saine au vaccin. Sans compter les traitements déjà donnés au patient, par exemple la chimiothérapie, qui dans certains cas peut altérer les cellules immunitaires. » L’un des plus gros obstacles à la vaccination est le nombre de cancers différents. Il y en a des centaines, si pas des milliers. « Pour chaque type de cancer du sein par exemple, il faudrait un vaccin différent. Cette diversité est problématique », admet Anne Van den Broeke. Chaque cancer est, de plus, différent pour chaque individu. Le cancer du sein d’une patiente X n’est pas le même que celui de la patiente Y. « Tout à fait. Non seulement la tumeur ellemême peut être différente, mais son micro-environnement peut l‘être également On sait maintenant que le niveau d’infiltration de la tumeur par des cellules bien particulières du système immunitaire peut expliquer pourquoi deux patients réagissent différemment au même traitement. Les différences individuelles sont également une difficulté à surmonter. Heureusement, les progrès en génomique, comme le séquençage du génome humain et des tumeurs elles-mêmes, permettent aujourd’hui à la recherche d’avancer dans la détection de mutations bien spécifiques de la tumeur, donc préférentiellement absentes des cellules saines, qui peuvent être envisagées comme cible pour générer une réponse immunitaire contre la tumeur. » In fine, il y a de nombreux obstacles à la mise au point d’un vaccin anticancer : la diversité des tumeurs, le micro-environnement immunitaire déprimé, la sélection des antigènes tumoraux utilisés comme cibles du vaccin, la méthode que l’on choisit pour l’administrer… Heureusement, la recherche avance et permet aujourd’hui de lever certains freins.

L’espoir est permis


S’il y a encore beaucoup d’écueils, l’immunothérapie permet déjà aujourd’hui d’envisager de nouvelles initiatives dans la recherche de vaccins anticancers. « Des chercheurs travaillent actuellement à la combinaison de vaccins et d’immunothérapies. L’objectif est de lever les freins qui empêchent le système immunitaire de bien fonctionner par le biais de l’immunothérapie afin que le vaccin administré soit plus efficace », explique la Pre Van Den
Broeke. Enfin, la pandémie a malgré elle fait avancer la recherche. « Il faut savoir qu’à l’origine l’utilisation de l’ARN messager comme vecteur d’antigènes en vaccination a été développée dans le cadre de recherches dans le domaine du cancer entre autres, mais non
des virus », recadre Anne Van den Broeke. « Les expériences fondamentales ont été réalisées en ce sens il y des dizaines d’années. Mais l’administration efficace de l’ARN à des patients demandait plus de mise au point. La pandémie et l’urgence de trouver des solutions ont certainement permis d’optimaliser la manière dont on administre aujourd’hui des vaccins à ARN messager. Et cela peut profiter à la vaccination contre le cancer. »

Journaliste : Laurent Zanella

Les particules élémentaires accélèrent la lutte contre le cancer

Les chercheurs du CERN, l’un des plus prestigieux laboratoire du monde, brisent les particules élémentaires pour tenter d’élucider les mystères de l’Univers. Mais leur savoir-faire permet aussi de repousser les limites du traitement de certains cancers jusque-là mortels.

Les physiciens de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire -à cheval entre la Suisse et la France près de Genève- travaillent avec des accélérateurs de particules géants pour trouver les moyens d’étendre la portée de la radiothérapie anticancéreuse et de s’attaquer ainsi à des tumeurs difficiles d’accès qui, autrement, signaient l’arrêt de mort du patient.

Roberto Corsini est le coordinateur du laboratoire CLEAR, au coeur du CERN. Il se tient debout à côté d’un grand accélérateur linéaire de particules: une poutre métallique de 40 mètres avec des tubes emballés dans de la feuille d’aluminium à une extrémité, et une vaste gamme d’instruments de mesure et un bouquet de câbles de toutes les couleurs.

La recherche ici, a-t-il déclaré à l’AFP lors d’une récente visite, vise à créer des faisceaux d’électrons à très haute énergie qui pourraient éventuellement aider à combattre plus efficacement les cellules cancéreuses. Il s’agit de mettre au point une « technologie pour accélérer les électrons aux énergies nécessaires pour traiter les tumeurs profondes, soit supérieures à 100 millions d’électron-volts » (MeV), a expliqué le docteur Corsini. L’idée est d’utiliser ces électrons de très haute énergie en combinaison avec une nouvelle méthode de traitement prometteuse appelée FLASH.

– Dommages collatéraux-

Cette méthode consiste à délivrer la dose de rayonnement en quelques centaines de millisecondes, au lieu de quelques minutes comme c’est le cas actuellement.

Il a été démontré que cela a le même effet destructeur sur la tumeur ciblée, mais cause beaucoup moins de dommages aux tissus sains environnants.

Avec la radiothérapie traditionnelle, « vous créez des dommages collatéraux », a déclaré Benjamin Fisch, responsable du transfert de connaissances au CERN. L’effet du traitement FLASH bref mais intense, a-t-il déclaré aux journalistes, est de « réduire la toxicité pour les tissus sains tout en endommageant correctement les cellules cancéreuses ».

FLASH a été utilisé pour la première fois sur des patients en 2018, sur la base d’accélérateurs linéaires médicaux actuellement disponibles, les linacs, qui fournissent des faisceaux d’électrons à faible énergie d’environ 6 à 10 MeV.

Cependant, à une énergie aussi faible, les faisceaux ne peuvent pas pénétrer profondément, ce qui signifie que le traitement très efficace n’a jusqu’à présent été utilisé que sur des tumeurs superficielles, comme dans les cancers de la peau.

Mais les physiciens du CERN collaborent désormais avec le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne pour construire une machine capable de délivrer un faisceau d’électrons de 100 à 200 MeV, ce qui permettrait de détruire des tumeurs beaucoup plus difficiles à atteindre.

– Changement de paradigme –

Les tumeurs cancéreuses profondes qui ne peuvent être traitées ni par la chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie traditionnelle, sont souvent considérées comme des arrêts de mort.

« Ce sont (les cancers) qu’on ne guérit pas pour le moment qui seront les cibles », a déclaré à l’AFP le professeur Jean Bourhis, chef du service de radiologie du CHUV. Pour ces cancers « qui peuvent représenter un tiers des cas, cela pourrait changer la donne », dit-il.

Les chercheurs espèrent notamment que la méthode FLASH, avec son impact beaucoup moins nocif sur les tissus environnants, pourrait permettre de s’attaquer à des tumeurs logées dans le cerveau ou à proximité d’autres organes vitaux.

– Compact –

L’un des défis consiste à rendre le puissant accélérateur suffisamment compact pour tenir à l’intérieur d’un hôpital.

Au CERN, une grande galerie a été dédiée à l’accélérateur CLEAR, qui nécessite 20 mètres pour pousser les électrons jusqu’au niveau d’énergie requis, et 20 mètres supplémentaires pour conditionner, mesurer et délivrer le faisceau.

Mais Roberto Corsini estime que le CERN a le savoir-faire pour « accélérer dans un espace beaucoup plus compact ». Le prototype en cours de conception avec le CHUV aura pour objectif de faire le travail avec une machine de 10 mètres.

Selon M. Corsini, cette solution, « réduit les coûts, réduit la consommation d’énergie et la variabilité, et vous pouvez facilement l’installer dans un hôpital sans avoir à construire tout un bâtiment ».

La construction du prototype devrait commencer en février 2023 et les essais cliniques sur les patients pourraient commencer en 2025, a déclaré le docteur Bourhis, « si tout se passe bien ».

Photo : Roberto Corsini, coordinateur du laboratoire CLEAR, au coeur du CERN, à Meyrin (Suisse) le 17 octobre 2022Elodie LE MAOU

Crédits : RTL Info

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