Une nouvelle technologie pourrait révolutionner le traitement du cancer du sein

Une innovation scientifique pourrait bien transformer le diagnostic et le traitement du cancer du sein. Des chercheurs de l’université d’Aberdeen, en collaboration avec le NHS Grampian, ont mis au point un scanner magnétique à ultra-bas niveau capable de détecter des tumeurs jusqu’ici indétectables.

Le Field Cycling Imager (FCI), premier et unique en son genre, constitue une avancée majeure par rapport à l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Contrairement à cette dernière, il ne nécessite pas l’utilisation d’agents de contraste intraveineux, ce qui réduit les risques d’effets secondaires, notamment les lésions rénales et les réactions allergiques.

Lors des tests menés sur des patientes atteintes d’un cancer du sein, le FCI a permis de distinguer avec une précision inégalée les tumeurs des tissus sains. Cette avancée pourrait réduire le nombre d’opérations nécessaires après une tumorectomie.

Environ 15 % des femmes doivent actuellement subir une seconde intervention chirurgicale, car les bords de la tumeur ne sont pas entièrement retirés lors de la première opération. Le scanner FCI pourrait permettre une délimitation plus précise, évitant ainsi ces interventions supplémentaires.

Le Dr Lionel Broche, chercheur principal de l’étude et spécialiste en physique biomédicale, souligne : « Nous avons découvert que les images générées par la FCI peuvent caractériser les tumeurs du sein avec plus de précision. Cela signifie qu’elles pourraient améliorer le plan de traitement des patientes en perfectionnant les procédures de biopsie et en réduisant les interventions chirurgicales répétées. L’impact potentiel sur les patientes est donc extraordinaire. »

Une technologie issue d’un héritage scientifique prestigieux

Ce projet novateur s’inscrit dans la tradition d’excellence de l’université d’Aberdeen en matière d’imagerie médicale. Il y a près de 50 ans, cette même université avait déjà marqué l’histoire en mettant au point le premier scanner IRM du corps entier. Le Field Cycling Imager en est une évolution : il permet de moduler l’intensité du champ magnétique durant l’examen, offrant ainsi plusieurs types d’informations sur les tissus en une seule analyse.

Le Dr Gerald Lip, radiologue consultant au NHS Grampian et récemment nommé président de la British Society of Breast Radiology, estime que cette innovation pourrait transformer la prise en charge des patientes : « Nous traitons chaque année entre 400 et 500 femmes atteintes d’un cancer du sein au sein du NHS Grampian. Le potentiel de cette technologie pour réduire la nécessité pour les femmes de revenir pour une opération supplémentaire est énorme, ce qui leur est bénéfique et permet de réduire les temps d’attente et les ressources des salles d’opération. »

Un avenir prometteur

Les résultats obtenus avec le tissu mammaire s’ajoutent à des succès précédents, notamment dans l’identification de lésions cérébrales liées aux AVC. Les chercheurs estiment que les applications cliniques du Field Cycling Imager sont encore loin d’avoir révélé tout leur potentiel.

« Il s’agit d’une innovation vraiment passionnante et comme nous continuons à améliorer la technologie de l’IRM à cyclage rapide, le potentiel des applications cliniques est illimité », conclut le Dr Broche.

Les découvertes de cette étude ont été publiées dans Nature Communications Medicine, renforçant l’espoir que cette nouvelle technologie puisse bientôt révolutionner la manière dont le cancer du sein est diagnostiqué et traité.

L’IA, une nouvelle alliée dans la lutte contre le cancer

Dans plusieurs disciplines, telles que l’imagerie médicale, l’intelligence artificielle fait parfois déjà partie du quotidien. Et de plus en plus, elle s’invite aussi dans la recherche en cancérologie. Avec, à la clé, des diagnostics plus rapides, mais aussi des traitements plus précis et personnalisés.

Joan Somja est pathologiste au CHU de Liège. Toute la journée, elle observe minutieusement des cellules prélevées chez des patients lors de biopsies, et cherche à déterminer si ces dernières sont cancéreuses ou susceptibles de le devenir. Et alors que cette pratique passe depuis longtemps par un microscope, elle se fait aussi désormais par le biais d’un ordinateur assisté par des algorithmes d’intelligence artificielle. L’IA en médecine est actuellement une révolution en marche, s’enthousiasme la praticienne. De nombreux praticiens l’utilisent très souvent, et il s’agit véritablement d’un outil universel.

Impossible ces derniers temps de passer à côté de l’IA, tant ses usages explosent dans tous les corps de métiers. Et pourtant, si cette technologie semble être apparue au milieu des années 2010, elle est en réalité née au milieu des années 1960, avec la création des neurones artificiels. Ces derniers sont inspirés de la capacité de notre cerveau à reconnaître de nouvelles choses à partir de ce qu’il a déjà vu. Une compétence très utile, alors que la quantité de données médicales augmente très rapidement.

Les cellules que l’on observe sont déposées sur des lames, que l’on regarde au microscope à très fort grossissement, dévoile la pathologiste. Pour être exploitées par un algorithme, il faut donc qu’elles soient scannées à très haute résolution. Cela peut facilement atteindre jusqu’à deux gigaoctets de données par lame, et on peut en recevoir plus d’une vingtaine par patient.

Mais pour la scientifique, le jeu en vaut largement la chandelle. Dans le cas du cancer de la prostate, par exemple, avant même que l’on ne regarde les images par nous-mêmes, l’algorithme va guider notre attention vers les zones à risques, explique la Pre Somja. On obtient alors une sorte de carte, avec en rouge les cellules que l’IA estime cancéreuses, en orange les zones pré-cancéreuses, etc. Cela nous fait gagner un temps extrêmement précieux, et cela se traduit par un diagnostic plus rapide pour le patient.

Si ces algorithmes sont si performants, c’est grâce aux dizaines de milliers d’images patiemment accumulées au fil des années, puis classées, stockées dans des bases de données, et finalement décrites en détail par des scientifiques du monde entier. Le principe est simple : une fois qu’ils ont analysé ces milliers d’images, les algorithmes d’IA sont désormais capables d’émettre un diagnostic sur des images qu’ils n’ont jamais vues. En fonction des bases de données qui ont servi à leur entraînement, certains algorithmes peuvent également déterminer certaines caractéristiques liées au cancer, afin de nous aider à déterminer son agressivité par exemple, et d’établir un pronostic, ajoute la clinicienne.

Cette capacité fait actuellement l’objet de nombreuses recherches, en raison de la capacité des algorithmes à déceler des choses invisibles aux yeux des pathologistes. Dans certains cas, l’IA va reconnaître des configurations de cellules qu’elle estime être associées à un moins bon pronostic, sans que l’on en comprenne la raison, révèle la Pre Somja. Cela peut être lié aux interactions entre les cellules, à l’environnement immunitaire… En travaillant sur ces résultats, cela va nous permettre aussi de faire des recherches qui vont améliorer notre compréhension des cancers.

Croiser les données

Spécialiste du cancer du sein, le Pr Christos Sotiriou, Directeur de recherches FNRS et Directeur du laboratoire de recherche en cancérologie Jules Bordet, partage totalement l’enthousiasme de Joan Somja pour l’utilisation de l’IA. Personne ne peut contester la rapidité des IA à établir, à partir d’une simple image de biopsie, la présence ou non d’un cancer, estime-t-il.

Un gain en rapidité, donc, mais également en précision. Il existe jusqu’à cinq types de cancer du sein, qui répondent à des traitements différents, révèle le chercheur. Et même dans le cas des cancers dits triple négatif, qui ont malheureusement un pronostic assez défavorable, il existe cinq sous-types différents, avec une expression génique particulière. Aujourd’hui, ces sous-types ne peuvent être détectés que grâce à l’analyse moléculaire des cellules, ce qui prend du temps. Mais nos recherches sont en train de montrer qu’un algorithme est capable, en analysant simplement une image de biopsie, de déterminer au moins 3 sous-types de cancer triple négatif !

Une découverte importante, qui a des conséquences directes pour les patientes. L’identification de ces sous-types est primordiale, car leur réponse à l’hormonothérapie et à la chimiothérapie est différente, dévoile-t-il. Or, l’analyse d’une image prend une heure quand près de 2 semaines sont nécessaires pour obtenir une signature génique. C’est donc un gain de temps important pour les patientes, et cela permet d’éviter des traitements qui seraient inutiles, avec tous les effets secondaires que cela implique.

Et en recherche, le laboratoire du Pr Sotiriou compte bien utiliser la formidable capacité de l’IA à analyser et combiner des données à la fois visuelles, mais aussi génétiques. Nous travaillons actuellement sur les cancers qui ont métastasé, afin de mieux comprendre ce qui différencie, au niveau moléculaire, les cellules métastasées des cellules de la tumeur primitive, explique-t-il. Nous avons déjà réalisé une étude au niveau de l’expression génique et constaté des différences…

Thérapie par radioligands et radiothérapie sous apnée, plus qu’une mode

La thérapie par radioligands (RLT) et la radiothérapie sous apnée sont deux nouvelles thérapies qui ont fait l’actualité et qui ont le vent en poupe. Mais d’où viennent ces techniques ? Pourquoi en parle-t-on aujourd’hui ? Et surtout, que nous réservent-elles à l’avenir ?

Les réponses des Pr Xavier Geets, Chef de service de radiothérapie oncologique aux Cliniques Universitaires St-Luc (CUSL), et de son confrère, le Pr Renaud Lhommel, Chef de service de médecine nucléaire aux CUSL.

La radiothérapie sous apnée
Abordons d’abord peut-être la plus accessible de ces techniques, la radiothérapie sous apnée.

« Certaines tumeurs bougent et compliquent la radiothérapie. Les tumeurs du poumon, mais aussi du rein ou du foie, sont soumises au mouvement respiratoire. Or, la radiothérapie est une thérapie ciblée : il faut que les rayons arrivent au bon endroit », explique le Pr Xavier Geets.

Les radiothérapeutes avaient pris pour habitude d’irradier une zone plus large que la tumeur pour être certains de ne pas louper la cible. La conséquence ? Davantage de tissus sains sont irradiés, augmentant ainsi la toxicité du traitement. Certains se sont donc demandé : et si le patient ne respirait pas pendant l’irradiation ? « Cela rend la tumeur immobile et permet de limiter la région irradiée. »

Dans la plupart des centres, les traitements sont délivrés lorsque les patients font une inspiration bloquée volontaire. « Cela demande une participation active du patient. Or, ici, aux Cliniques Universitaires Saint-Luc (CUSL), c’est une machine qui induit cette inspiration bloquée. C’est un respirateur – une machine utilisée en anesthésie pour ventiler le patient endormi – qui a l’avantage de mieux réguler la respiration que l’humain. Cela permet de reproduire des apnées de façon stable et répétée d’une fois à l’autre. Et cela permet de tenir sur une plus longue durée sans respirer. »

Cela se fait sans sédation, en appliquant simplement un masque sur le patient, que l’équipe aura entraîné au préalable. « Il suffit de se laisser faire. Cela demande du lâcher-prise, mais c’est une démarche sécurisée puisque les machines sont dédiées à la respiration et permettent de monitorer le patient. »

La technique est employée depuis plusieurs années aux CUSL et a démontré son efficacité pour le cancer du sein. Au-delà, elle ouvre la porte à d’autres applications en radiothérapie, comme le traitement du cancer du poumon, du foie, du rein ou des tumeurs de l’abdomen supérieur.

D’autres techniques existent, comme le tracking, où le faisceau irradiant suit en temps réel la position de la tumeur. Mais ces techniques sont plus complexes, coûtent cher et ne sont pas appropriées pour tous les patients. Or, tous les hôpitaux disposent de ventilateurs mécaniques qui leur permettent d’appliquer cette technique innovante à de nombreux patients. « Si l’on regarde un service de radiothérapie de plus près, on constate que quasiment la moitié des patients viennent pour des tumeurs mobiles. »

La thérapie par radioligands (RLT)
La RLT, en revanche, est plus difficile à comprendre.

« La RLT consiste à faire de la radiothérapie interne vectorisée. Si l’on identifie une cible cellulaire à la surface de cellules cancéreuses et qu’il existe une molécule connue, telle une protéine ou un anticorps spécifique, qui permet d’accéder et de se lier à la cible, il est possible d’ajouter un effet thérapeutique supplémentaire en fixant sur ce vecteur un isotope émetteur de particules bêta (électrons) ou alpha (noyau d’hélium), permettant d’irradier localement la cellule tumorale », explique le Pr Renaud Lhommel.

Il s’agit, plus simplement, d’une thérapie plus ciblée et, dès lors, plus efficace, qui comporte également assez peu d’effets secondaires grâce à un ciblage de plus en plus sélectif des tumeurs disséminées dans l’organisme. « Plusieurs études de phase 2 et de phase 3 démontrent aujourd’hui que la RLT ne présente pas de toxicité plus élevée que les stratégies thérapeutiques actuelles, ce qui pourrait à l’avenir éviter de recourir à des traitements plus délétères pour le patient, comme la chimiothérapie. »

Les effets bénéfiques de ce traitement ont d’abord été démontrés chez les patients qui étaient très loin dans leur maladie. C’est finalement une thérapie nouvelle, puisque des études pionnières concernant la RLT, telles que les études VISION et NETTER-1, n’ont été publiées dans le New England Journal of Medicine, une référence, qu’en 2017 et 2021. Cela a conduit au remboursement d’un médicament pour le cancer de la prostate en avril 2024.

Aujourd’hui, la RLT est utilisée pour traiter les tumeurs neuroendocrines – c’est par là que la thérapie par radioligands a commencé – et le cancer de la prostate métastatique.

Quel avenir pour ces deux technologies ?
« On a prouvé que l’on était capable de traiter des patients à des stades très avancés sans avoir de toxicité supplémentaire grâce à la RLT. Tout doucement, il y a une évolution de la stratégie thérapeutique pour proposer ce type de thérapies plus tôt dans la prise en charge, avant des thérapies plus délétères pour le patient, à l’instar des chimiothérapies », explique le Pr Lhommel.

D’autres cancers pourraient être ciblés par la RLT grâce aux molécules ciblées (HER2, FAPI…), comme le cancer du sein, les fibroblastes associés à certains cancers (tête et cou), ou encore les cancers du côlon, du pancréas ou du poumon. « Je pense que nous allons connaître des avancées significatives avec ce type de thérapies dans les prochaines années », confie le spécialiste.

L’avenir est également tout tracé pour la radiothérapie sous apnée. « L’objectif est de cibler davantage de cancers », explique le Pr Xavier Geets. « Le plus bel avenir de cette technique, c’est la radiothérapie adaptative, une radiothérapie où, à chaque séance, on peut observer l’anatomie du jour. Cela permet d’ajuster le traitement au mieux par rapport aux besoins du patient. C’est une étape clé vers une radiothérapie personnalisée, individualisée. »

Soigner le cancer de l’oeil grâce à une plaque en or radioactive

Il existe une forme rare et méconnue de cancer : le mélanome intraoculaire. Il s’agit d’une tumeur qui grossit dans l’œil. 130 Belges sont diagnostiqués chaque année. Les cliniques Saint-Luc à Bruxelles proposent un traitement unique en Belgique : une plaque radioactive en or qui est implantée dans l’œil durant 4 jours.

RTL info a pu suivre en exclusivité une opération impressionnante : celle du placement d’une plaque radioactive dans l’œil d’un patient atteint d’un mélanome de taille moyenne. « Elle a une forme de cœur, cette tumeur », constate Paulina Bartoszek, chirurgienne spécialisée en oncologie oculaire, après avoir ouvert l’œil du patient de 65 ans. 

L’intervention dure une trentaine de minutes. Et il faut avoir l’estomac bien accroché pour en voir les images. La chirurgienne que nos reporters ont suivi place une plaque radioactive contre la tumeur et l’enlèvera quatre jours plus tard. Un traitement qui présente plusieurs avantages. « Si on veut retirer la tumeur chirurgicalement, il faudrait retirer l’œil, explique la chirurgienne. Si on pratique ce genre d’interventions, c’est pour pouvoir conserver l’œil du patient ».

Le rayonnement radioactif va frapper la tumeur

Le patient sentira une simple gêne peu douloureuse. Les cliniques Saint-Luc possèdent une trentaine de plaques artisanales. Elles sont ré-utilisées et adaptées à chaque nouveau cas. « Elles sont différentes en taille et certaines ont des encoches pour pouvoir bien se mettre près du nerf optique », explique Jean-Marc Denis, physicien médical. 
La plaque est en or. Ce métal fonctionne comme un blindage qui protège les tissus sains. Un physicien médical y colle des grains d’iode. « Cinq grains d’iode 125 qui émettent un rayonnement », poursuit Jean-Marc Denis.

Frappée par les rayons radioactifs, la tumeur va progressivement se dégonfler. Le résultat est contrôlé tous les 6 mois.

Michèle « a fait confiance » et s’est « sentie bien »

Michèle a été opérée en janvier dernier. Sa vue s’était en partie voilée. « Apprendre que l’on a une tumeur, c’est toujours effrayant mais j’ai fait confiance. Je me suis sentie bien du début à la fin« , témoigne Michèle Friedlich, patiente. 

Le risque de mélanome intraoculaire augmente avec l’âge. « Beaucoup de gens ne savent pas qu’un cancer peut apparaître dans l’œil, explique Paulina Bartoszek, chirurgienne spécialisée en oncologie oculaire. Donc, il est important d’attirer l’attention dessus ».

L’opération est une réussite dans 98% des cas. L’œil est totalement cicatrisé au bout de deux ans. 

Il y a de plus en plus de cas de cancers en Belgique: le taux de survie évolue également

Le nombre de cancers est en augmentation en Belgique mais le taux de survie est également plus important.

En 2023, des cas de cancers ont été diagnostiqués chez 78.416 Belges. Il n’y en a jamais eu autant en dix ans, selon des chiffres du Belgian Cancer Registry (BCR), rapporte Het Laatste Nieuws mardi. En revanche, le taux de survie est, lui aussi, en hausse.

Le cancer de la prostate est le plus fréquent. Il y en a eu 12.700 nouveaux en 2022. Il dépasse ainsi le cancer du sein, dont plus de 11.000 cas par an sont découverts. Ensemble, ces deux cancers représentent près d’un tiers de tous les diagnostics, suivis par le cancer du poumon et celui du côlon.  

Les taux de survie ont, pour leur part, considérablement changé. Aujourd’hui, sept patients cancéreux sur dix sont encore en vie cinq ans après leur diagnostic. Il y a dix ans, le maximum était de 60 %. Chez les femmes, les taux avoisinent les 80 %.

Crédits : RTL Info

Augmentation alarmante des cas de cancer de la peau en Belgique: voici pourquoi

77 000 nouveaux cas de cancer de la peau seraient détectés en 2030, selon la Fondation contre le Cancer. C’est le cancer touchant le plus de personnes au monde, mais aussi en Belgique et les chiffres ne cessent de grimper.

Avant ses 75 ans, un Belge sur cinq sera confronté à un cancer de la peau. Ces chiffres viennent de la Fondation contre le Cancer, qui alerte sur le nombre de cas de ce type de cancer, qui ne cesse de grimper.

Environ 40 % de tous les cancers détectés aujourd’hui sont des cancers de la peau, ce qui en fait le type de cancer le plus fréquent dans le monde et en Belgique. 

Selon la Fondation, le nombre de nouveaux cas en Belgique est passé de 11 000 en 2004 à 50 000 en 2024, avec une projection de 77 000 d’ici à 2030. 

Importance de la prévention contre les rayons UV

« Une grande partie des cancers de la peau peut être évitée en se protégeant correctement contre les rayons UV », explique la Fondation dans un communiqué. 

Mais de nombreuses personnes restent mal informées sur les mesures de protection efficaces. La Fondation contre le Cancer affirme que, par rapport à 2021, les Belges sont moins bien informés sur les mesures préventives.

Par exemple, 77 % des Belges savent qu’une seule application de crème solaire par jour ne suffit pas. Ils sont seulement 64 % à savoir qu’il est possible d’attraper un coup de soleil en étant à l’ombre. 

Parmi les personnes les moins bien informées, on trouve « les jeunes et les hommes » et « les plus de 44 ans sont nettement mieux informés que les moins de 35 ans ». 

Comportement face aux coups de soleil

Le taux de coups de soleil chez les adultes et les enfants reste très élevé. En 2023, 77,5 % des jeunes de 16 à 24 ans ont déclaré avoir eu des coups de soleil, dont 27 % des coups de soleil graves, entraînant des cloques, des frissons, de la fièvre et des nausées.

Et en tout, c’est 10 % de la population qui a attrapé un coup de soleil grave. Ces chiffres sont en augmentation par rapport à 2011, où seulement 2 % des Belges souffraient de coups de soleil graves. 

Selon une étude des National Institutes of Health, des instituts nationaux de santé, attraper cinq coups de soleil sévères entre 15 et 20 ans augmente de 80 % le risque de mélanome. 

Une tendance qui n’a pas l’air d’inquiéter les Belges de moins de 44 ans puisque « 1 personne interrogée sur 3 déclare préférer attraper un coup de soleil plutôt que de rentrer de vacances sans avoir bronzé ».

Risques pour les travailleurs en extérieur

Environ 25 % des Belges travaillent à l’extérieur, et parmi eux, un sur trois passe plus de cinq heures par jour au soleil. Ils sont davantage exposés aux rayons UV et ont plus de risques d’attraper un cancer de la peau.

Ils sont 27 % à être gravement brûlés par le soleil. Pourtant, les travailleurs en extérieur ont une moins bonne connaissance des dangers du soleil et des mesures de prévention que le Belge moyen. 

Pour reprendre le même exemple que tout à l’heure, 63 % savent qu’une seule application de crème solaire par jour ne suffit pas. Ils sont aussi 52 % à savoir qu’il est possible d’attraper un coup de soleil en étant à l’ombre. 

Face à l’augmentation préoccupante des cas de cancer de la peau, la Fondation contre le Cancer souligne l’importance de la prévention et du dépistage pour réduire l’incidence de cette maladie. 

Crédits : RTL Info

Michaël Herfs : une piste audacieuse pour mieux traiter le cancer du col de l’utérus

Comprendre pour avancer. Financer la recherche fondamentale est essentiel pour permettre aux chercheuses et chercheurs de mener leurs travaux, engranger de nouvelles connaissances, faire des découvertes, ouvrir la voie à des pistes thérapeutiques inédites.
Exemple avec Michaël Herfs, Chercheur qualifié FNRS à l’ULiège et bénéficiaire d’un Audacious Medical Grant : il tente de percer les derniers mystères des origines du cancer du col de l’utérus afin de mieux le traiter.

TOUTES ET TOUS CONCERNÉS
Chaque année en Belgique, 650 femmes apprennent qu’elles sont atteintes d’un cancer du col de l’utérus et 270 femmes décèdent encore de cette maladie. Un chiffre qui reste trop élevé. A l’échelle mondiale, ce sont plus de 570.000 nouveaux cas qui sont diagnostiqués annuellement. 9 fois sur 10, ce cancer est la conséquence d’une infection aux papillomavirus(HPV), de petits virus auxquels 80% d’entre nous seront confrontés au cours de leur vie. 3 à 10% des femmes infectées courent ainsi le risque de développer un cancer de l’utérus et plus d’un homme sur 5 dans le monde serait porteur d’un HPV à haut risque.

Ces infections aux papillomavirus ne concernent pas que les cancers du col de l’utérus, elles sont également responsables d’autres cancers comme ceux se développant dans la gorge ou le canal anal. Le constant est limpide : peu importe leur âge ou leur sexe, tous les Belges sont concernés par les cancers liés aux HPV, dont les origines restent encore en partie inexpliquées. Plusieurs questions sont encore sans réponse : pourquoi certaines parties du corps (plus particulièrement le col de l’utérus) sont-elles particulièrement sensibles aux HPV ? Quel est ce terrain propice ? Pourquoi, aujourd’hui, meurt-on encore d’un cancer du col de l’utérus ? La recherche peut apporter la solution et la réponse à ces questions.

PERCER LE MYSTÈRE POUR MIEUX SOIGNER
« On ne guérira jamais une maladie qu’on ne comprends pas« , estime Michaël Herfs, Chercheur qualifié FNRS en cancérologie à l’Institut de recherches GIGA de l’ULiège. Il consacre précisément ses recherches au HPV et tente de comprendre comment ce dernier échappe au système immunitaire. Et il est persuadé de tenir une réponse : « Je suis convaincu que les deux sous-types de cancer de l’utérus viennent de la même cellule d’origine alors que depuis 40 ans, il est communément admis qu’ils ont forcément des origines différentes. » S’il parvient à prouver ce qui n’est encore actuellement qu’une intuition, si le rôle de cette cellule est clairement établie, cela ouvrirait la voie à de nouvelles pistes diagnostiques et thérapeutiques plus ciblées, plus spécifiques, plus efficaces. Une avancée scientifique majeure qui pourrait changer la donne.

SOUTENIR L’AUDACE POUR TROUVER LA CLÉ
Pour en être certain, et peut-être aboutir à une découverte déterminante, le chercheur liégeois ne manque pas d’audace et de créativité. La recherche scientifique est d’ailleurs par nature incertaine, audacieuse et créative, mais dans le cas présent, Michaël Herfs explore une piste de recherche totalement nouvelle et comme tous les chercheurs, peu importe le domaine, il a besoin de temps et de moyens. Les moyens, il vient tout juste de les trouver avec un financement privé venant du FNRS, le Fonds de la Recherche Scientifique : un Audacious Medical Grant (voir plus bas) qui lui permet actuellement d’orienter une partie de ses recherches dans cette direction audacieuse. « Sans ce financement supplémentaire, ce serait quasiment mission impossible, affirme-t-il. Ma curiosité m’aurait poussé à le faire, mais la réalité financière de la recherche m’en aurait dissuadé. » Sans ce soutien, l’intuition de Michaël Herfs s’arrêterait là, la recherche perdrait l’exploration d’une piste prometteuse et avec elle l’espoir de mieux soigner les patients. Preuve que chaque apport financier peut être déterminant pour les chercheuses et chercheurs.

ON NE SAURA JAMAIS SI ON N’ESSAIE PAS
Pour en avoir le cœur net et optimiser les chances d’engranger des avancées scientifiques, il faut donner à ces idées disruptives la chance d’être étudiées. Le taux de réussite n’est jamais garanti, mais on ne le saura jamais si on n’essaie pas : « On n’est jamais sûr de trouver, mais j’estime que mon taux de réussite est de l’ordre de 50%, pas de 10% ! » lance le chercheur. Par ailleurs, même si le projet proposé par Michaël Herfs sort des sentiers battus, il n’en reste pas moins le fruit d’un long processus : « C’est le résultat d’une dizaine d’années de travaux et d’une accumulation de petites preuves qui me laissent dire que j’espère avoir raison« , précise-t-il encore.

La recherche fondamentale, pour aboutir à des découvertes innovantes et répondre à des défis tels que la lutte contre le cancer, se finance à long terme. Un travail de longue haleine qui demande des moyens, parfois conséquents. Le FNRS a besoin de soutien pour permettre aux chercheuses et chercheurs, comme l’illustre l’exemple de Michaël Herfs, de développer des projets audacieux, porteurs d’avancées thérapeutiques qui nous concernent toutes et tous et susceptibles de sauver des vies. Chacun et chacune d’entre nous peuvent avoir un rôle à jouer. Chaque contribution compte et peut faire la différence.

AUDACIOUS MEDICAL GRANT
L’Audacious Medical Grant du FNRS est actuellement financé par du mécénat ainsi que des dons et des legs de particuliers. Il permet de soutenir une recherche médicale ou biomédicale ayant un caractère particulièrement original, audacieux et créatif, mais qui ne trouve pas de soutien dans les circuits traditionnels de finan cement en raison d’un manque de données préliminaires, de l’absence de travaux antérieurs ou d’une méthodologie inhabituelle.

Crédits : Le Soir

Formidables chercheuses et chercheurs Télévie !

L’UCLouvain, les Cliniques universitaires Saint-Luc et l’Institut Roi Albert II, le CHU UCLouvain Namur témoignent de leur soutien et de leur engagement dans la recherche contre le cancer en participant activement à l’opération Télévie. Découvrez les portraits de trois scientifiques financés par le Télévie, Natalie Kouakou, Engy Vigneron et Laurence de Villenfagne.

Sur la piste des affinités entre mélanome et obésité

Diplômée en sciences biomédicales, Natalie Kouakou étudie le mélanome, un cancer très agressif de la peau, dans le contexte de l’obésité. Elle travaille au sein du Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain (LDRI).

Natalie Kouakou, qui êtes-vous ?
J’ai 25 ans et j’ai fait des études en sciences biomédicales à l’UCLouvain (master en nutrition). J‘ai découvert au cours de mes études que beaucoup de choses, et de pathologies notamment, sont liées à la nutrition. Aujourd’hui, je suis doctorante, financée par le Télévie, au Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain (LDRI) sous la supervision des Prs Bénédicte Jordan (imagerie médicale), Patrice Cani (obésité et microbiote) et Giulio Muccioli (inflammation et lipides bioactifs).

Sur quoi porte votre recherche ?
J’étudie le mélanome, un cancer très agressif de la peau, dans le contexte de l’obésité. Mon but est de comprendre les mécanismes de progression et de résistance aux traitements dans ce cas particulier. On se demande en effet si le contexte de cette pathologie pourrait exercer une influence sur la croissance tumorale. Actuellement, l’obésité est reconnue comme étant un facteur de risque dans treize types de cancers différents. C’est un projet de recherche innovant puisque le mélanome n’est pas repris dans cette liste. Je travaille notamment à l’aide de l’imagerie médicale (IRM).

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre travail ?
J’ai toujours été curieuse depuis que je suis toute petite, un de mes premiers mots était ‘pourquoi’. En grandissant, j’ai développé un intérêt pour les sciences. Essayer de comprendre les mécanismes d’une pathologie est passionnant ! Quand on se lance dans une expérience, on ne sait pas à quoi d’attendre : va-t-on affirmer ou infirmer l’hypothèse de départ ? Si elle est réfutée, il faut essayer de comprendre pourquoi et vérifier à nouveau. C’est très intéressant et pas du tout monotone !

Avez-vous un hobby ?
Je joue du piano depuis l’âge de 15 ans, cela m’aide à me relaxer après une longue journée de travail.

Au cœur de la communication métabolique des cellules cancéreuses

Détenteur d’un master en toxicologie de l’Université d’Angers, Engy Vigneron travaille, au sein de l’Institut de recherche expérimentale et clinique de l’UCLouvain (IREC), sur les relations entre les cellules cancéreuses et les cellules périphériques corrompues par la maladie. Ces ‘fibroblastes associés aux cancers’ contribuent-ils à rendre les cellules cancéreuses résistantes ?

Engy Vigneron, qui êtes-vous ?
J’ai obtenu un master en toxicologie à Angers et j’ai démarré ma thèse de doctorat en sciences biomédicales en octobre 2022 sous la co-supervision des Prs Cyril Corbet et Sandra Schmitz à l’institut de recherche expérimentale et clinique de l’UCLouvain à Bruxelles (IREC). Mon travail ici me permet d’entamer une nouvelle phase par rapport à ce que j’ai fait précédemment.

Sur quoi porte votre recherche ?
Je me concentre sur les cancers de la tête et du cou, soit l’ensemble des cancers qui vont du nez jusqu’au début des poumons et qui se déclarent souvent suite à un abus d’alcool ou de tabac. J’essaie de comprendre en quoi la présence de cellules non cancéreuses mais corrompues par la maladie – les fibroblastes qui, en temps normal, font partie de la structure de notre corps – peuvent impacter la réponse aux thérapies ciblées. Je m’intéresse donc aux relations entre les cellules, en particulier sur le plan du métabolisme, c’est-à-dire le cœur énergétique des cellules. Comment ces fibroblastes peuvent-ils fournir des ressources énergétiques aux cellules cancéreuses afin de les maintenir en vie ? Et comment un échange métabolique peut-il rendre des traitements moins efficaces, tout en gardant un œil sur l’identification d’une nouvelle cible thérapeutique ?

En quoi votre travail vous passionne-t-il ?
Déjà durant mes études en sciences, je portais un intérêt particulier à l’étude du cancer. En quoi était-ce si complexe et pourquoi en parlait-on autant en recherche ? Je me rends compte chaque jour de l’étendue des domaines de recherche liés de près ou de loin à l’oncologie et cela me fascine, parfois même m’intimide. D’autre part, c’est surtout l’impression de progression qui rend ce travail si passionnant. Enfin, le fait de pouvoir apporter sa pierre, si petite soit-elle, à un monde où le diagnostic de cancer ne sera plus une nouvelle aussi grave, cela me rend particulièrement fier.

Qu’est-ce qui vous plait à l’UCLouvain ?
La mixité des sujets et des personnes qui est à la fois intéressante et stimulante. Ici à l’IREC, beaucoup de chercheuses et chercheurs sont expert.es dans de nombreux domaines, ce qui permet d’aller plus loin, plus vite.

Décrypter l’implication d’une certaine protéine, PDGFRα, dans des tumeurs cérébrales

Diplômée en sciences biomédicales de l’UCLouvain, Laurence de Villenfagne est doctorante au sein du laboratoire du Pr Jean-Baptiste Demoulin à l’Institut de Duve. Pourquoi des mutations dans une certaine protéine contribuent-elles au développement de tumeurs cérébrales ? C’est l’objet de sa recherche.

Laurence de Villenfagne, qui êtes-vous ?
J’ai obtenu un master en sciences biomédicales, option cancérologie, à l’UCLouvain. J’ai toujours eu une curiosité particulière pour la biologie du corps humain, intérêt qui s’est développé lors de la réalisation de mon mémoire de recherche au sein du laboratoire du Pr Jean-Baptiste Demoulin. Cette expérience, suivie d’un stage de recherche de quelques mois à Montréal sur le cancer du sein, m’a profondément motivée à poursuivre par un doctorat au sein du même laboratoire.

Sur quoi porte votre recherche ?
Ma recherche vise à comprendre comment certaines mutations dans une protéine – appelée récepteur PDGFRα – peuvent contribuer au développement de tumeurs cérébrales. On a en effet constaté, chez des patients atteints d’une tumeur cérébrale, que la même mutation revenait toujours pour un certain type de tumeur. En temps normal, cette protéine PDGFRα aide les cellules à se développer et à se déplacer correctement dans le corps. Cependant, lorsqu’elle est altérée, elle est activée de façon anormale et stimule la croissance incontrôlée de cellules tumorales.

Qu’est ce qui vous passionne dans votre travail ?
Le cancer est une maladie aux facettes tellement diverses et qui touche tant de vies que la possibilité de pouvoir participer activement à la lutte contre cette pathologie me motive beaucoup. La recherche en laboratoire est un travail extrêmement enrichissant et ces dix dernières années, les avancées dans ce domaine ont été immenses. En essayant de comprendre les mécanismes sous-jacents qui conduisent une cellule saine à se transformer en cellule cancéreuse, on tente d’explorer de nouvelles pistes de traitement et d’améliorer la vie des patients.

Avez-vous un hobby ?
J’aime différents sports comme le tennis, le yoga et particulièrement la course à pied. Cela m’apporte un équilibre physique et mental ainsi que discipline, rigueur et persévérance.

La commission scientifique s’est réunie ce 27 mai

La commission Télévie se réunit aujourd’hui pour décider de l’allocation des fonds récoltés lors de cette édition 2024. Plus de 12 millions d’euros ont été recueillis pour soutenir la recherche contre le cancer. Découvrez les enjeux de cette commission et les projets de recherche qui pourraient bénéficier de cette somme.

Grâce à votre générosité, ce sont plus de 12 millions d’euros qui ont été récoltés pour faire avancer la recherche contre le cancer. Véronique Halloin, secrétaire générale du F.R.S.-FNRS, explique le rôle de la commission : « En fait, cette commission est présidée par Arsène Burny. Elle est composée de 25 membres, principalement internationaux. Ils ont reçu les demandes de financement qui nous ont été adressées. Ils ont eu à peu près six semaines pour travailler, pour les étudier. Et aujourd’hui, ils se réunissent pour aboutir à un classement« .

Concernant les dossiers reçus, Véronique Halloin précise : « On a reçu 170 demandes de financement. C’est 25 % de plus que l’année dernière. Ce qui est en soi une bonne nouvelle, parce que ce sont autant de nouvelles possibilités, de nouvelles voies d’investigation ou d’innovations« .

La secrétaire générale détaille les différents types de projets sollicitant un financement : des renouvellements de bourses de doctorat ou encore des projets de recherche interuniversitaires et interdisciplinaires.

« Un type de projet, par exemple, ce sont des personnes qui veulent travailler sur des cancers bien précis. Et là, ça concerne une douzaine de cas. On a aussi beaucoup de projets sur le cancer du sein triple négatif, dont on sait que les traitements sont moins bons que pour d’autres types de cancers. Puis, on a une autre catégorie de projets qui s’intéressent aux mécanismes de développement du cancer, parce que c’est essentiel« , détaille-t-elle.

Cibler l’agressivité tumorale

Pour la première fois, une équipe de chercheuses et chercheurs de l’ULB menée par Cédric Blanpain, en collaboration avec l’Université de Lyon et la firme Netris Pharma, a réussi à développer un médicament capable d’enrayer la transition épithélio-mésenchymateuse, un mécanisme crucial dans l’agressivité de plusieurs cancers et le développement de métastases.

Il existe dans le corps humain des mécanismes extrêmement utiles mais qui, malheureusement, se retournent parfois contre lui et occasionnent des dégâts importants. C’est le cas de l’EMT, la transition épithélio-mésenchymateuse.

Pour se protéger des agressions extérieures, notre organisme dispose de diverses parois, comme la peau, la membrane qui tapisse l’intestin ou encore l’utérus et que l’on nomme épithélium. Les cellules qui les composent sont étroitement attachées les unes aux autres afin de former une couche imperméable. Cependant, au cours de la vie, il peut être nécessaire pour ces cellules de larguer les amarres, afin de migrer ailleurs. Elles subissent alors une réorganisation importante de leurs fonctions et deviennent mésenchymateuses. Ce processus a par exemple lieu au cours de la formation de l’embryon.

« Lors d’un cancer, l’EMT peut se réactiver, révèle Cédric Blanpain, Directeur du Laboratoire des Cellules souches et du Cancer, à l’ULB et membre de la Commission scientifique du Télévie. Cela rend les tumeurs plus agressives, et leur permet de développer des métastases. De plus, lors de cet état de transition, les cellules tumorales sont plus résistantes aux traitements que sont la chimiothérapie et l’immunothérapie. Il est donc primordial de trouver un moyen d’inhiber ce mécanisme. »

Les chercheuses et chercheurs de l’ULB ont donc scanné l’activité génétique de cellules cancéreuses EMT afin de déterminer quels gènes étaient activés dans ce processus. « Nous nous sommes rendus compte que le gène de la nétrine-1, ainsi que son récepteur UNC5B, étaient très fortement augmentés dans ces cellules », explique le Professeur Blanpain.

Or, au même moment à l’Université de Lyon, des chercheurs testaient spécifiquement un médicament anticancéreux dirigé contre la netrine-1 : L’équipe de l’ULB a donc naturellement fait appel à eux afin de tester cette molécule dans leur propre laboratoire. « Nous avons démontré qu’elle diminuait à la fois le nombre de tumeurs, le nombre de cellules EMT dans chaque tumeur, mais aussi le nombre de métastases, tout en sensibilisant les cellules tumorales à la chimiothérapie anticancéreuse, indique Cédric Blanpain. Et nos études in vitro ont confirmé que la nétrine-1 et son récepteur UNC5B communiquent ensemble et stimulent l’EMT, diminuant la capacité des cellules à s’accrocher les unes aux autres. »

Enhardie par ces résultats, l’équipe de l’ULB a communiqué ses résultats à l’équipe de l’Université de Lyon. « Ils ont administré cette molécule à des patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre, détaille Cédric Blanpain, et les biopsies réalisées ont très clairement montré la diminution de l’EMT au sein des tumeurs de ces patientes. Aujourd’hui l’essai se poursuit en combinaison avec un traitement par chimiothérapie, pour étudier une éventuelle synergie. »

Du côté de l’ULB, on souhaite désormais mieux comprendre le rôle de régulation de l’EMT par le gène nétrine-1. « La façon dont netrine-1 régule l’EMT n’est pas claire, et son étude pourrait amener à trouver des médicaments plus puissants encore », espère Cédric Blanpain.

Thibault Grandjean

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Rentrée des chercheurs : toujours plus loin !

Cette année encore, de nouveaux thèmes de recherche sont apparus. Et, grâce au Télévie, de nouveaux chercheurs vont pouvoir faire, selon la modeste expression de l’un d’entre eux, « quelques pas de plus ». Pleins feux sur Pierre Foidart, Inès Bouriez, Mohammad Wehbi et Charlotte Grégoire.

Pierre Foidart : « Être à la fois clinicien et chercheur, c’est ça qui me rend heureux ! »

Après avoir passé quatre ans comme chercheur postdoctorant à Boston, dans un des plus grands centres mondiaux de recherche sur le cancer, le Dana-Farber Cancer Institute, Pierre Foidart est de retour au GIGA de l’ULiège.

Pierre Foidart a découvert l’oncologie pendant ses études de médecine. « Dès que j’ai pu assister à des consultations au CHU, j’ai été fasciné, d’une part, par l’aspect intellectuel de l’oncologie médicale – avec le cancer, il faut toujours avoir un coup d’avance, ce qui oblige les oncologues à une compréhension de plus en plus poussée de ses mécanismes physiopathologiques et des stratégies thérapeutiques – et, d’autre part, par la dimension psychique et relationnelle propre à ce métier profondément humain. »

C’est le Professeur Guy Jerusalem, à qui il présente sa candidature, qui l’incite à réaliser, parallèlement à sa formation clinique, une thèse de doctorat sur le – ou plutôt les, en raison de leur hétérogénéité – cancers du sein triple négatif. « Avec des périodes alternées de six mois en clinique et six mois en laboratoire. Je n’ai d’abord voulu m’engager que
pour six mois : je n’étais pas certain que j’aimerais la recherche. Mais Guy Jerusalem avait raison : être à la fois clinicien et chercheur, c’est cette vie-là qui me rend heureux !
»

Doublement de génome

Après avoir défendu sa thèse en 2019, il a eu l’occasion d’aller travailler à Boston, au Dana Farber Cancer Institute. « Comme j’avais le sentiment de devoir passer quelques années à l’étranger pour grandir en tant que chercheur, j’ai décidé de suspendre mon assistanat ». Une décision qu’il n’a jamais regrettée. « J’ai continué à travailler sur les cancers du sein triple négatif, mais en m’intéressant à la réponse immunitaire à ces cancers et à la manière dont ils tentent d’y échapper en doublant leur génome. Une tumeur qui présente un doublement de génome répond différemment au système immunitaire, mais aussi aux traitements d’immunothérapie. »

Nouvelles cibles

« Désormais revenu au GIGA, je vais pousser plus loin la compréhension de ce lien immunitaire. C’est à cela que va servir le financement du Télévie : décrypter la biologie moléculaire des tumeurs avec un doublement de génome et leurs réponses au système immunitaire et aux immunothérapies, et si possible identifier de nouvelles cibles thérapeutiques spécifiques à ces tumeurs. En collaboration avec Boston, bien entendu, mais aussi avec d’autres labos belges… ». Tout en prenant, à 34 ans, le temps nécessaire pour terminer son assistanat : il lui reste encore un an de formation clinique avant de décrocher son diplôme d’oncologue médical !

Inès Bouriez : « Mon mémoire m’a donné le déclic »

À 25 ans, Inès Bouriez est passionnée par le vieillissement et ses rapports avec les cancers en général, et les cancers cutanés en particulier. Le financement du Télévie, dont elle bénéficie depuis quelques semaines, lui apparaît d’abord comme une forme de reconnaissance : « Ça prouve que le projet a du potentiel ! » Dans la liste des sujets de mémoire proposés aux étudiants de master en biochimie et biologie moléculaire à l’UNamur, Inès a flashé sur « L’influence du sécrétome des kératinocytes sénescents sur le développement du cancer cutané ». « Les cancers cutanés sont de plus en plus fréquents, et ce n’est pas seulement dû à l’exposition au soleil, mais aussi au vieillissement de la population. Plus on avance en âge, plus on risque d’en développer un. La question étant : pourquoi ? »

Réponse(s)

Son mémoire lui a apporté un embryon de réponse : quand elles vieillissent, les cellules de la peau ou kératinocytes produisent un sécrétome (ensemble de molécules) pro-inflammatoire, qui pourrait bien faciliter la migration et la transformation des cellules cancéreuses et les rendre plus agressives. « Mais j’ai également découvert que j’adorais travailler en laboratoire, tester, voir ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas, réfléchir, créer des projets et les présenter… Avant, je n’aurais jamais pensé à faire de la recherche. C’est vraiment mon mémoire qui m’a donné le déclic ! »

Trio idéal

Aussi a-t-elle accueilli avec enthousiasme l’idée de le prolonger e doctorat. D’autant que sa promotrice principale, Florence Chainiaux, Chercheuse qualifiée FNRS à l’UNamur, est spécialisée, un de ses copromoteurs, Yves Pournay, Professeur à l’UNamur, dans la biologie cutanée, et l’autre, Cédric Blanpain, Professeur à l’ULB, dans le cancer, dans le cancer. « Je ne pourrais pas être mieux suivie : c’est le trio idéal ! » Un stage au Centre de recherche du CHUM à Montréal, dans un laboratoire travaillant sur le lien sénescence-cancer, l’a d’ailleurs confortée dans son objectif : « Identifier les facteurs qui favorisent le développement d’un cancer de la peau dans l’environnement vieillissant, afin de les éradiquer ».

Finalité

Faut-il en conclure qu’elle apprécie surtout la recherche pour son utilité pratique ? « La recherche fondamentale, c’est passionnant. Mais, ce qui m’a plu, dans ce projet, c’est la finalité appliquée. Si je peux contribuer, si peu que ce soit, à la lutte contre le cancer, ça me rendra très heureuse… »

Mohammad Wehbi : « C’est un projet interdisciplinaire. Et moi, j’ai fait un peu de tout… »

Détenteur d’une licence de biochimie de l’Université Libanaise, à Beyrouth, et d’un master en génie biomédical de l’Université de Grenoble Alpes, Mohammad Wehbi, originaire du Liban, est aujourd’hui, à 24 ans, Doctorant à l’UCLouvain, au Louvain Drug Research Institute, où il se consacre à la détection du mélanome.

On pense souvent que le mélanome, c’est facile à détecter : il suffit d’une biopsie ! « Bien sûr. Mais une biopsie, c’est une chirurgie. » Son projet porte donc sur la détection précoce et précise du mélanome sans chirurgie.

Épaisseur de Breslow

« Le mélanome est le cancer de la peau le plus dangereux, en constante augmentation ces derniers temps. Les mélanocytes, cellules à l’origine du mélanome, contiennent un pigment appelé mélanine, responsable de la pigmentation de nos cheveux, de notre peau et de nos yeux. Et le premier critère de gravité d’un mélanome est son épaisseur de Breslow, mesurée en millimètres depuis la couche épidermique jusqu’à la partie la plus profonde, dans le derme, corrélée à une quantité anormale de mélanine dans la tumeur. »

Mélanine paramagnétique

Le défi est de valider une technique non invasive, renseignant à la fois sur la quantité de mélanine et la profondeur de Breslow. « En fait, la mélanine présente une propriété spécifique, qui est d’être paramagnétique. Ce qui signifie qu’elle peut être détectée par une technique appelée résonance paramagnétique électronique ou RPE. Une étude clinique sur la RPE dans le mélanome a montré que cette technique est capable de distinguer une tumeur bénigne d’une tumeur maligne avec un niveau de confiance élevé. Mais, pour mesurer la profondeur de Breslow, et donc évaluer la gravité de la tumeur, il faut utiliser un mode amélioré de RPE, l’analyse multiharmonique. »

RPE contre biopsie

Cette technique améliorée ayant fait ses preuves in vivo, sur la peau des souris, les tumeurs ganglionnaires et les métastases pulmonaires, Mohammad prévoit, pour les deux prochaines années, un essai clinique sur 183 patients, afin d’évaluer les performances de la RPE clinique et multiharmonique, par rapport à la biopsie, pour le diagnostic du mélanome cutané. « C’est un projet interdisciplinaire, qui combine biologie, physique- chimie, ingénierie et recherche clinique. Comme j’ai fait un peu de tout, ça me convient très bien. Et j’espère ainsi augmenter la spécificité du diagnostic et accélérer la prise en charge du mélanome avancé. »

Charlotte Grégoire : « Ce que j’aime vraiment, c’est la psycho-onco ! »

Après des études en psychologie clinique à l’ULiège, un mémoire sur les conjoints des personnes atteintes d’un cancer et une thèse de doctorat sur l’utilisation de l’autohypnose et de l’autobienveillance en oncologie, Charlotte Grégoire, 32 ans, relève un nouveau défi.

Ce n’est pas la première fois que Charlotte fait appel au Télévie. « Après avoir défendu ma thèse, en avril 2020, j’ai postulé à plusieurs bourses de postdoctorat. Et, en attendant les résultats, j’ai travaillé au CHU, en oncologie médicale, en tant que gestionnaire de projets. J’ai obtenu un premier financement Télévie pour un projet portant sur trois interventions complémentaires – l’hypnose, la méditation d’auto-compassion et une nouvelle technique appelée la transe cognitive auto-induite, issue des pratiques chamaniques traditionnelles – destinées à améliorer la qualité de vie des patients oncologiques. Ce projet, mené sur le terrain par une doctorante, Nolwenn Marie, et supervisé par moi, ainsi que par les Docteures Vanhaudenhuyse et Gosseries, est toujours en cours. »

Cluster

Mais c’est pour un autre projet, intitulé « Évolution et prise en charge d’un ensemble, un groupe de symptômes psychoneurologiques chez les patients ayant eu un cancer du sein ou un cancer digestif » que le Télévie lui a accordé, cette année, un deuxième financement. « Les patients oncologiques présentent différents symptômes fréquents et sévères, étroitement liés les uns aux autres : fatigue, troubles du sommeil, douleur, détresse émotionnelle, difficultés cognitives… L’idée du projet est de mieux comprendre les relations entre ces symptômes au moyen de ce qu’on appelle des analyses en réseaux, afin de déterminer un symptôme central, susceptible de devenir une cible privilégiée pour agir sur l’ensemble de ces symptômes. Cette évaluation va se faire en deux ans, sur 500 patients au total – 250 avec un cancer du sein, 250 avec un cancer digestif. Et, dans une deuxième phase, pour laquelle il me faudra un nouveau financement, nous viserons ce symptôme central, par des interventions complémentaires non pharmacologiques, pour étudier son impact sur tout le groupe de symptômes. »

Challenge

Si son passage au CHU de Liège l’a éclairée sur ses préférences – « ce que j’aime vraiment, c’est l’oncologie, et surtout la psycho-onco, la dimension psychologique de l’oncologie » – et sur son désir de rester chercheuse – « même si ça implique de chercher tout le temps de nouveaux financements, c’est très challengeant ! », elle reconnaît elle-même qu’elle est trop speed pour s’adonner à la relaxation, à la méditation, ou même à l’hypnose, malgré son admiration pour la Professeure Marie-Élisabeth Faymonville, dont elle a suivi les cours.
« Mais ça ne m’empêche pas de constater que ces approches aident vraiment les patients – et c’est ça l’important. »

Marie-Françoise Dispa

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Une avancée majeure dans la compréhension, le diagnostic et le traitement des leucémies

Une avancée rendue possible grâce aux travaux d’une équipe de recherche emmenée par Francois Fuks, Promoteur Principal de PDR FNRS, Promoteur Télévie, Directeur du Laboratoire d’épigénétique du cancer, Professeur à la Faculté de médecine, ULB – Université libre de Bruxelles.

Cette équipe est parvenue à identifier un nouveau lecteur de l’ARN, SRSF2, et lève pour la première fois le voile sur le rôle clef que joue la protéine SRSF2 dans le développement des leucémies. Le gène SRSF2 est un des gènes les plus fréquemment mutés chez les patients : jusqu’à 50% dans certains types de leucémies.

En Belgique, environ 1.300 nouveaux cas de leucémie sont diagnostiqués chaque année. Une maladie principalement traitée par chimiothérapie. Cette découverte, dont les résultats sont publiés dans Molecular Cell, ouvre dès lors une autre voie de recherche : des thérapies anti-cancéreuses inédites grâce à l’alphabet complexe de l’ARN messager (ou épigénétique de l’ARN).

https://actus.ulb.be/fr/presse/communiques-de-presse/recherche/cancer-vers-une-nouvelle-therapie-contre-la-leucemie?fbclid=IwAR2Ix_cEUGJYgrVrpc9126C83CF2O0Ef07kKhnmxylZHhuNFuJEkIzg5qS0

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