Chloé devient chercheuse après la maladie de sa sœur!
Publié le 17 janvier 2020 dans News
Lors du 30 ème Télévie, nous avions fait la rencontre de Manon et Chloé. Deux soeurs unies contre la maladie. (Revoir la séquence). Il y a 19 ans, Manon tombait malade. Depuis octobre, Chloé, de trois ans son aînée, est devenue chercheuse contre le cancer. Une vocation marquée d’une histoire personnelle.
“Moi j’avais 6 ans, ma sœur en avait 3. Ma maman a remarqué que ma sœur ne se sentait pas bien et qu’elle avait plein de petits boutons sur le corps” , raconte Chloé. Après une série d’examens et une visite chez le dermatologue, les résultats étaient bien plus graves. “Le médecin est venu frapper à notre porte pour nous dire que ma sœur avait une leucémie et qu’il fallait l’emmener aux urgences” , raconte-t-elle. C’était il y a 19 ans, lorsqu’une leucémie lymphoblastique aiguë était diagnostiquée chez sa petite sœur.
Un chamboulement soudain
Tout de suite, la famille a dû réagir et faire face à la situation difficile. “Ça a été le branle-bas de combat pour tout le monde, je suis allée vivre chez mes grands-parents pour avoir un peu de stabilité”, explique Chloé. Pendant 6 mois, leurs parents ont multiplié de nombreux allers-retours à l’hôpital de Liège pour aider Manon à être soignée à l’aide de chimiothérapies et radiothérapies. Les deux sœurs ont toujours été complices: “Quand ma sœur était en chambre stérile, elle et moi, on jouait, de part et d’autre d’une vitre, comme des sœurs normales. Parce qu’à 6 ans, on ne s’imagine pas que sa petite sœur peut mourir”.
Après un certain temps, c’est la greffe de moelle osseuse qui s’est avérée être la meilleure piste pour la guérison. C’est Chloé, petite fille forte de 6 ans qui a fait le don : “ Ils ont eu énormément de chance puisque j’étais compatible à 99%”.
Aujourd’hui, Manon est en rémission et vit avec les conséquences du traitement: stérilité, risques de cancers secondaires, etc. Mais cette jeune femme de 22 ans est en route pour devenir institutrice maternelle.
Depuis toujours, les deux soeurs sont très attachées l’une envers l’autre. “Une sœur, c’est quand même une force de la nature. Il faut le dire, elle a été incroyable, à vivre à travers ça et elle gardait toujours le sourire. Et maintenant encore, elle croque la vie à pleines dents, je suis fascinée par ça !” , confie la grande sœur.
La science dans la tête depuis toujours
“Depuis que j’ai 6 ans, je sais que je veux travailler dans un laboratoire. Quand j’étais petite, à Noël, je ne demandais pas une poupée mais je demandais un microscope, un kit de chimie” , raconte-t-elle.
Entre Chloé et la science, ça a toujours été une évidence. Parallèlement à la maladie de sa soeur, elle a développé un goût certain pour ce domaine.
Très motivée, elle décide d’entamer un bachelier en sciences biomédicales à l’Université de Namur et ensuite, un master en biochimie et biologie cellulaire et moléculaire.
Depuis le début, c’est l’humain qui prime pour cette femme de 25 ans. “Je ne voulais pas faire médecine parce que le contact avec les patients, c’est quelque chose qui m’aurait rendue très triste. Je voulais travailler dans un laboratoire, pour essayer de faire progresser les choses tout en gardant une certaine distance, par rapport aux personnes qui souffraient réellement ”, précise-t-elle.
Après ses études, elle travaille pendant deux années au sein de la société en biotechnologie Bone Therapeutics. “A un moment, j’avais envie de plus, d’autres choses. Ça n’avait pas assez d’impact sur les gens”, raconte-t-elle. Et c’est ici que ce désir a rejoint son histoire familiale. “J’avais l’envie d’essayer de comprendre les mécanismes du cancer, de trouver des solutions pour aider les gens. C’est clairement conditionné par ma sœur” , s’exprime Chloé.
C’est un doctorat qui a semblé remplir tous les critères pour qu’elle trouve sa voie. En octobre dernier, elle a intégré le laboratoire du Dr. Sylvie Legrand à l’Université de Liège.
Son projet de recherche porte sur l’obésité comme facteur de risque pour certains cancers et son impact sur l’immunité. Un sujet qu’elle a d’ailleurs déjà abordé lors de son mémoire quelques années auparavant.
Une remise des tabliers symbolique
La nouvelle chercheuse, en fonction depuis octobre, fait partie des 111 chercheurs financés par le Télévie cette année. Le 23 octobre dernier, au Palais des Académies à Bruxelles, ils étaient réunis pour la “rentrée officielle des chercheurs du Télévie”. Une rentrée symbolique marquée par la traditionnelle remise des blouses blanches ornées du cœur du Télévie. Pour cette scientifique, cet événement signifiait beaucoup et surtout le début d’une nouvelle aventure. “On s’y retrouve vraiment, on retrouve cette reconnaissance face au Télévie qui soutient notre projet et face aux personnes qui donnent, les bénévoles. On va essayer de mettre sa petite pierre à l’édifice pour faire progresser la médecine” , confie-t-elle avec le sourire.