Grâce aux bénévoles, le Télévie existe en dehors de ses moments forts et médiatiques. Ces volontaires ne laissent pas passer un week-end sans organiser un souper, une marche parrainée, un jogging (les trois activités les plus courantes), un diner dansant, un concours de belotte, un cabaret (activités délicieusement rétro), un blind-test, un cours de flamenco, une brocante, (activités si « tendance »), une concentration de vieux tracteurs, une élection de miss et de mamy Télévie, une course de 10.000 canards en plastique (activités… surprenantes), du tennis, du golf ou du karting pour les plus sportifs. Dans le cadre de l’opération Télévie 2017, 627 initiatives ont été mises sur pied, permettant de rapporter plus de 2,7 millions d’euros. C’est énorme !
Certains accompagnent le Télévie depuis ses débuts, comme l’inépuisable Martine Allard qui consacre à l’organisation de soupers une grande partie de sa vie, sept ou huit mois par an. « Je ne pourrais plus vivre sans », explique la sexagénaire ralliée à la cause depuis la naissance de son fils, Quentin, alors que la première édition du Télévie, en 1989, lui laissait entrevoir toute l’horreur d’une leucémie frappant les enfants. Depuis, elle a associé toute sa famille à ce marathon de la récolte de fonds, amassant, en trente ans, 1,4 million d’euros ! Même pas fière non « tout simplement heureuse de pouvoir aider », souffle Martine Allard, visiblement émue quand elle évoque le Télévie.
Martine Allard (à gauche) et sa fille Sophie (à droite) sont d’infatigables bénévoles, actives depuis les débuts du Télévie.?
Tous concernés par le cancer
Comme elle, des dizaines d’autres sont des bénévoles chevronnés, rompus à l’exercice des manifestations, brassant chaque année des milliers de dons. Ils cherchent à innover, à faire la différence dans le paysage des activités caritatives, toujours plus nombreuses, pour attirer le public le plus large possible. « Et dès qu’une édition se termine, on attend avec impatience celle de l’année suivante pour recommencer », lance Micheline François, un des moteurs du Télévie de Rebecq. « Avant même de remettre notre chèque, on s’occupe du suivant », ajoute Patrick Peten pour l’ASBL « Les œuvres policières ixelloises ».
La plupart des bénévoles ont côtoyé le cancer de près – mais existe-t-il encore des familles totalement épargnées aujourd’hui ? Terrible épreuve dont ils essaient de tirer un peu de positif. Qui les amène en définitive à se surpasser. «
Une leucémie a été diagnostiquée à mon petit-fils Louis l’année dernière. Dans la foulée, j’ai appris qu’un de ses camarades de deuxième maternelle souffrait d’un cancer des ganglions. J’ai été bouleversé par ces deux petits hommes, si jeunes, si malades », raconte Jean-Claude Couclet. Le grand-père s’est alors converti en organisateur d’évènements et orchestra à Leignon une « grande journée » au profit du Télévie. Recette : 33.797 euros. Une première victoire contre la maladie.
L’argent, le nerf de cette guerre-là, aussi
Georges Ducoffre cumule également les initiatives depuis que son beau-père et sa sœur sont décédés d’un cancer. « Il faut attaquer la maladie avant qu’elle ne nous attaque », estime-t-il, vindicatif. La seule façon de faire reculer le cancer est de faire avancer la recherche scientifique. Pour faire des progrès, il faut de l’argent ; le nerf de cette guerre-là, aussi. « Pour me motiver, après neuf ans de Télévie, je pense à Arsène Burny. A 85 ans, il prend toujours la peine de se déplacer à nos activités ». La figure du Télévie ne compte effectivement pas son temps quand il s’agit de motiver les troupes de bénévoles. Arsène a le mot juste et le geste sincère. Même à l’heure où c’est à son épouse que s’en prend ce foutu cancer.
Le profil de… la bénévole
Si l’ont fait parler les chiffres, le bénévole est, avec une très légère avance, une bénévole. Elle a la cinquantaine et habite le plus souvent du côté de Liège ou dans le Hainaut. Plus rares sont les jeunes, même s’il y en a tout de même pour assurer la relève. Amaury Bartiaux et Antonino Terrazi n’ont que 25 ans et déjà ils se lancent dans l’organisation de leur deuxième repas gastronomique au profit du Télévie. Sommelier et maître d’hôtel, ils mettent leurs compétences et leurs contacts au service d’un grand moment réunissant 110 convives et des milliers d’euros. « Les appuis ne sont pas difficiles à trouver quand il s’agit d’une bonne cause, confie Amaury. Les fournisseurs font des prix, les chefs d’établissement de renom nous rejoignent et les élèves de l’Ecole Hôtelière Provinciale de Namur nous épaulent en cuisine et en salle ». Au fond, tout le monde y gagne : ceux-là en expérience, ceux-ci en renommée, les convives prennent du plaisir et la recherche fondamentale reçoit les bénéfices. Opération Win-Win.
Les produits
Un autre vecteur de mobilisation est la vente de produits Télévie. Un réseau tentaculaire permet de répandre les goodies de l’opération aux quatre coins de wallonie et de Bruxelles : entreprises, commerçants, écoles, universités, administrations communales, Soroptimist, et, encore une fois, simples bénévoles. Sophie Allard, pour ne citer qu’elle, campe tous les jours, du 4 décembre au 30 avril, dans le hall d’entrée du Centre Hospitalier de Wallonie picarde (CHwapi). Depuis 22 ans… La Tournaisienne ramène ainsi, à elle seule, près de 25.000 euros à chaque opération. C’est dire si elle sait être convaincante quand il s’agit de promouvoir le financement de la recherche contre le cancer !
On vous le disait, à Sophie, à Martine, à George et tous les autres, le Télévie doit beaucoup. Enormément. Merci à eux !