Vers une stratégie personnalisée de dépistage du cancer du sein
Publié le 5 octobre 2021 dans News
Aujourd’hui, le programme de dépistage du cancer du sein (« Mammotest ») propose le même dépistage à toutes les femmes de 50 à 69 ans, à partir d’un seul facteur de risque : l’âge. « Ce dépistage permet de diminuer le risque de décès de 20%, ce qui est significatif mais insuffisant », explique le Dr Jean-Benoît Burrion, chef de la Clinique de prévention et dépistage du cancer à l’Institut Bordet, qui coordonne l’étude MyPeBS. Le risque de cancer varie en effet en fonction de l’âge mais aussi de plusieurs facteurs : histoire familiale, antécédents personnels, style de vie, constitution génétique. « Par ailleurs, bien que le dépistage soit efficace, il comporte des inconvénients, rappelle le Dr Burrion. Notamment les faux positifs, qui amènent les femmes à faire des examens supplémentaires après la mammographie alors qu’en réalité elles n’ont pas de cancer. » Les autres inconvénients sont le surdiagnostic (le fait de trouver et de traiter des tumeurs qui n’auraient pas posé problème, une situation qui concerne 20% des femmes traitées) et les cancers d’intervalle (des cancers qui n’ont pas été détectés entre deux examens de dépistage, ce qui représente environ 25% des cas).
Stratégie personnalisée
Coordonnée par Unicancer (France) et associant six pays (Belgique, France, Italie, Royaume-Uni, Israël, Espagne) ainsi que 27 partenaires internationaux, l’étude clinique MyPeBS a pour objectif d’aller plus loin et d’évaluer une stratégie de dépistage du cancer du sein personnalisée. « Nous avons aujourd’hui des outils qui nous permettent de le faire, précise le Dr Burrion, notamment grâce à l’étude des polymorphismes. Les polymorphismes sont des variations génétiques qui ne sont pas des mutations rares à haut risque comme la BRCA, mais des mutations très fréquentes qui, mises ensemble, peuvent accroître le risque. Par exemple, pour évaluer le risque de cancer du sein, on utilise 313 polymorphismes. Chaque femme peut en présenter de 0 à 313, ce qui définit son score de risque polygénique. »
MyPeBS (My Personal Breast Cancer Screening) est la première étude clinique européenne qui vise à évaluer les bénéfices d’un dépistage personnalisé, basé notamment sur ces polymorphismes. La fréquence et les modalités de dépistage (examens complémentaires par échographie ou résonnance magnétique) y seront adaptées au risque individuel de chaque femme. Ses résultats permettront de proposer des recommandations européennes pour améliorer le dépistage organisé et ainsi mieux combattre le cancer du sein.
Pour l’ensemble de l’étude menée dans six pays, 85 000 femmes volontaires âgées de 40 à 70 ans et n’ayant jamais eu de cancer du sein, sont appelées à participer. En Belgique, une dizaine de centres de dépistage, principalement hospitaliers, sont engagés dans ce projet. « Nous avons besoin de volontaires, rappelle le Dr Burrion. Rien qu’en Belgique, nous devrions recruter quelque 10 000 femmes et nous n’en comptons pour l’instant que 580. » Intéressée ? Toutes les infos ICI