Arsène Burny, l’homme derrière le chercheur
Publié le 18 novembre 2020 dans Moments Forts, News
Et ça, c’est un vrai challenge. Car Arsène et la recherche ne font qu’un. Quand on le
contacte un lundi matin d’été, il est justement occupé à travailler sur les dossiers des chercheurs Télévie. 86 ans, et toujours autant de temps consacré chaque jour à la lutte contre le cancer. Même pensionné, Arsène Burny passe plus d’heures dans son bureau, à la Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, que chez lui.
« C’est d’ailleurs là que nous l’avons rencontré », précise Sandrine Dans. « Arsène Burny, c’est le Télévie et inversement », résume l’animatrice de RTL TVI, « c’était évident : nous
devions lui consacrer une émission pour retracer son parcours scientifique et comprendre l’homme qui se cache derrière le chercheur ». Et lui, Arsène, ça ne l’ennuie pas qu’on remonte ainsi le fil de sa vie ? « Pas du tout, c’est le jeu », répond-il. « Allons-y ! »
Des graines aux tumeurs
C’est alors lui qui raconte comment ses premières interrogations d’enfant l’ont amené vers la science. « Mes parents avaient une ferme et quatre enfants : la vie n’était pas facile. Surtout quand la rudesse de l’hiver puis le gel de mars mettaient en péril la récolte de céréales. Dès ce moment, j’ai voulu comprendre : pourquoi certaines céréales résistent au gel et d’autres pas ? »
Cette question de « pression osmotique » le mène à prendre son vélo et s’inscrire à Gembloux. Et pourtant, il n’exploitera jamais ce domaine de la physiologie végétale : d’emblée, Arsène se tourne en effet vers la physiologie animale, là où fusionnent ses intérêts pour la médecine vétérinaire et la chimie. Il enchaîne avec un doctorat en sciences zoologiques à l’ULB puis, débauché par un professeur américain alors réputé, Sol Spiegelman, il s’envole pour New York et l’Institut de recherche sur le cancer de l’Université de Columbia. Là, il étudie la leucémie des animaux et c’est tout naturellement qu’à son retour en Belgique, il poursuit dans cette voie et s’attaque à la leucémie bovine. Observant des similitudes avec le virus du sida identifié en ce début des années 80, il s’impose peu à peu comme un des spécialistes mondiaux dans ce domaine également.
De la recherche au Télévie
Entre-temps, Arsène a eu deux enfants avec son épouse et c’est pour eux qu’il est revenu à Gembloux, dans son port d’attache. Un jour, il se retrouve à un déjeuner avec Jean-Charles De Keyser, nouveau Directeur général de RTL Belgium, et le comte Jean-Pierre de Launoit, président du groupe. On est en 1988 et la chaîne privée cherche à se doter d’une émission « populaire et intelligente ». Arsène, alors vice-Président de la Commission scientifique de cancérologie du FNRS, propose la leucémie des enfants comme terrain de solidarité et d’investigation. Ainsi naît le Télévie, et personne alors ne pouvait imaginer le succès fou qu’il aurait », s’émeut Arsène en se rappelant ce moment charnière, dans sa vie et dans celle, depuis, de milliers de chercheurs et de patients.
Communication scientifique et grand public
Car l’importance du Télévie n’est pas à sous-estimer, rappelle-t-il. Les millions d’euros récoltés depuis plus de 30 ans ont véritablement fait avancer la connaissance dans le domaine des leucémies puis, petit à petit, des cancers en général, et ont permis d’inverser les courbes de mortalité et de guérison. Concrètement, le Télévie a financé la recherche, c’’est certain, mais aussi « mis en réseau » les intellectuels. « Les chercheurs doivent se mettre ensemble pour arriver à bout de la maladie. Les projets de recherche sont parfois très spécifiques, terriblement pointus, et c’est en échangeant entre disciplines, en décloisonnant la recherche, que les scientifiques avancent le mieux », explique Arsène Burny en pensant, entre autres, au séminaire Télévie qui se tient annuellement.
C’est une affaire de communication donc, entre experts, mais aussi vers le grand public. Et là encore, Arsène est l’homme de la situation. « C’est un scientifique qui est sorti de son labo », analyse Sandrine Dans, « et qui a appris, au fur et à mesure des années Télévie, à traduire le jargon médical en une langue accessible. Et il ne s’agit pas seulement de faire comprendre les enjeux scientifiques, son talent est aussi de comprendre lui-même l’angoisse des familles touchées par le cancer. »
Aura-t-on découvert l’homme derrière le chercheur, à la fin de cette émission, alors qu’Arsène résume : « Ma passion, c’est la recherche ! » ? Ce qui est sûr, c’est que « quand on passe du temps avec Arsène, on apprend plein de choses… », promet Sandrine Dans.
Pour voir le reportage du Arsène Burny c’est ICI