Nouvelle découverte contre le cancer : les lipides ont un impact sur le développement des métastases

Publié le 28 janvier 2020 dans News


Olivier Feron, chercheur à l’Institut de recherche expérimentale et à l’UCLouvain, et son équipe étudient la manière dont se propage le cancer dans l’organisme, via les métastases. Et plus précisément, ils analysent la formation des métastases au départ d’une tumeur.  Leur dernière découverte ? Les lipides, autrement dit notre gras, jouent un rôle dans la propagation des cellules cancéreuses. Ces résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue scientifique Nature Communications.

Le stockage des lipides favorise le caractère invasif des cancers

Il y a quelques années, ces scientifiques avaient déjà analysé que les cellules cancéreuses utilisaient les lipides comme aliment pour se multiplier. Mais récemment, c’est une autre utilité pour ces graisses qui vient d’être découverte. « On savait depuis quelques années que certaines cellules tumorales pouvaient utiliser les lipides. Aujourd’hui, on a réalisé qu’elles pouvaient non seulement les utiliser, mais aussi les stocker. Et en stockant ces lipides, elles forment des réservoirs d’énergie finalement qui vont leur permettre de métastatiser plus facilement », explique Olivier Feron dans le RTL INFO de ce jeudi 23 janvier 2020

Ces réserves d’énergie sont gardées dans de petites vésicules intracellulaires que l’on appelle “gouttelettes lipidiques”. Celles-ci offrent ainsi aux cellules invasives l’énergie nécessaire pour se déplacer et résister aux conditions hostiles leur du processus de métastatisation. Ces cellules sont alors beaucoup plus mobiles et agressives. Ce qui leur permet, ensuite, de former les métastases.

L’interrupteur responsable du stockage identifié

Lors de leur étude, un facteur dénommé TGF-beta2 a été identifié comme l’interrupteur responsable à la fois du stockage des lipides mais aussi du caractère agressif des cellules malades. Mieux encore, les chercheurs ont découvert que les deux processus se renforçaient mutuellement. En effet, lorsque les cellules cancéreuses accumulent des lipides, et plus exactement des acides gras, elles se construisent des réserves d’énergie, qu’elles peuvent ensuite utiliser au gré des besoins, tout au long de leur parcours métastatique.

Pour mieux comprendre, on pourrait comparer une cellule tumorale à un alpiniste. Il emporte avec lui des vivres et l’équipement nécessaires pour lui permettre de se nourrir et d’atteindre des sommets malgré des conditions météo compliquées.

Un nouveau médicament contre l’obésité pour lutter contre ces métastases

D’un point de vue thérapeutique, la connaissance de ces nouveaux acteurs est une réelle avancée pour mieux combattre le processus de formation des métastases. Les recherches montrent qu’il est possible de réduire l’invasivité tumorale et de prévenir les métastases à l’aide d’inhibiteurs spécifiques de l’expression du TGF-beta2 mais aussi de composés capables de bloquer le transport des acides gras.

Dans le RTL INFO, Olivier Feron précise que priver les cellules tumorales de se nourrir de nos lipides serait la solution. Mais comment ? Parmi les pistes de recherche, il y a celle d’empêcher la propagation des métastases grâce à de nouveaux traitements actuellement testés contre l’obésité. Le chercheur poursuit: « Il y a un lien évident entre obésité, inflammation et cancer. Par contre, aller jusqu’à dire que manger moins gras réduira le risque de métastases, c’est un pas que je ne je ne ferai pas. Ce que je peux certainement dire, c’est que les mêmes traitements qui permettent de lutter contre l’obésité pourraient, sur base de nos découvertes, être utilisés pour réduire le processus de métastatisation chez les patients ».

Cette idée devrait être testée prochainement et offre un bel espoir dans la lutte contre le développement de métastases, qui est la cause majeure de décès parmi les patients atteints d’un cancer. 50% de ces recherches ont été financées par le Télévie et donc, grâce à vous !


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