L’amour d’une soeur

Publié le 11 mars 2020 dans News


Doris a découvert le Télévie avec le premier disque enregistré par les animateurs de RTL. En 2010, elle s’est retrouvée, avec sa famille, précipitée dans l’univers de la maladie : Jimmy, alors âgé de 14 ans est frappé par la leucémie. Il est, avec Joey, deux ans plus jeune ses merveilles de frères.

Une grande complicité les unit de manière fusionnelle depuis toujours, Doris le déclare sans détour : mon plus beau cadeau de la vie : ce sont mes frères. Un tel ressenti, peut-être accentué aujourd’hui par cette issue fatale, même si, pour elle, il est difficile d’expliquer en quoi cette épreuve l’a changée.

La maladie modifie l’existence, les regards, et les réflexions. Les liens familiaux sont mis à rude épreuve. L’entourage peut surprendre par sa présence ou son absence. Si l’on parle souvent de la tristesse et de la détresse des parents, il est rarement fait état du ressenti des frères et sœurs qui  connaissent, eux aussi, ces moments d’impuissance qui meurtrissent au plus profond. J’aurais tellement voulu que ce soit moi que la maladie agresse. Et, je ne pouvais même pas l’aider par une greffe puisque nous sommes nés de pères différents.

Le Télévie, vital pour Jimmy

L’univers inconnu de la maladie, des hôpitaux, des médecins, des traitements s’ouvre devant elle. Jimmy a bénéficié d’un encadrement du point de vue cardiaque, soutenu par l’opération. De manière très concrète, je me suis rendu compte que le Télévie vient directement en aide à ceux qui luttent contre la maladie.

C’est aussi, une vie bouleversée, fracassée, rythmée par l’état de Jimmy qui se dégrade, passe par un coma, la paraplégie et l’apparence physique métamorphosée par la chimio et les médicaments. Entre Châtelet et les cliniques universitaires St-Luc, à Bruxelles.

Deux longues années qui se sont achevées « à la maison » le 17 février 2012.

Le temps de la reconstruction

Juste après cette épreuve, Doris a voulu passer à l’action en devenant une bénévole pour le Télévie, en vendant des produits, en organisant des manifestations. Aujourd’hui, elle dit aller mieux, et est heureuse de pouvoir ainsi témoigner. Il a fallu retrouver sa place au sein de la famille. On préfère, désormais, faire comme si rien n’était arrivé, parce que nous n’avons pas envie de montrer notre peine. Par pudeur, sans doute aussi. Mais, cela a également renforcé les liens déjà très forts avec Joey et maman, dont j’admire tellement le courage.

J’ai découvert aussi l’attitude de certains adultes face à un enfant malade. Des reproches, des absences qui l’ont marquée très durement. Dans sa propre histoire, mais aussi dans celles de ces jeunes côtoyés à St-Luc. Nous avons vécu des choses terribles comme cet ado laissé seul par son entourage, ayant peu de visite et cet enfant de deux ans abandonné littéralement à l’hôpital par ses parents. Beaucoup se cachent derrière les excuses pour ne pas se manifester, ne pas être là. C’est évidemment très dur, très difficile, mais il faut pouvoir reconnaître sa faiblesse, pleurer et assumer sa tristesse.

Désormais, son combat est ailleurs. Educatrice spécialisée, la vie de Doris est tournée vers les autres, en particulier ceux qui n’ont plus de domicile et doivent se contenter de la rue. Mais c’est aussi un formidable projet de vie qui l’habite depuis plusieurs années : l’adoption d’un enfant. Des démarches engagées courageusement en tant que mère célibataire. Et puis, tournée vers la philosophie bouddhiste, c’est aussi une formidable analyse de cette période.

Merci à ceux qui se reconnaîtront

Très curieuse de la vie, Doris avoue profiter de chaque instant à 200%. Cela me paraît plus facile d’en parler aujourd’hui, huit après. C’est aussi l’occasion de remercier ceux qui étaient là, et à qui je n’ai pu le dire directement. Déçue aussi par d’autres, mais comment ne pas comprendre la peur ou la fuite par rapport à une telle tragédie?

Enfin, j’ajouterai combien mes frères me sont précieux au-delà de la mort, combien je veux crier le courage de ma mère pour lui donner la force de continuer et pas juste en subissant. Combien mes amis font partie de ma famille plus que le sang.

 

Frédéric Bastien


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