Institut Roi Albert II : un tout nouveau centre d’excellence contre le cancer vient d’être inauguré

Le roi Albert II et la reine Paola ont participé ce matin à l’inauguration d’un nouveau centre d’excellence contre le cancer, baptisé à l’occasion Centre Roi Albert II. Il s’agit d’une extension des Cliniques Saint-Luc avec une particularité : il a été pensé selon une approche multidisciplinaire.

Nos anciens souverains, le roi Albert II et la reine Paola ont participé ce matin à l’inauguration d’un nouveau centre d’excellence contre le cancer, baptisé Centre Roi Albert II. Il s’agit en réalité d’une extension des Cliniques Saint-Luc, avec un mode de fonctionnement tout à fait innovant dans la région.

Le bâtiment, flambant neuf, s’étend sur sept étages et est directement connecté aux Cliniques Saint-Luc grâce à une passerelle. L’idée à l’origine du projet était de pouvoir regrouper sous un même toit tous les services d’oncologie, c’est-à-dire tous les services qui permettent de soigner les différents types de cancers et les leucémies.

Une approche concertée

En d’autres termes, il s’agit là d’une approche multidisciplinaire, encore inhabituelle dans les hôpitaux. Jean-Pascal Machiels, directeur médical des Cliniques Universitaires Saint-Luc, a déclaré qu’il s’agissait « probablement d’une première en région francophone ».

Concrètement, cette façon d’organiser la clinique permet aux médecins, aux spécialistes, aux psychologues de pouvoir travailler tous ensemble. En effet, l’organisation du bâtiment a été pensée de manière à ce que tous ces acteurs du monde médical puissent travailler de concert.

Meilleure prise en charge des enfants

Jean-Pascal Machiels insiste d’ailleurs sur l’importance de cette approche plus concertée : « On a intégré les soins pédiatriques avec les soins adultes, ce qui devient quelque chose d’extrêmement nécessaire aujourd’hui puisqu’on guérit certes 85 % des enfants, mais ils vont ensuite devenir adolescents puis adultes. Et on a parfois des cancers qui surviennent à cette limite entre l’adolescence et l’âge adulte. Dans ces cas-là, on a besoin des expertises, à la fois des cancérologues pédiatres et des cancérologues adultes. »

Un autre avantage de ce nouveau centre contre le cancer est expliqué par Jean-Pascal Machiels : « On est aussi sur un site universitaire, ce qui veut dire qu’on a à disposition un gros pôle de recherche, fondamental, qui est vraiment tourné aussi vers l’Institut Roi Albert II ». Le directeur médical illustre d’ailleurs concrètement cet atout : « Lorsqu’on a une unité de thérapie innovante, on peut par exemple tester de nouveaux médicaments et amener de ce fait les découvertes qui ont été faites à l’université, auprès de nos patients assez rapidement. »

Le confort des patients

Outre cet enjeu de l’innovation et de la concertation, l’immeuble est également à jour en termes de modernité. Il est plus lumineux et plus chaleureux que le vieux bâtiment qui abritait les anciennes Cliniques Saint-Luc. Ce critère du confort est d’autant plus fondamental sachant que les patients souffrant d’un cancer sont souvent amenés à rester de longues heures à l’hôpital.

Crédits : RTL Info

Cancers génétiques : ce que vous devez savoir

À l’occasion de la Journée Nationale contre les cancers génétiques, il est essentiel de mettre en lumière une composante cruciale, mais souvent mal comprise : les cancers génétiques et héréditaires. Contrairement à la croyance populaire, la majorité des cancers ne sont pas transmis, mais pour les 5 à 10 % qui le sont, la connaissance et le dépistage précoce sont des atouts vitaux.

Qu’est-ce qu’un cancer génétique ?

Un cancer est dit génétique lorsqu’il est favorisé par une anomalie, ou mutation, dans les gènes. Il est important de distinguer deux origines principales :

  1. Le cancer héréditaire (5 à 10 % des cas) : La mutation est héritée d’un parent et est présente dans toutes les cellules du corps dès la naissance. Elle augmente considérablement le risque de développer certains types de cancers, souvent à un âge plus jeune.
  2. Le cancer acquis ou sporadique (la grande majorité des cas) : La mutation se produit au cours de la vie à cause de facteurs externes (tabac, radiations, alimentation, virus) ou simplement par hasard lors du vieillissement et de la division cellulaire.

Les gènes : des sentinelles essentielles

Les gènes qui, lorsqu’ils sont mutés, sont le plus souvent impliqués dans les formes héréditaires sont :

  • BRCA1 et BRCA2 : Ces gènes sont les plus célèbres, car ils augmentent fortement le risque de cancers du sein et de l’ovaire, mais aussi parfois de la prostate et du pancréas.
  • Les gènes du Syndrome de Lynch (MLH1, MSH2, etc.) : Ils sont responsables d’une prédisposition aux cancers colorectaux et de l’utérus, notamment.
  • APC : Impliqué dans la polypose adénomateuse familiale, qui cause un risque très élevé de cancer colorectal.
  • TP53 : Associé au Syndrome de Li-Fraumeni, qui prédispose à plusieurs types de cancers dès l’enfance.

Attention : Être porteur d’une mutation ne garantit pas l’apparition d’un cancer. Cela signifie simplement que le risque est significativement plus élevé que dans la population générale.

🔬 L’oncogénétique : la clé de la prévention

L’identification d’une prédisposition génétique commence par l’analyse des antécédents familiaux. Si plusieurs cas de cancers du même type apparaissent dans la même lignée ou à un jeune âge, une consultation d’oncogénétique peut être proposée.

Le processus de dépistage génétique

  1. Consultation spécialisée : Un oncogénéticien ou un conseiller en génétique analyse l’arbre généalogique familial et évalue la probabilité d’une mutation.
  2. Test génétique : Si le risque est jugé significatif, un test génétique (généralement une simple prise de sang) est proposé pour identifier la présence d’une mutation. Ce processus est long et se fait avec un consentement éclairé.

Agir : surveillance et prévention personnalisées

Lorsqu’une mutation génétique est identifiée, le patient n’est pas laissé seul face au risque. Au contraire, cette information permet de mettre en place des stratégies de prise en charge personnalisées, qui augmentent considérablement les chances de guérison :

  • Surveillance renforcée : Dépistage plus fréquent et plus précoce que pour la population générale (ex : IRM mammaires régulières, coloscopies précoces, dépistage spécifique pour d’autres organes).
  • Prévention proactive : Dans certains cas de très haut risque, des gestes préventifs peuvent être envisagés (comme une chirurgie prophylactique, par exemple l’ablation préventive des seins ou des ovaires).

À retenir : La connaissance de votre risque génétique est un outil puissant. Elle permet de transformer l’inquiétude en action concrète et de donner une longueur d’avance sur la maladie.

Les cas de cancer du foie pourraient doubler d’ici 2050 : est-ce possible d’éviter ce cancer mortel ?

Les cas de cancer du foie pourraient doubler d’ici 2050 en Belgique. Ce cancer est le troisième le plus meurtrier. La plupart du temps, il découle d’une maladie chronique du foie comme la cirrhose. Et cette maladie chronique résulte d’une consommation d’alcool excessive ou d’obésité. Est-ce possible d’éviter ce cancer particulièrement mortel ?

En Belgique en 2024, on dénombre 1.000 cas de cancer du foie. C’est quatre fois plus qu’en 2004. Et les perspectives ne sont pas optimistes. D’ici 2050, les cas de cancer du foie pourraient doubler, avec plus d’un million et demi de cas par an dans le monde.

Ces cancers sont intimement liés à notre hygiène de vie au quotidien. Le cancer du foie concerne principalement des hommes de plus de 50 ans.

Dans 90 % des cas, il découle d’une maladie chronique, comme la cirrhose. Elle fragilise l’organe et favorise le développement d’une tumeur. Pour prévenir le cancer du foie, il faut limiter la consommation d’alcool, manger sainement et éviter l’obésité.

« On sait que dans plus de 50 % des cas, on peut éviter le développement d’un cancer du foie si on a une hygiène alimentaire, une hygiène de vie qui est meilleure en termes de consommation d’alcool, en termes de perte de poids et de prise en charge de l’obésité », confirme Astrid Marot, gastro-entérologue au CHU UCL de Namur.

Selon l’Observatoire mondial du cancer, à l’échelle de la planète en 2050 le nombre de nouveaux cas grimpera à 1,52 million par an, soit un quasi-doublement, tandis que 1,37 million de personnes en mourront. Le cancer du foie est particulièrement virulent et mortel. Il n’y a que 25 à 30 % de survie dans les 5 ans après le diagnostic.

Crédits : RTL Info

Le cancer du poumon est « l’un des plus mortels », par quoi est-il provoqué ? Le tabagisme n’est pas l’unique cause

Le cancer du poumon est le deuxième plus fréquent. Selon le registre belge du cancer, il est en recul chez les hommes mais en augmentation chez les femmes. Les spécialistes appellent à un dépistage plus systématique. Quelles sont les causes de cette maladie ?

« Le tabac est responsable de 8 cas de cancer du poumon sur 10 », rappelle la Dre Véronique Le Ray, directrice médicale et porte-parole de la Fondation contre le Cancer. Elle explique que les deux autres cas sont « la faute à pas de chance ». Avant de préciser : « Pas de chance, c’est en partie la pollution aérienne et d’autre part, des facteurs héréditaires ou des facteurs génétiques. Des mutations qui se font et qui engendrent un cancer. »

Le cancer du poumon est aujourd’hui le deuxième plus fréquent en Belgique, tous sexes confondus. Mais c’est aussi l’un des plus meurtriers. « Il n’y a que trois personnes sur dix qui continuent à vivre avec un cancer du poumon, cinq ans après le diagnostic », souligne la Dre Le Ray.

Une progression marquée chez les femmes

Alors qu’il est en recul chez les hommes, le cancer du poumon connaît une augmentation chez les femmes. Une tendance confirmée par les données du registre belge du cancer, qui pointent une hausse régulière au cours des vingt dernières années.

Renaud Louis, directeur du service de pneumologie au CHU de Liège, explique : « Les cancers que l’on voit aujourd’hui chez les femmes sont les conséquences d’un tabagisme qui a été initié il y a une trentaine d’années. »

Si la majorité des cas sont liés au tabac, un patient sur cinq atteint de cancer du poumon n’a jamais fumé. Et ces cas concernent de plus en plus souvent des femmes. « La part des cancers pulmonaires chez les non-fumeurs reste faible, autour de 5 %, mais elle est souvent liée à des mutations génétiques », avance Renaud Louis.

Un appel au dépistage

Face à ces constats, les médecins plaident pour un dépistage plus précoce du cancer du poumon, à l’image de celui organisé pour le cancer colorectal, qui est gratuit dès l’âge de 50 ans. Une détection plus précoce pourrait augmenter les chances de survie, qui, bien que faibles, sont en progression : +13,5 % en Belgique ces dernières années.

Crédits : RTL Info

Les 13.351.977 € récoltés financeront 99 projets et 104 scientifiques dans la recherche contre le cancer

Le 10 mai dernier, l’opération Télévie s’est refermée sur un montant record de 13.351.977 €, grâce à la générosité extraordinaire des Belges. L’intégralité de cette somme va servir à financer la recherche contre le cancer.


Le Conseil d’administration du FNRS vient d’officialiser les décisions de financement, sur base des recommandations de la Commission scientifique internationale qui s’était réunie fin mai : dès cette année, 99 projets (dont 5 grands projets inter-universitaires) et 104 scientifiques (93 chercheurs, 6 scientifiques non-doctorants et 5 techniciens) seront financés par le Télévie. Des chiffres en hausse par rapport à l’an dernier (90 projets et 99 scientifiques soutenus en 2024) grâce à la somme inédite récoltée (plus d’1 million € supplémentaire).


Les dons du public sont précieux et la procédure d’allocation de ces fonds est très rigoureuse. Des experts nationaux et internationaux ont évalué les projets, sur base de critères d’excellence scientifique, de faisabilité et d’originalité notamment.


Les nouveaux chercheuses et chercheurs et les projets de recherche démarreront dès le
1er octobre.

Depuis 1989, le Télévie a récolté plus de 267 millions € et permis au FNRS de soutenir près de 3.000 chercheuses et chercheurs ainsi que près de 3.000 projets dans la lutte contre le cancer

Plus de 138 propositions de recherches déposées à la commission Télévie: à quoi serviront les 13 millions d’euros récoltés grâce à vos dons ?

La commission Télévie étudie ce lundi les projets que les chercheurs espèrent financer grâce à vos dons. Grâce à votre générosité, plus de 13 millions d’euros ont été récoltés pour soutenir la recherche contre le cancer.

Environ un million d’euros de dons en plus par rapport à 2024. Cela ouvre la voie à la possibilité de financer des projets supplémentaires, voire encore plus ambitieux. L’année dernière, 90 projets de recherche ont pu être lancés. En 2025, la commission scientifique du Télévie a reçu plus de 138 propositions.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer quels sont les différents types de projets sur la table ? 

Marc Vidal, professeur à l’université d’Harvard et président de la commission scientifique Télévie : Les projets s’adaptent aux besoins de ce domaine. Évidemment, il faut essayer de détecter le plus vite possible, de manière précoce, comprendre les systèmes moléculaires qui font en sorte qu’une cellule devienne cancéreuse, et puis quand on a tout ça, agir. Et là, on parle de thérapie, d’immunothérapie, on en parle beaucoup pour l’instant, thérapie ciblée, problème des résistances à ces molécules, et puis aussi, dans une moindre mesure, mais quand même de manière significative, le bien-être du patient et de la patiente. Donc, on a des projets sur les quatre éléments. 

Parmi ces 138 dossiers que vous étudiez en ce moment, comment vous faites pour les différencier ? Quels sont les critères de sélection ? 

MV : Si on multiplie par l’argent qui est demandé par chacun de ces 138 dossiers, malheureusement ou heureusement, en fait, parce que ça veut dire qu’on a de la qualité ici dans la recherche scientifique, on a besoin de plus d’argent que ce qui nous est octroyé par l’opération Télévie. On remercie évidemment tout le monde. C’était fantastique cette année-ci, mais il faut faire un choix. Il faut en éliminer. Il faut en garder, et on travaille sur l’optimal. On travaille sur la probabilité que quelque chose marche et soit intéressant pour le domaine de la cancérologie. 

La commission rendra un rapport en fin de journée ce lundi, qui sera étudié par le conseil d’administration du FNRS. Celui-ci rendra son feu vert définitif pour les différents projets sélectionnés début juillet, puis ces projets de recherche pourront enfin être lancés début octobre.

Une nouvelle technologie pourrait révolutionner le traitement du cancer du sein

Une innovation scientifique pourrait bien transformer le diagnostic et le traitement du cancer du sein. Des chercheurs de l’université d’Aberdeen, en collaboration avec le NHS Grampian, ont mis au point un scanner magnétique à ultra-bas niveau capable de détecter des tumeurs jusqu’ici indétectables.

Le Field Cycling Imager (FCI), premier et unique en son genre, constitue une avancée majeure par rapport à l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Contrairement à cette dernière, il ne nécessite pas l’utilisation d’agents de contraste intraveineux, ce qui réduit les risques d’effets secondaires, notamment les lésions rénales et les réactions allergiques.

Lors des tests menés sur des patientes atteintes d’un cancer du sein, le FCI a permis de distinguer avec une précision inégalée les tumeurs des tissus sains. Cette avancée pourrait réduire le nombre d’opérations nécessaires après une tumorectomie.

Environ 15 % des femmes doivent actuellement subir une seconde intervention chirurgicale, car les bords de la tumeur ne sont pas entièrement retirés lors de la première opération. Le scanner FCI pourrait permettre une délimitation plus précise, évitant ainsi ces interventions supplémentaires.

Le Dr Lionel Broche, chercheur principal de l’étude et spécialiste en physique biomédicale, souligne : « Nous avons découvert que les images générées par la FCI peuvent caractériser les tumeurs du sein avec plus de précision. Cela signifie qu’elles pourraient améliorer le plan de traitement des patientes en perfectionnant les procédures de biopsie et en réduisant les interventions chirurgicales répétées. L’impact potentiel sur les patientes est donc extraordinaire. »

Une technologie issue d’un héritage scientifique prestigieux

Ce projet novateur s’inscrit dans la tradition d’excellence de l’université d’Aberdeen en matière d’imagerie médicale. Il y a près de 50 ans, cette même université avait déjà marqué l’histoire en mettant au point le premier scanner IRM du corps entier. Le Field Cycling Imager en est une évolution : il permet de moduler l’intensité du champ magnétique durant l’examen, offrant ainsi plusieurs types d’informations sur les tissus en une seule analyse.

Le Dr Gerald Lip, radiologue consultant au NHS Grampian et récemment nommé président de la British Society of Breast Radiology, estime que cette innovation pourrait transformer la prise en charge des patientes : « Nous traitons chaque année entre 400 et 500 femmes atteintes d’un cancer du sein au sein du NHS Grampian. Le potentiel de cette technologie pour réduire la nécessité pour les femmes de revenir pour une opération supplémentaire est énorme, ce qui leur est bénéfique et permet de réduire les temps d’attente et les ressources des salles d’opération. »

Un avenir prometteur

Les résultats obtenus avec le tissu mammaire s’ajoutent à des succès précédents, notamment dans l’identification de lésions cérébrales liées aux AVC. Les chercheurs estiment que les applications cliniques du Field Cycling Imager sont encore loin d’avoir révélé tout leur potentiel.

« Il s’agit d’une innovation vraiment passionnante et comme nous continuons à améliorer la technologie de l’IRM à cyclage rapide, le potentiel des applications cliniques est illimité », conclut le Dr Broche.

Les découvertes de cette étude ont été publiées dans Nature Communications Medicine, renforçant l’espoir que cette nouvelle technologie puisse bientôt révolutionner la manière dont le cancer du sein est diagnostiqué et traité.

L’IA, une nouvelle alliée dans la lutte contre le cancer

Dans plusieurs disciplines, telles que l’imagerie médicale, l’intelligence artificielle fait parfois déjà partie du quotidien. Et de plus en plus, elle s’invite aussi dans la recherche en cancérologie. Avec, à la clé, des diagnostics plus rapides, mais aussi des traitements plus précis et personnalisés.

Joan Somja est pathologiste au CHU de Liège. Toute la journée, elle observe minutieusement des cellules prélevées chez des patients lors de biopsies, et cherche à déterminer si ces dernières sont cancéreuses ou susceptibles de le devenir. Et alors que cette pratique passe depuis longtemps par un microscope, elle se fait aussi désormais par le biais d’un ordinateur assisté par des algorithmes d’intelligence artificielle. L’IA en médecine est actuellement une révolution en marche, s’enthousiasme la praticienne. De nombreux praticiens l’utilisent très souvent, et il s’agit véritablement d’un outil universel.

Impossible ces derniers temps de passer à côté de l’IA, tant ses usages explosent dans tous les corps de métiers. Et pourtant, si cette technologie semble être apparue au milieu des années 2010, elle est en réalité née au milieu des années 1960, avec la création des neurones artificiels. Ces derniers sont inspirés de la capacité de notre cerveau à reconnaître de nouvelles choses à partir de ce qu’il a déjà vu. Une compétence très utile, alors que la quantité de données médicales augmente très rapidement.

Les cellules que l’on observe sont déposées sur des lames, que l’on regarde au microscope à très fort grossissement, dévoile la pathologiste. Pour être exploitées par un algorithme, il faut donc qu’elles soient scannées à très haute résolution. Cela peut facilement atteindre jusqu’à deux gigaoctets de données par lame, et on peut en recevoir plus d’une vingtaine par patient.

Mais pour la scientifique, le jeu en vaut largement la chandelle. Dans le cas du cancer de la prostate, par exemple, avant même que l’on ne regarde les images par nous-mêmes, l’algorithme va guider notre attention vers les zones à risques, explique la Pre Somja. On obtient alors une sorte de carte, avec en rouge les cellules que l’IA estime cancéreuses, en orange les zones pré-cancéreuses, etc. Cela nous fait gagner un temps extrêmement précieux, et cela se traduit par un diagnostic plus rapide pour le patient.

Si ces algorithmes sont si performants, c’est grâce aux dizaines de milliers d’images patiemment accumulées au fil des années, puis classées, stockées dans des bases de données, et finalement décrites en détail par des scientifiques du monde entier. Le principe est simple : une fois qu’ils ont analysé ces milliers d’images, les algorithmes d’IA sont désormais capables d’émettre un diagnostic sur des images qu’ils n’ont jamais vues. En fonction des bases de données qui ont servi à leur entraînement, certains algorithmes peuvent également déterminer certaines caractéristiques liées au cancer, afin de nous aider à déterminer son agressivité par exemple, et d’établir un pronostic, ajoute la clinicienne.

Cette capacité fait actuellement l’objet de nombreuses recherches, en raison de la capacité des algorithmes à déceler des choses invisibles aux yeux des pathologistes. Dans certains cas, l’IA va reconnaître des configurations de cellules qu’elle estime être associées à un moins bon pronostic, sans que l’on en comprenne la raison, révèle la Pre Somja. Cela peut être lié aux interactions entre les cellules, à l’environnement immunitaire… En travaillant sur ces résultats, cela va nous permettre aussi de faire des recherches qui vont améliorer notre compréhension des cancers.

Croiser les données

Spécialiste du cancer du sein, le Pr Christos Sotiriou, Directeur de recherches FNRS et Directeur du laboratoire de recherche en cancérologie Jules Bordet, partage totalement l’enthousiasme de Joan Somja pour l’utilisation de l’IA. Personne ne peut contester la rapidité des IA à établir, à partir d’une simple image de biopsie, la présence ou non d’un cancer, estime-t-il.

Un gain en rapidité, donc, mais également en précision. Il existe jusqu’à cinq types de cancer du sein, qui répondent à des traitements différents, révèle le chercheur. Et même dans le cas des cancers dits triple négatif, qui ont malheureusement un pronostic assez défavorable, il existe cinq sous-types différents, avec une expression génique particulière. Aujourd’hui, ces sous-types ne peuvent être détectés que grâce à l’analyse moléculaire des cellules, ce qui prend du temps. Mais nos recherches sont en train de montrer qu’un algorithme est capable, en analysant simplement une image de biopsie, de déterminer au moins 3 sous-types de cancer triple négatif !

Une découverte importante, qui a des conséquences directes pour les patientes. L’identification de ces sous-types est primordiale, car leur réponse à l’hormonothérapie et à la chimiothérapie est différente, dévoile-t-il. Or, l’analyse d’une image prend une heure quand près de 2 semaines sont nécessaires pour obtenir une signature génique. C’est donc un gain de temps important pour les patientes, et cela permet d’éviter des traitements qui seraient inutiles, avec tous les effets secondaires que cela implique.

Et en recherche, le laboratoire du Pr Sotiriou compte bien utiliser la formidable capacité de l’IA à analyser et combiner des données à la fois visuelles, mais aussi génétiques. Nous travaillons actuellement sur les cancers qui ont métastasé, afin de mieux comprendre ce qui différencie, au niveau moléculaire, les cellules métastasées des cellules de la tumeur primitive, explique-t-il. Nous avons déjà réalisé une étude au niveau de l’expression génique et constaté des différences…

Thérapie par radioligands et radiothérapie sous apnée, plus qu’une mode

La thérapie par radioligands (RLT) et la radiothérapie sous apnée sont deux nouvelles thérapies qui ont fait l’actualité et qui ont le vent en poupe. Mais d’où viennent ces techniques ? Pourquoi en parle-t-on aujourd’hui ? Et surtout, que nous réservent-elles à l’avenir ?

Les réponses des Pr Xavier Geets, Chef de service de radiothérapie oncologique aux Cliniques Universitaires St-Luc (CUSL), et de son confrère, le Pr Renaud Lhommel, Chef de service de médecine nucléaire aux CUSL.

La radiothérapie sous apnée
Abordons d’abord peut-être la plus accessible de ces techniques, la radiothérapie sous apnée.

« Certaines tumeurs bougent et compliquent la radiothérapie. Les tumeurs du poumon, mais aussi du rein ou du foie, sont soumises au mouvement respiratoire. Or, la radiothérapie est une thérapie ciblée : il faut que les rayons arrivent au bon endroit », explique le Pr Xavier Geets.

Les radiothérapeutes avaient pris pour habitude d’irradier une zone plus large que la tumeur pour être certains de ne pas louper la cible. La conséquence ? Davantage de tissus sains sont irradiés, augmentant ainsi la toxicité du traitement. Certains se sont donc demandé : et si le patient ne respirait pas pendant l’irradiation ? « Cela rend la tumeur immobile et permet de limiter la région irradiée. »

Dans la plupart des centres, les traitements sont délivrés lorsque les patients font une inspiration bloquée volontaire. « Cela demande une participation active du patient. Or, ici, aux Cliniques Universitaires Saint-Luc (CUSL), c’est une machine qui induit cette inspiration bloquée. C’est un respirateur – une machine utilisée en anesthésie pour ventiler le patient endormi – qui a l’avantage de mieux réguler la respiration que l’humain. Cela permet de reproduire des apnées de façon stable et répétée d’une fois à l’autre. Et cela permet de tenir sur une plus longue durée sans respirer. »

Cela se fait sans sédation, en appliquant simplement un masque sur le patient, que l’équipe aura entraîné au préalable. « Il suffit de se laisser faire. Cela demande du lâcher-prise, mais c’est une démarche sécurisée puisque les machines sont dédiées à la respiration et permettent de monitorer le patient. »

La technique est employée depuis plusieurs années aux CUSL et a démontré son efficacité pour le cancer du sein. Au-delà, elle ouvre la porte à d’autres applications en radiothérapie, comme le traitement du cancer du poumon, du foie, du rein ou des tumeurs de l’abdomen supérieur.

D’autres techniques existent, comme le tracking, où le faisceau irradiant suit en temps réel la position de la tumeur. Mais ces techniques sont plus complexes, coûtent cher et ne sont pas appropriées pour tous les patients. Or, tous les hôpitaux disposent de ventilateurs mécaniques qui leur permettent d’appliquer cette technique innovante à de nombreux patients. « Si l’on regarde un service de radiothérapie de plus près, on constate que quasiment la moitié des patients viennent pour des tumeurs mobiles. »

La thérapie par radioligands (RLT)
La RLT, en revanche, est plus difficile à comprendre.

« La RLT consiste à faire de la radiothérapie interne vectorisée. Si l’on identifie une cible cellulaire à la surface de cellules cancéreuses et qu’il existe une molécule connue, telle une protéine ou un anticorps spécifique, qui permet d’accéder et de se lier à la cible, il est possible d’ajouter un effet thérapeutique supplémentaire en fixant sur ce vecteur un isotope émetteur de particules bêta (électrons) ou alpha (noyau d’hélium), permettant d’irradier localement la cellule tumorale », explique le Pr Renaud Lhommel.

Il s’agit, plus simplement, d’une thérapie plus ciblée et, dès lors, plus efficace, qui comporte également assez peu d’effets secondaires grâce à un ciblage de plus en plus sélectif des tumeurs disséminées dans l’organisme. « Plusieurs études de phase 2 et de phase 3 démontrent aujourd’hui que la RLT ne présente pas de toxicité plus élevée que les stratégies thérapeutiques actuelles, ce qui pourrait à l’avenir éviter de recourir à des traitements plus délétères pour le patient, comme la chimiothérapie. »

Les effets bénéfiques de ce traitement ont d’abord été démontrés chez les patients qui étaient très loin dans leur maladie. C’est finalement une thérapie nouvelle, puisque des études pionnières concernant la RLT, telles que les études VISION et NETTER-1, n’ont été publiées dans le New England Journal of Medicine, une référence, qu’en 2017 et 2021. Cela a conduit au remboursement d’un médicament pour le cancer de la prostate en avril 2024.

Aujourd’hui, la RLT est utilisée pour traiter les tumeurs neuroendocrines – c’est par là que la thérapie par radioligands a commencé – et le cancer de la prostate métastatique.

Quel avenir pour ces deux technologies ?
« On a prouvé que l’on était capable de traiter des patients à des stades très avancés sans avoir de toxicité supplémentaire grâce à la RLT. Tout doucement, il y a une évolution de la stratégie thérapeutique pour proposer ce type de thérapies plus tôt dans la prise en charge, avant des thérapies plus délétères pour le patient, à l’instar des chimiothérapies », explique le Pr Lhommel.

D’autres cancers pourraient être ciblés par la RLT grâce aux molécules ciblées (HER2, FAPI…), comme le cancer du sein, les fibroblastes associés à certains cancers (tête et cou), ou encore les cancers du côlon, du pancréas ou du poumon. « Je pense que nous allons connaître des avancées significatives avec ce type de thérapies dans les prochaines années », confie le spécialiste.

L’avenir est également tout tracé pour la radiothérapie sous apnée. « L’objectif est de cibler davantage de cancers », explique le Pr Xavier Geets. « Le plus bel avenir de cette technique, c’est la radiothérapie adaptative, une radiothérapie où, à chaque séance, on peut observer l’anatomie du jour. Cela permet d’ajuster le traitement au mieux par rapport aux besoins du patient. C’est une étape clé vers une radiothérapie personnalisée, individualisée. »

Soigner le cancer de l’oeil grâce à une plaque en or radioactive

Il existe une forme rare et méconnue de cancer : le mélanome intraoculaire. Il s’agit d’une tumeur qui grossit dans l’œil. 130 Belges sont diagnostiqués chaque année. Les cliniques Saint-Luc à Bruxelles proposent un traitement unique en Belgique : une plaque radioactive en or qui est implantée dans l’œil durant 4 jours.

RTL info a pu suivre en exclusivité une opération impressionnante : celle du placement d’une plaque radioactive dans l’œil d’un patient atteint d’un mélanome de taille moyenne. « Elle a une forme de cœur, cette tumeur », constate Paulina Bartoszek, chirurgienne spécialisée en oncologie oculaire, après avoir ouvert l’œil du patient de 65 ans. 

L’intervention dure une trentaine de minutes. Et il faut avoir l’estomac bien accroché pour en voir les images. La chirurgienne que nos reporters ont suivi place une plaque radioactive contre la tumeur et l’enlèvera quatre jours plus tard. Un traitement qui présente plusieurs avantages. « Si on veut retirer la tumeur chirurgicalement, il faudrait retirer l’œil, explique la chirurgienne. Si on pratique ce genre d’interventions, c’est pour pouvoir conserver l’œil du patient ».

Le rayonnement radioactif va frapper la tumeur

Le patient sentira une simple gêne peu douloureuse. Les cliniques Saint-Luc possèdent une trentaine de plaques artisanales. Elles sont ré-utilisées et adaptées à chaque nouveau cas. « Elles sont différentes en taille et certaines ont des encoches pour pouvoir bien se mettre près du nerf optique », explique Jean-Marc Denis, physicien médical. 
La plaque est en or. Ce métal fonctionne comme un blindage qui protège les tissus sains. Un physicien médical y colle des grains d’iode. « Cinq grains d’iode 125 qui émettent un rayonnement », poursuit Jean-Marc Denis.

Frappée par les rayons radioactifs, la tumeur va progressivement se dégonfler. Le résultat est contrôlé tous les 6 mois.

Michèle « a fait confiance » et s’est « sentie bien »

Michèle a été opérée en janvier dernier. Sa vue s’était en partie voilée. « Apprendre que l’on a une tumeur, c’est toujours effrayant mais j’ai fait confiance. Je me suis sentie bien du début à la fin« , témoigne Michèle Friedlich, patiente. 

Le risque de mélanome intraoculaire augmente avec l’âge. « Beaucoup de gens ne savent pas qu’un cancer peut apparaître dans l’œil, explique Paulina Bartoszek, chirurgienne spécialisée en oncologie oculaire. Donc, il est important d’attirer l’attention dessus ».

L’opération est une réussite dans 98% des cas. L’œil est totalement cicatrisé au bout de deux ans. 

Il y a de plus en plus de cas de cancers en Belgique: le taux de survie évolue également

Le nombre de cancers est en augmentation en Belgique mais le taux de survie est également plus important.

En 2023, des cas de cancers ont été diagnostiqués chez 78.416 Belges. Il n’y en a jamais eu autant en dix ans, selon des chiffres du Belgian Cancer Registry (BCR), rapporte Het Laatste Nieuws mardi. En revanche, le taux de survie est, lui aussi, en hausse.

Le cancer de la prostate est le plus fréquent. Il y en a eu 12.700 nouveaux en 2022. Il dépasse ainsi le cancer du sein, dont plus de 11.000 cas par an sont découverts. Ensemble, ces deux cancers représentent près d’un tiers de tous les diagnostics, suivis par le cancer du poumon et celui du côlon.  

Les taux de survie ont, pour leur part, considérablement changé. Aujourd’hui, sept patients cancéreux sur dix sont encore en vie cinq ans après leur diagnostic. Il y a dix ans, le maximum était de 60 %. Chez les femmes, les taux avoisinent les 80 %.

Crédits : RTL Info

Augmentation alarmante des cas de cancer de la peau en Belgique: voici pourquoi

77 000 nouveaux cas de cancer de la peau seraient détectés en 2030, selon la Fondation contre le Cancer. C’est le cancer touchant le plus de personnes au monde, mais aussi en Belgique et les chiffres ne cessent de grimper.

Avant ses 75 ans, un Belge sur cinq sera confronté à un cancer de la peau. Ces chiffres viennent de la Fondation contre le Cancer, qui alerte sur le nombre de cas de ce type de cancer, qui ne cesse de grimper.

Environ 40 % de tous les cancers détectés aujourd’hui sont des cancers de la peau, ce qui en fait le type de cancer le plus fréquent dans le monde et en Belgique. 

Selon la Fondation, le nombre de nouveaux cas en Belgique est passé de 11 000 en 2004 à 50 000 en 2024, avec une projection de 77 000 d’ici à 2030. 

Importance de la prévention contre les rayons UV

« Une grande partie des cancers de la peau peut être évitée en se protégeant correctement contre les rayons UV », explique la Fondation dans un communiqué. 

Mais de nombreuses personnes restent mal informées sur les mesures de protection efficaces. La Fondation contre le Cancer affirme que, par rapport à 2021, les Belges sont moins bien informés sur les mesures préventives.

Par exemple, 77 % des Belges savent qu’une seule application de crème solaire par jour ne suffit pas. Ils sont seulement 64 % à savoir qu’il est possible d’attraper un coup de soleil en étant à l’ombre. 

Parmi les personnes les moins bien informées, on trouve « les jeunes et les hommes » et « les plus de 44 ans sont nettement mieux informés que les moins de 35 ans ». 

Comportement face aux coups de soleil

Le taux de coups de soleil chez les adultes et les enfants reste très élevé. En 2023, 77,5 % des jeunes de 16 à 24 ans ont déclaré avoir eu des coups de soleil, dont 27 % des coups de soleil graves, entraînant des cloques, des frissons, de la fièvre et des nausées.

Et en tout, c’est 10 % de la population qui a attrapé un coup de soleil grave. Ces chiffres sont en augmentation par rapport à 2011, où seulement 2 % des Belges souffraient de coups de soleil graves. 

Selon une étude des National Institutes of Health, des instituts nationaux de santé, attraper cinq coups de soleil sévères entre 15 et 20 ans augmente de 80 % le risque de mélanome. 

Une tendance qui n’a pas l’air d’inquiéter les Belges de moins de 44 ans puisque « 1 personne interrogée sur 3 déclare préférer attraper un coup de soleil plutôt que de rentrer de vacances sans avoir bronzé ».

Risques pour les travailleurs en extérieur

Environ 25 % des Belges travaillent à l’extérieur, et parmi eux, un sur trois passe plus de cinq heures par jour au soleil. Ils sont davantage exposés aux rayons UV et ont plus de risques d’attraper un cancer de la peau.

Ils sont 27 % à être gravement brûlés par le soleil. Pourtant, les travailleurs en extérieur ont une moins bonne connaissance des dangers du soleil et des mesures de prévention que le Belge moyen. 

Pour reprendre le même exemple que tout à l’heure, 63 % savent qu’une seule application de crème solaire par jour ne suffit pas. Ils sont aussi 52 % à savoir qu’il est possible d’attraper un coup de soleil en étant à l’ombre. 

Face à l’augmentation préoccupante des cas de cancer de la peau, la Fondation contre le Cancer souligne l’importance de la prévention et du dépistage pour réduire l’incidence de cette maladie. 

Crédits : RTL Info

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