Devenir donneur de cellules souches… idéalement, il faut être un homme de moins de 40 ans!

Publié le 12 janvier 2016 dans News


Greffe de moelle, don de cellules souches ou de sang de cordon, comment s’en sortir ?

« L’appellation greffe de moelle était valable dans les années 80. Aujourd’hui la plupart des greffes ne se font pas avec de la moelle osseuse, mais avec des cellules du sang circulant. On parle alors de greffe de cellules souches. La plupart du temps ces cellules viennent du sang périphérique, et plus rarement de la moelle osseuse ou du sang de cordon. »

Est-il vrai qu’il est difficile de trouver un donneur compatible ?

« Dans les années 80, au début de l’existence du registre des donneurs potentiels de cellules souches, il était fréquent qu’un patient ne trouve de donneur compatible ni dans sa famille ni dans le registre. Il y avait peu de donneurs inscrits au registre des donneurs à cette époque. »

Aujourd’hui les choses ont donc bien changé ?

« En 20 ans, on est passé d’une situation, où le premier donneur venu était sélectionné, quelles que soient les conditions de compatibilité, à une situation où le choix du  meilleur donneur pour le patient est la règle… Aujourd’hui, on sait que huit patients sur dix seront greffés dans l’année, et ce dans des conditions idéales. »

Quelle est la procédure à suivre pour trouver un donneur compatible ?

La première question à  poser est : « avez-vous des frères et sœur ? ». Dans le cas d’une réponse positive, la piste de la fratrie est investiguée. En effet, chaque frère ou sœur a 25 % de chance d’être compatible. Dans le cas de cousins, le pourcentage diminue drastiquement. Lorsque l’on est en présence d’un donneur familial qui n’a que la moitié des caractères génétiques en commun, par exemple, un des deux parents ou un enfant du patient, des résultats quasi similaires à une greffe 100 % compatible sont observés. Grâce entre autres aux traitements immunosuppresseurs. Le médecin déterminera la meilleure solution au sein de l’éventail de possibilités.»

Que penser des « appels au secours » lancés par certaines familles de patients pour trouver un donneur compatible?

« Il faut se mettre à la place des familles. Apprendre qu’un membre de la famille est atteint d’un cancer provoque des réactions fortes et compréhensibles. Les proches veulent faire tout ce qui est possible pour venir en aide à la personne malade. Jusqu’à utiliser toutes les voies de communication pour trouver un donneur potentiel. Mais il faut savoir que cela perturbe considérablement les stratégies de planification mises en place pour recruter des donneurs  dans notre pays. »

Quelle est cette stratégie ?

« Le but n’est pas d’augmenter le nombre de donneurs à l’infini, mais d’avoir un nombre de donneurs proportionnel à la population. Aujourd’hui, 70.000 donneurs potentiels sont inscrits. Par conséquent, nous sommes un des pays qui a le mieux recruté, même à l’échelle internationale. L’objectif est de maintenir l’effectif et focaliser l’effort de recrutement sur des donneurs qui ont la meilleure probabilité d’être un jour appelé. Le profil type : un homme, jeune, idéalement de moins de 40 ans. Nous devons élaborer des stratégies de recrutement intelligentes. »

Quel est donc le problème avec les « appels au secours » ?

« Quand une campagne d’appel au don est lancée par un patient ou sa famille, les donneurs se présentent en masse. En quelques semaines, on remplit l’ensemble du plan de l’année. Or, nous ne voulons pas augmenter le volume de donneurs. Ce que nous  voulons,  ce sont des donneurs qui aient les caractéristiques d’âge et de sexe adaptés aux besoins. Quand bien même le nombre de donneurs doublerait, il n’est pas certain que nous  sauverions plus de gens. Il faut améliorer la diversité et non le nombre. »

Peut-on tout de même s’inscrire volontairement ?

« Bien sûr. On prend les inscriptions, mais les gens sont recontactés  au fur et à mesure de nos besoins. Les donneurs potentiels doivent continuer à s’inscrire, mais ils doivent aussi accepter de ne pas recevoir tout de suite une demande de prélèvement. Il faut aussi comprendre qu’il n’est pas possible de devenir donneur pour le patient de son choix. Les critères de compatibilité sont très stricts et la chance de tomber juste est quasi nulle. »

Il est donc probable de recevoir un don de cellules souches qui provient d’un donneur étranger ?

«  La Belgique n’est pas une île. La grande majorité des patients belges reçoivent un don de cellules d’un donneur étranger et inversement. De nos jours, nous avons des moyens simples et fiables de faire voyager les greffons. Les méthodes de prélèvement sont standardisées. Par, exemple nous identifions un donneur aux Etats-Unis, on y envoie un coursier qui ramène les cellules souches dans une enceinte frigorifique. »

Les greffons sont donc de sacrés voyageurs ?

« Chaque jour dans le monde, 20 greffons traversent une frontière. Dans la banque de sang de cordon de Liège, on a déjà envoyé des greffons sur tous les continents. Si aujourd’hui nous devions envoyer un greffon de sang de cordon à New York  endéans  les trois jours, nous serions tout à fait capables de le faire. »

Et le Télévie dans tout ça ?

« Dans les années 90, le Télévie a financé des projets qui ont développé le registre de donneur. Celui-ci  a atteint aujourd’hui le nombre incroyable de 70.000 donneurs potentiels. Le Télévie a contribué massivement à la création et au développement de la banque de sang de cordon francophone. Sans le Télévie, on aurait 5 ans de retard. »


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