CANCER ET CORONAVIRUS : DES RECHERCHES ETROITEMENT LIEES

Publié le 18 février 2021 dans Moments Forts, News


La technique de l’ARN messager, commune aux vaccins Moderna et Pfizer BioN Tech, existe depuis plusieurs décennies. Pour faire simple : en créant, puis en injectant un acide ribonucléique (ARN) synthétique adapté, on envoie un message génétique à notre corps. Ce message va le pousser à produire un type bien précis de protéines contre lesquelles, en réaction, notre organisme va stimuler la formation d’anticorps, devenant ainsi sa propre fabrique de vaccin.

Deux chercheurs turcs, Ugur Sahin et son épouse Ozlem Türeci, ont eu l’idée d’appliquer cette technique dans la recherche d’un vaccin contre le cancer, en créant en 2008, en Allemagne, leur propre start-up, BioN Tech. Ces recherches sont toujours en cours aujourd’hui.

Transparence chinoise

En janvier 2020, quelques semaines seulement après l’apparition de la pandémie de SARS-Cov 2, les autorités scientifiques chinoises publient dans le monde entier le séquençage du virus apparu à Wuhan. Ugur Sahin a alors l’idée de se servir de l’ARN de ce virus pour créer un vaccin contre la Covid-19. Il s’associe très vite avec l’Américain Pfizer, et à coups de milliards de dollars et d’essais cliniques de grande envergure, le vaccin à ARN messager peut être mis au point en un temps record.

C’est donc grâce aux progrès dans la connaissance de l’utilisation de l’ARN messager, étudié au départ dans la recherche contre le cancer, qu’on a pu aller aussi vite. Pour Jacques Boniver, membre de la commission scientifique du Télévie, « si la pandémie de coronavirus était apparue dix ans plus tôt, on aurait pris au moins 5 ans pour mettre au point un vaccin ».

A quand un vaccin contre le cancer ?

Mais où en est-on dans la recherche d’un vaccin contre le cancer ? Pour le Professeur Boniver, « il faudra encore attendre 2 à 5 ans, mais la technique de l’ARN messager donne un formidable espoir d’un vaccin thérapeutique adapté à chaque type de cancer». A commencer par le mélanome, le cancer du sein et le cancer du poumon, qui sont parmi les premiers ciblés lors des essais cliniques. L’avantage de cette technique est énorme. Comme le souligne Ugur Sahin, « grâce à l’ARN messager, l’organisme sera en mesure de détruire directement les cellules cancéreuses, contrairement à la chimiothérapie, qui s’attaque aussi aux cellules saines ». Une véritable révolution ! 

Premiers tests encourageants

Chez BioN Tech, plusieurs tests ont déjà eu lieu. La publication de leurs résultats donne des signes encourageants, mais ils sont encore trop peu significatifs. Pour Jacques Boniver, «une chose est sûre : les essais cliniques lancés à grande échelle pour le SARS-COV 2 et les premières vaccinations le prouvent : la technique de l’ARN messager est bien tolérée par l’organisme ». C’est déjà une bonne nouvelle. Les résultats obtenus contre le coronavirus devraient donc permettre à plus long terme de progresser aussi dans la recherche contre le cancer, même si celui-ci reste beaucoup plus complexe qu’un simple virus. « Pour vous donner une comparaison, conclut Jacques Boniver, le virus, c’est une méchante bête qui essaie de pénétrer dans votre corps. Le cancer, c’est tout un troupeau ». La prudence reste donc de mise.


Dominique Henrotte


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