Du maquillage et des soins pour redonner confiance aux malades

Publié le 28 février 2018 dans News


De clients à patients

Diplômée à 18 ans, Cédrine se lance comme esthéticienne par passion. D’abord indépendante dans son propre cabinet, elle travaille ensuite, en parallèle, pendant plusieurs années, en parfumerie. Mais un jour, le déclic : « je me suis rappelée que ma grand-mère, qui avait toujours été très coquette, avait beaucoup changé physiquement lors des derniers mois de sa vie. Touchée par le cancer, elle n’avait plus eu l’envie de s’occuper d’elle« .
Cédrine réalise qu’il y a de gros progrès à faire au niveau de l’accompagnement psychologique des malades et que l’esthétique peut jouer un rôle ! Elle décide de se reformer et intègre en 2009, la première école francophone qui offrait un diplôme reconnu d’esthéticienne sociale. « J’ai voulu donner plus de sens à ma vie professionnelle en m’occupant de patients plutôt que de clients« .

Des corps meurtris – Soigner la confiance en soi

En plus d’affronter la maladie, les personnes atteintes d’un cancer doivent aussi affronter les changements physiques qui en découlent. Les chimiothérapies, par exemple, provoquent bien souvent la perte des cheveux, des cils et des sourcils. « Se découvrir chauve est un véritable choc. Aucun patient n’est préparé à tel changement », explique Cédrine. Le choix d’une perruque ou d’un foulard peut donc se révéler très réconfortant. « J’aide les malades à choisir les couleurs ou les modèles qui les mettront le plus en valeur. Je leur donne aussi des conseils sur les produits à utiliser. Pendant les traitements, les ongles et la peau sont en effet souvent fragilisés, on ne peut pas employer n’importe quoi ». Cédrine peut même apprendre aux patients à masquer leurs cicatrices grâce au maquillage…
Si les médecins abordent le cancer sous l’angle purement médical, l’esthéticienne sociale apporte incontestablement un support moral aux malades. Ces soins de bien-être sont loin d’être superficiels, « ils aident les patients à conserver une image positive d’eux même. Evidemment, les femmes sont les plus réceptives mais je remarque que de plus en plus d’hommes apprécient mes services à l’hôpital. Eux aussi, ont besoin de se sentir valorisés physiquement pendant cette période difficile ».
Vers une meilleure reconnaissance
Les esthéticiennes sociales comme Cédrine, n’interviennent pas qu’à l’hôpital. Elles peuvent également apporter des soins en prison, dans des centres pour grands brûlés, pour femmes battues ou encore en maisons de repos. « Au Canada et en France, la profession est très répandue et ce depuis une vingtaine d’années. Malheureusement, chez nous, elle encore peu reconnue », regrette Cédrine.
« Après ma formation, j’ai d’abord dû travailler bénévolement durant 2 ans ! Finalement, le grand hôpital de Charleroi s’est rendu compte de l’intérêt de ma présence et m’a engagé à mi-temps ». Aujourd’hui, Cédrine est même intégrée aux processus de soins dès la première chimiothérapie. « Souvent, je ne touche pas les patients lors de cette première rencontre. Il faut d’abord créer une confiance mutuelle. Echanger, discuter, ça aide déjà à décompresser« .
Mais il y a encore du chemin à parcourir. Agée de 40 ans et maman de 3 enfants, Cédrine Gorreux a créé sa propre ASBL, « le temps d’un instant » et se bat pour récolter un maximum de fonds afin de garantir la gratuité de ses soins aux patients et offrir au métier d’esthéticienne sociale, les moyens qu’il mérite.

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